Les réels enjeux de l'Algérie se situent au plan économique. Tant de défis qui nous attendent. Tant de revendications à satisfaire aussi. Encore un faux débat. Plutôt une violation de la Constitution. La polémique sur l'évangélisation en Algérie qui refait surface depuis quelque temps tend à faire oublier aux Algériens les vrais problèmes de la société, mais surtout les piliers de la loi fondamentale du pays. La loi fondamentale du pays est claire là-dessus et stipule dans son article 4: «L'Islam est la religion de l'Etat. La République garantit à chacun le respect de ses opinions et de ses croyances et le libre exercice des cultes.» L'on s'interroge dès lors sur le pourquoi de telles sorties fracassantes qui, faut-il le dire, ne font pas les gorges chaudes ailleurs. Au Moyen-Orient, à titre d'exemple, que cela soit en Syrie, au Liban ou en Egypte, qui sont des pays arabes à dominance musulmane, l'exercice du culte a depuis toujours été respecté. Les minorités religieuses ont toujours harmonieusement cohabité. En Algérie, dans le préambule de la Constitution amendée de 1996, il est mentionné clairement que «le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer». Toute la question relève donc d'une simple maîtrise et/ou d'une réglementation de la pratique du culte et de sa prise en charge par les pouvoirs publics. Les «donneurs de leçons» qui continuent à semer la zizanie, contre vents et marées, n'ignorent pourtant pas cela et préfèrent emprunter les raccourcis politiques de la chose, omettant le fait que l'exercice des cultes est garanti par la loi. Il est donc clair que le débat ne peut être qu'une diversion destinée à faire oublier les vrais problèmes de l'heure ou, alors, une question usitée par des cercles inféodés aux islamo-conservateurs dans le but de se refaire une virginité. Ce n'est un secret pour personne, les islamistes ont sérieusement perdu du terrain en Algérie. Au lendemain des dernières élections législatives et locales, les islamistes ont subi un sérieux revers, face à une montée inattendue des «centristes», à l'instar du Front national algérien de Moussa Touati. Le retour sur le devant de la scène de la question de l'évangélisation en Algérie, si elle était réelle d'abord, n'est pas fortuit. Les islamo-conservateurs, en l'absence de nouveaux slogans fiables ou encore à court d'arguments, ne lésineront sur aucun moyen pour refaire surface et sortir la tête de l'eau. Mais dans le fond, comme sur la forme, n'est-ce pas une remise en cause des libertés individuelles consacrées par la loi fondamentale du pays? Il y a bel et bien tentative de semer un climat d'intolérance en Algérie. Et, pourtant, la tradition de tolérance est bien ancrée dans la société algérienne. N'a-t-elle pas accueilli en son sein juifs et chrétiens lorsque ces derniers étaient persécutés sous d'autres cieux? Ne s'agit-il pas aussi d'une tentative d'instaurer un climat de méfiance à même de susciter des ressentiments entre différentes croyances. Sommes-nous réellement intolérants? C'est une question, parmi plusieurs autres, qui méritent d'être posées. Il serait donc judicieux pour ceux qui veulent jeter de l'huile sur le feu en Algérie de retenir les leçons de ce qui s'est passé ailleurs et de ne pas se laisser prendre dans le filet des persécutions. Le dialogue des civilisations ne doit pas être, en fin de compte, une simple mise en scène. En toile de fond, les réels enjeux de l'Algérie se situent au plan économique. Tant de défis nous attendent. Tant de revendications au plan social à satisfaire aussi.