Une mission s'achève, une autre commence. L'Aadl a passé le relais aux entreprises. Les phases retrait-dépôt, notification, recours, appels d'offres, soumissions, ouverture des plis, présélection, sélection, marchés, avances forfaitaires, ordres de service et toute la paperasse y afférente ont été bouclées. Pour les 20.000 logements du programme 2001, toutes ces étapes ont été franchies sans trop d'encombres et en un temps record. A l'Aadl, l'activité est maintenant orientée sur les prochains programmes (2002-2003). Un redéploiement et une restructuration sont en cours pour mieux absorber la charge de travail qui ne cesse d'augmenter au rythme des programmes. Aujourd'hui, pour le programme 2001, «la balle est dans le camp» des entreprises. C'est la réalisation des logements, autrement dit l'état des chantiers, qui intéresse l'opinion publique. Les regards sont braqués sur les sites. Certains citoyens n'hésitent pas à faire le déplacement devant les clôtures de chantiers pour voir où en sont les travaux. Nous avons fait de même. Résultats? Les chantiers mis en place et tels qu'ils se présentent n'inspirent pas grand-chose au profane. Tout se passe dans les entrailles de la terre. Fouilles, fondations, terrassements, rien qui ne soit en hauteur pour être vu par le passant. D'où les inquiétudes des uns, les questionnements des autres, pour toute réponse, seule la rumeur... Pour en avoir le coeur net, sur le terrain, nous avons rencontré les dirigeants des entreprises étrangères et nationales avec lesquels nous nous sommes entretenus. En gros, tous nous ont assurés «être dans les délais» et sont plus que sûrs de «commencer à livrer la première tranche de logements dès le 1er trimestre 2003», tel que prévu sur les contrats. En effet, et si le délai de 18 mois a été arrêté et approuvé pour la réalisation de l'ensemble des 20.000 logements, ceux-ci seront livrés en 3 tranches dont la première est fixée au début de l'année prochaine. En clair, les premières clés seront remises aux bénéficiaires dès février ou mars prochain. Selon les mêmes prévisions, les 20.000 logements seront totalement occupés à la fin de l'été 2003. Mais revenons à nos entreprises et les chantiers dont ils ont la responsabilité. Le responsable de la célèbre entreprise chinoise qui a réalisé l'hôtel Sheraton du Club des Pins en un temps record, puis qui s'est distinguée à Oran avec la réalisation d'un hôpital au point que les travailleurs chinois se font applaudir dans les rues de la capitale de l'Ouest, est tellement sûr des capacités de son entreprise et de sa technologie qu'une nette impression de livraison avant terme se dégage de l'entretien. «Nous sommes en avance sur le planning dans certains sites», nous apprend M.Zheng Xuexuan, directeur général de la société chinoise Csec, qui a en charge 11.403 logements répartis sur 5 wilayas. Pourtant, et à titre d'exemple, un certain flottement a pu être constaté sur le site de Bab Ezzouar qui compte quelque 2.100 logements. L'installation du chantier a traîné quelque peu. Tout en reconnaissant le fait, M.Zheng nous affirme qu'aucune incidence notable n'aura lieu et que la «vitesse de croisière» sera vite atteinte. Pour lui cela s'explique par la nature du sol marécageux de la région et la nécessité d'avoir recours aux pilotis, mais aussi par l'attente de l'arrivée, par bateaux en provenance de Chine du matériel et des hommes. «Ils viennent d'accoster après avoir été en rade depuis le 6 avril dernier. Maintenant, tout ira très vite», nous explique-t-il. Même son de cloche auprès de M.Yan Chunhao, l'assistant du président de Cezy, la deuxième société chinoise retenue pour le programme 2001 avec 704 logements à réaliser sur deux sites (400 au Gué de Constantine et 304 à Koléa), qui abonde dans le même sens, mais ajoute avoir rencontré quelques difficultés dans la délivrance des visas algériens à Pékin. Devant le nombre de dossiers introduits en même temps (des milliers pour les travailleurs des deux sociétés chinoises) et la nouvelle procédure affectant les passeports chinois, les services de notre représentation diplomatique se sont, en effet, retrouvés face à un volume de travail hors du commun. Ceci expliquant cela. Tout cela rentrera bientôt dans l'ordre. L'unique entreprise algérienne privée qui participe à ce programme qui existe depuis 1963 et qui a sur sa «carte de visite» la réalisation de 80% du logement social de Ténès dans la wilaya de Chlef. Pour M.Nacer Ouibrahim, gérant de la Sarl ABC, qui doit réaliser 406 logements aux Eucalyptus dans la wilaya d'Alger, il n'y a aucun doute, les délais seront respectés. «Nous sommes en conformité avec les délais. Nous serons au rendez-vous», confie-t-il. Dans notre entretien, nous décelons cette volonté de s'affirmer face à la rude concurrence étrangère notamment chinoise. Nul doute que c'est là un fort stimulant et un challenge surtout que les prétentions de cette société sur les futurs programmes sont réelles. Casaforma est une entreprise brésilienne installée en Espagne. Son directeur pour l'Algérie, M.Eduardo Prada, n'est nullement inquiet des 15 jours de retard qu'accuse le chantier des 672 logements qui lui a été confié à Souidania (W.d'Alger). «Nous relèverons le défi et ces quelques journées seront vite rattrapées par la suite», justifie-t-il. M.Lakhdar Rekhroukh , P-DG de Cosider, est d'une sérénité imperturbable. Devant réaliser 4.300 logements à travers 4 wilayas, il marque même une certaine fierté par rapport à la concurrence. «Aux Bananiers (1.600 logements) 8 blocs sur les 28 sont déjà coulés. A Oran (1.000 logements) les fouilles sont avancées. Dans tous les cas les premières réceptions seront effectives au bout de 12 mois», tient-il à affirmer. Là aussi le challenge est une réalité. Cosider, entreprise phare algérienne, n'a pas du tout l'intention de se laisser distancer par la concurrence fût-ce celle des Chinois. Ceux-ci font, il est vrai, aux yeux de toutes les entreprises engagées dans la location-vente, office de «lièvre».Tous se mettent à leur rythme avec le secret espoir de faire même mieux. Que demande le peuple?