«Continuer à oeuvrer sérieusement et avec rigueur pour la sauvegarde de la chanson algérienne afin de la hisser au rang universel.» Il est évident qu'on ne peut se satisfaire du pur pragmatisme d'un système de valeurs fondé sur la réussite puisqu'on peut aussi bien réussir dans le mal que dans le bien, il reste que ce n'est pas en se réfugiant dans la quête d'idéaux transcendants à la mode platonicienne, aussi inoffensifs qu'inefficaces, que l'on pourra échapper à la conception professionnelle de l'art. Il faut donner à la valeur de la réussite le crédit de pousser, à ne pas seulement se payer de mots, mais à aller jusqu'à l'action, à rendre effectives, nos pensées, nos croyances ou nos espérances. La cérémonie de remise des prix aux jeunes chanteurs ayant participé à l'émission Alhane oua chabab, Le Retour de l'école, a été organisée, jeudi, au siège de l'Entreprise nationale de la télévision algérienne (Entv). La cérémonie qui s'est déroulée en présence du ministre de la Communication, M.Abderrachid Boukerzaza, de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, et du directeur général de l'Entv, M.Hamraoui Habib Chawki, était une occasion pour l'ensemble des candidats d'exprimer leur gratitude envers l'école, qui leur a permis de monter sur scène en compagnie d'un vrai orchestre et face à un vrai public. Ils ont tous affirmé «continuer à oeuvrer sérieusement et avec rigueur pour la sauvegarde de la chanson algérienne afin de la hisser au rang universel et la faire connaître dans le monde entier». Le jeune artiste Abdallah Kourd, natif de Sedrata (Souk Ahras), qui a remporté le Premier prix du concours, grâce au vote du public, par un score de 57,38%, a gagné un appartement aux environs d'Alger ainsi qu'une voiture. Sa rivale finaliste, l'artiste à la voix prometteuse, Radja Meziane, en provenance de Tlemcen, qui a échoué de justesse dans cette émission durant la soirée de la finale du 31 décembre 2007, avec un score de 42,62% des voix du public, a gagné, pour sa part, une voiture et 1 million de dinars. Les autres candidats n'ont pas été oubliés, car eux aussi ont reçu des chèques d'un montant considérable ainsi qu'un diplôme en reconnaissance de participation, selon les organisateurs. S'exprimant à cette occasion, M.Hamraoui s'est félicité de «la réussite» de la première édition d'Alhane oua chabab, Le Retour de l'école, indiquant «avoir constaté une jeunesse attachée au patrimoine culturel et intellectuel de son pays et ouverte aux autres cultures, sans aucun complexe». Mme Toumi a, quant à elle, salué ce genre d'émissions destinées à la jeunesse, indiquant que «ce concours dément, un tant soit peu, certaines idées qui avancent que la jeunesse algérienne est plongée dans les fléaux sociaux, comme, a-t-elle cité, le phénomène de l'émigration clandestine "harraga" et le terrorisme». De son côté, M.Boukerzaza, après avoir félicité les 20 candidats du concours, a tenu à souligner que «l'émission en question a réussi à renouer l'art avec la famille», précisant qu'«il s'agit-là d'une réconciliation qui mérite d'être protégée et poursuivie». Pour rappel, la première édition d'Alhane oua chabab, Le Retour de l'école a vu, lors des premières sélections qui se sont déroulées durant les mois d'août et septembre de l'année écoulée, la participation de 8000 candidats des quatre coins du pays parmi lesquels 20 chanceux ont réussi à décrocher une place au sein de l'école. Concernant la deuxième édition de l'émission, dont les inscriptions ont déjà été entamées, «les castings se dérouleront durant le mois d'avril prochain à travers l'ensemble des wilayas», a-t-on indiqué auprès des organisateurs. La réussite, l'efficacité, le profitable, l'intérêt, la performance n'étaient que valeurs relatives liées au monde subalterne de l'art laborieux. Et pour qui donnerait de la valeur à la gratuité, au sens de désintéressement, il serait sans doute difficile de ne pas sentir poindre le regret d'un monde sans culture. A l'inverse, il n'est donc pas étonnant qu'une société fondée sur la production dans le travail et la consommation intéressée de ses fruits porte en elle pour valeur la notion de réussite. Il n'en reste pas moins qu'il est maladroit de comparer culture de la gratuité et culture du sacrifice.