La défaite (1-3) dimanche face a l'Angola a scellé le sort du sélectionneur franco-polonais du Sénégal, Henry Kasperczak. Il savait au coup de sifflet final de l'arbitre algérien Djamel Haïmoudi (bien noté par deux contrôleurs) qu'il venait de diriger pour la dernière fois les Lions de la Teranga, terrassés par les Palancas Negras d'Angola. Tamale (Ghana) : De notre envoyé spécial Une consœur sénégalaise proche de la délégation de son pays a lancé à la cantonade : « Voilà ce dont était capable Kasperczak. A force de jouer avec le feu, il s'est brûlé et le Sénégal avec. Ses choix des hommes se sont tous avérés faux. Au lieu de donner la chance aux jeunes, il a préféré maintenir sa confiance aux anciens qui n'apportent plus rien. » Ce commentaire ne laissait plus aucun doute sur l'avenir immédiat de l'ancien international polonais qui a parcouru l'Afrique au cours des 15 dernières années. En homme intelligent, Henry Kasperczak a vite pris sa décision. Quelques instants après son arrivée a l'hôtel, il a sollicité le président de la fédération sénégalaise pour une entrevue (brève) au cours de laquelle il lui a annoncé sa décision de « se retirer de la barre technique pour tenter de provoquer le choc psychologique lors du prochain rendez-vous face à l'Afrique du Sud, jeudi à Kumasi. La démission a été acceptée sur-le-champ ». Elle a soulagé le coach comme il l'a souligné hier au cours de la conférence de presse qu'il a animée en présence d'une centaine de confrères sénégalais qui n'ont, pour la circonstance, pas écrasé une seule larme. Commentant sa décision, le désormais ex-sélectionneur du Sénégal souligne : « Nous étions venus à la CAN 2008 avec de grands espoirs de succès. A la veille du troisième match de poule, nous sommes plus proches de l'élimination que de la qualification aux quarts de finale. A partir de ce constat, je considère que j'ai échoué dans ma mission et de ce fait je laisserai la place à quelqu'un d'autre », sans jamais oublier de mettre en relief « le professionnalisme et l'engagement des joueurs qui ont tout donné sans jamais tricher ». Le coaching de l'ultime sortie des Sénégalais devant les Sud-Africains (demain à Kumasi) sera assuré par Liamine N'diaye. Dans la matinée, Henry Kasperczak s'est exprimé sur ses motivations à votre serviteur qui partage le même hôtel que le Sénégal et la Tunisie : « Dans la vie d'un coach, il y a des choses qu'on ne maîtrisera jamais, même si on prend toutes les précautions. La preuve, après la première mi-temps, le Sénégal était plus proche des quarts de finale que l'Angola. Tout a basculé après la pause sans qu'on sache avec précision pourquoi. A l'arrivée, on encaisse trois buts qui nous assomment et nous mettent hors course. » Comme tout entraîneur qui respecte ses joueurs, il s'est interdit d'adresser la moindre critique à l'endroit de ceux qu'il a dirigés pour la dernière fois dimanche. « Un entraîneur doit toujours assumer les échecs de son équipe. Le football, c'est comme un ballon. Il roule, malheureusement, parfois dans le mauvais sens. » C'est le message qu'il a tenté de livrer aux journalistes sénégalais qui l'attendaient de pied ferme après la déconvenue devant l'Angola. Kasperczak leur lancera : « Il est inutile de me pousser vers le clash avec les joueurs. J'assume seul cet échec, comme je l'ai dit au président et surtout aux joueurs. Je mesure parfaitement l'immense déception des supporters sénégalais et c'est la raison pour laquelle, en accord avec mes principes d'homme et d'entraîneur, je quitte l'équipe. » Cet épisode plonge les Lions de la Teranga dans l'inconnu à quatre mois des retrouvailles avec l'Algérie (31 mai à Dakar) dans le cadre des éliminatoires de la CAN et Coupe du monde 2010. Cette échéance est trop proche pour ouvrir un nouveau chantier, comme l'a soufflé un dirigeant de la FSF (fédération). Continuer avec la génération Hadji Diouf n'est pas une certitude de redressement. Repartir avec des joueurs semble trop risqué pour les responsables sénégalais qui ne s'imaginent pas un seul instant que leur équipe pointera aux abonnés absents en Angola et en Afrique du Sud. L'Algérie ne pouvait rêver de meilleure situation pour se glisser dans le groupe restreint d'équipes qui auront le privilège de participer aux deux grandes fêtes du football en 2010. En attendant, Henry Kasperczak a levé le voile sur ses projets immédiats : « Retrouver ma femme que je n'ai pas revue depuis des semaines. » Son voyage à la tête du Sénégal ne dépassera pas la lointaine station de Tamale.