Les Algériens semblent avoir définitivement tourné le dos aux formations politiques. FLN, RND, MSP, FNA, FFS, RCD et PT... A mettre dans le même panier. Tous donnent l'impression de se regarder le nombril. En plus de cela, de forts soupçons pèsent sur de nombreux candidats. Le bruit qui court? Certains d'entre eux font de la politique, se servent de leurs partis afin d'assouvir des intérêts personnels. Ce sont des rumeurs qui sont colportées par la rue. La vox populi de cette Algérie profonde. De ces chaumières dont la voix est souveraine. Les abstentionnistes constituent désormais la majorité silencieuse en Algérie. Un réservoir électoral extrêmement convoité. Que font les hommes politiques pour tenter de l'apprivoiser? Des discours, des promesses. Des lendemains qui chantent se font entendre. Une lumière éclatante se dessine. Rien n'y fait. Le citoyen algérien veut du concret. Des paroles, il en a assez bu et entendu. Cela ne fait pas nourrir son homme. Alors, il compte utiliser cette arme redoutable qui fait trembler les candidats. L'abstention. Pour faire entendre cette révolte contenue. Ce divorce consommé. Deux échéances électorales ont sonné le glas de la rupture entre les électeurs et la classe politique. 17 mai 2007, à l'occasion des élections législatives, 65% d'Algériens en âge de voter ont boudé les urnes. Le palais Zighoud-Youcef est très convoité. L'assurance d'une vie en rose pour cinq ans y est garantie. Une sorte de cocon où l'on peut aussi vendre son âme et piétiner ses principes. On peut mettre aussi de solides étriers à ses pieds. Ce qui peut largement expliquer l'engouement particulier et la guerre sans merci pour un strapontin au sein de l'Assemblée populaire nationale. Les partis politiques sont submergés par des candidatures intéressées. Voire malhonnêtes. Il faut faire le tri. Comment débusquer les tricheurs? Certains d'entre eux iront même jusqu'à proposer des sommes colossales pour figurer en tête de liste. 1 milliard de centimes! Mme Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, a eu le courage de le dénoncer publiquement. Comme elle l'a fait pour le nomadisme politique. Ce qui caractérise ces pseudo-militants qui changent de parti comme ils pourraient changer de chemise. Le scénario a été pratiquement le même pour les élections mixtes APC-APW. Mais qu'est-ce qui fait courir tous ces candidats? Sont-ils aussi pressés de rendre service aux collectivités locales, à l'Etat, à la nation? Au bout du compte, après cinq ans de gestion, on fait le bilan d'APC endettées. Des élus se retrouvent en prison. Quelque 400, selon les chiffres officiels. Cela ne décourage nullement les futurs candidats. Ils sont légion. Les partis sont submergés. Les candidats malheureux expriment leur mécontentement. Ils accusent les directions nationales de leurs partis (FLN, RND, FNA...) de favoritisme. La cooptation est de notoriété publique en Algérie. Les compétences sont remises au placard. Elles ne sont pas indispensables pour occuper de hautes fonctions ni d'ailleurs pour présider aux destinées de la cité. L'électeur quant à lui, attend de pied ferme. Le 29 novembre 2007, jour des élections locales, les partis en lice reçoivent leur seconde gifle. Moins retentissante que la précédente. 57% des électeurs ont exprimé leur désintérêt de la chose politique. Ce dernier rendez-vous électoral revêtait pourtant un caractère particulier. Celui de la gestion de la cité. Ceux qui sont en charge des affaires du pays renvoient en fait l'image de responsables qui confondent bien publics et biens privés. La méfiance s'est durablement installée. Le divorce entre les Algériens et leurs responsables politiques est consommé.