La proposition de la CADC consistant en la mise en place d'une délégation qui irait voir le Chef du gouvernement sur les préalables a soulevé bien des désaccords. Les travaux du conclave de l'Interwilayas des délégués dits dialoguistes, tenu les 25 et 26 décembre au lycée des Martyrs de la commune de Boudjellil (Béjaïa) ne se sont pas achevés sur un happy end à l'américaine. Après un retard de 6 heures dans leur enclenchement, de longs palabres, entrecoupés de retraits, de concertations de plusieurs heures, l'Interwilayas de ce week-end a abouti à deux décisions : la tenue d'un autre conclave extraordinaire lundi, à Boudjellil toujours, et l'installation d'une commission au niveau de la CICB de Béjaïa. Elle entamera son travail aujourd'hui pour s'enquérir sur le terrain si réellement les instructions du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia sont suivies d'application au niveau des administrations concernées (justice, Fonction publique...). Ce qui pourrait être interprété par certains sinon comme un fiasco, du moins un semi-échec. La cause ? La mésentente sur la réponse à donner au dernier communiqué d'Ahmed Ouyahia. Le niet de la CICB Un point inscrit à l'ordre du jour de la rencontre et qui a donné du fil à retordre aux délégués des différentes délégations. Lors des travaux de cette rencontre, la coordination de Béjaïa s'est farouchement opposée à une proposition émise par un délégué de la CADC de Tizi Ouzou, au nom de sa coordination, consistant en la mise en place d'une délégation restreinte pour aller discuter avec Ouyahia des deux incidences : renvoi des indus élus, qu'ils ont auparavant écartés, par le mouvement, confirmer la réelle prise en charge des autres incidences sur lesquelles Ouyahia s'est engagé tout en signant conjointement un protocole d'accord dans lequel sera arrêtée une date pour l'application des engagement. Il serait ensuite question de la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Une proposition qui a gagné pourtant l'adhésion de quatre autres coordinations (Bouira, Boumerdès, Sétif et Tipasa) et qui est soutenue par un forcing monstre de ses partisans. Leur argument est que cette démarche permettrait au mouvement de tester la bonne foi du gouvernement et de gagner du temps. Ceux qui sont contre cette idée, les délégués de Béjaïa et à un degré moindre ceux d'Alger estiment, pour leur part, que la bonne volonté du gouvernement à respecter ses engagements peut se vérifier sur le terrain, c'est-à-dire vérifier concrètement si les instructions du Chef du gouvernement sont appliquées. En outre, ils ne comprenaient pas cet empressement à aller coûte que coûte à la rencontre d'Ouyahia. Aussi, ils ont demandé un peu plus de temps pour se décider. Pour forcer la décision ou exprimer son mécontentement, la coordination de Tizi Ouzou a même quitté la salle pour ne la regagner qu'après l'insistance des autres coordinations. Mais au début des travaux déjà, aux environs de 4 heures du matin, un délégué de Takerboust a énergiquement pris la parole pour désavouer Hakim Kacimi, un délégué de sa coordination qui est pour la rencontre avec Ouyahia. Pour le délégué de Takerboust, il est hors de question de rencontrer Ouyahia. Suite à quoi, toute la coordination de Bouira s'est retirée pour se concerter. Un brouhaha indescriptible s'en est suivi. Ce retrait a imposé de facto la suspension des travaux pendant plus de deux heures. Un moment mis à profit par Ali Gherbi, qui a pris part au conclave, pour quitter définitivement les lieux. Ceci dit, la coordination de Béjaïa n'est pas contre le principe de la rencontre avec le Chef du gouvernement. Ce qui veut dire que si les travaux de la commission mise en place pour vérifier l'application des instructions d'Ouyahia sont concluants, la coordination de Béjaïa fera certainement partie de cette délégation. La réponse d'Ouyahia en débat Ceci dit, la réponse d'Ouyahia aux exigences du mouvement est jugée favorable par nombre de délégués des différentes délégations, mais la méfiance à l'égard du pouvoir est toujours de mise. “Le mouvement citoyen a arraché une victoire historique après un combat de plus de 30 mois. Nous accueillons favorablement le communiqué du Chef du gouvernement où un engagement est pris pour la prise en charge effective des incidences de Raffour, a soutenu Hakim Kacimi de Bouira. Idem pour le représentant de Sétif qui a dit du communiqué qu'“il est porteur d'espoir”. Mais le doute quant à la bonne foi du pouvoir à satisfaire les revendications est toujours de mise. Pour ce qui est du rejet de la présidentielle, quoique la question ait été survolée, rien de concret n'a été décidé. Une proposition pour mettre en place une commission de réflexion à l'échelle de l'Interwilayas pour préparer le document du rejet de l'élection présidentielle a été soumise. Sans plus. Côté nombre, ont assisté à ce conclave des coordinations de six wilayas : Tizi Ouzou (33), Béjaïa (21), Bouira (15), Boumerdès (1) et Alger (1). Ce qu'il faut savoir, c'est que certaines communes ont eu des délégués au conclave de Boudjellil et d'autres dans celui d'Akbou. De part et d'autre, on soutient qu'il y a des délégués qui ne représentent que leur personne. C'est pour dire que l'arithmétique n'est pas toujours une preuve de représentativité. Ceci dit, avant le début des deux conclaves, une délégation composée de délégués de trois coordinations communales, El-Kseur, Amizour et Seddouk, s'est rendue chez les réfractaires au dialogue pour les convaincre de rejoindre Boudjellil, où un “repas de fraternité” leur est préparé et ce, pour “sceller la réconciliation et la fraternité”. Intraitable, la mission de “bons offices” a capoté. Et Ali Gherbi qui s'est quand même présenté au conclave de Boudjellil l'a quitté à peine une heure après son début. A. C.