La majorité des intervenants a fait preuve d'un sens élevé de responsabilité. Les représentants des six délégations des wilayas (Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès, Alger - Staouéli et Aïn Bénian - et une délégation des parents des martyrs) ont pris part, ce week-end, à Chemini, au conclave ordinaire de l'interwilayas dont l'ordre du jour était axé sur trois points : informations, actions et commission de réflexion. Intervenant dans une conjoncture marquée par une vague d'arrestations de délégués et de manifestants ainsi que l'interdiction de toute action pacifique sur le terrain, le regroupement a eu lieu sur fond d'appréhensions et d'incertitudes qui ont pesé sur le climat durant la préparation de ce grand rendez-vous qui, en fin de compte, s'est avéré un pari gagné pour tout le mouvement. L'installation au niveau de chaque wilaya d'une commission chargée de «réfléchir sur les perspectives d'avant et d'après 30 mai» afin «de recentrer le débat sur la plate-forme d'El-Kseur suite aux gesticulations et tentatives de circuiter le mouvement et le repositionnement de certaines personnalités politiques» est, a priori, la décision la plus importante à retenir des travaux de ce conclave aux côtés d'une série d'actions pacifiques sur le terrain. Les conclusions des travaux de ces commissions seront finalisées au prochain conclave interwilayas. La situation ayant prévalu et les événements survenus après le 12 mars, date du discours du Président Bouteflika, n'étaient pas en reste puisqu'ils se sont taillé la part du lion dans les débats qui se sont déroulés dans un climat très serein durant lequel la majorité des intervenants a fait preuve d'un sens élevé de responsabilité. Cette rencontre, qui a mobilisé les citoyens de la daïra de Chemini et des localités limitrophes, se voulait, pour les délégués de cette structure, une preuve de leur «refus de recours à la clandestinité» et de leur réaffirmation de «la poursuite de la lutte pacifique jusqu'à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ Nath-Irathen seule à même de constituer une solution de sortie de crise», peut-on lire dans la déclaration rendue publique à la fin des travaux. Dans le même document les «conclavistes» dénoncent «la répression aveugle faite d'enlèvements, de perquisitions illégales, d'expéditions punitives et d'interdictions violentes de toutes manifestations pacifiques», qu'ils considèrent comme «une tentative d'étêter le mouvement» qui dénote «une panique du pouvoir après le rejet des élections... dont la tenue ne fera que perpétuer la crise». Tout en exigeant «la libération des détenus arbitrairement arrêtés et la restitution des sièges de permanences occupées», les «conclavistes» rappellent que «le mouvement citoyen qui bouclera dans quelques jours une année de lutte demeure une force incontournable...et toutes les initiatives doivent aller dans le sens d'une solution réelle et définitive». Par ailleurs, plusieurs actions locales ont été arrêtées pour les jours à venir. On notera, pour le 15 avril, une action à Bouira de soutiens aux détenus le jour de leur procès, action nationale de recueillement devant la tombe du premier martyr du mouvement Guermah Massinissa et le baptême du Rond-Point à Aïn Bénian au nom de ce martyr, la journée du 19 avril sera marquée par un recueillement devant les tombes de tous les martyrs du mouvement qui sera appuyé par des marches zonales (devant les tribunaux). Une grève générale appuyée par des marches synchronisées aux chefs-lieux de wilayas feront l'essentiel de la journée de 20 avril, date du 22e anniversaire du Printemps amazigh. En conclusion, une action de solidarité au profit des collégiens d'Amizour sera organisée le 22 avril. Notons, enfin, que toutes les localités ayant connu des troubles ces derniers temps ont toutes retrouvé le calme qui demeure toutefois précaire eu égard aux dépassements des corps de sécurité qui sont colportés çà et là sur fond de rumeurs d'une probable libération de tous les détenus à l'occasion du 20 avril prochain.