Le sit-in prévu aujourd'hui devant le siège de la chefferie du gouvernement sera le point culminant de cette contestation. La grève de l'Intersyndicale n'a pas tenu toutes ses promesses au niveau de la capitale. Après deux jours de grève, seuls le Comité des lycées d'Algérie (CLA) et le Conseil des enseignants du supérieur (Cnes), ont fait preuve d'une grande capacité de mobilisation. En effet, les lycées ont été pratiquement paralysés hier, suite à l'appel à la grève de trois jours lancé par l'Intersyndicale dont fait partie le CLA. Le lycée Emir Abdelkader à Bab El Oued donnait l'apparence d'un lieu déserté. Quelques potaches attendaient devant le portail de cet établissement, considéré comme le fief du CLA, où enseignait jusqu'à une date récente feu Redouane Osmane, meneur de cette organisation syndicale. Les lycéens rencontrés sur les lieux nous ont fait savoir que «quelques enseignants n'ont pas fait grève». Selon un gréviste, les professeurs qui n'ont pas répondu à l'appel de l'Intersyndicale sont des «vacataires qui craignent des mesures répressives de la part de l'administration». Même son de cloche au niveau du lycée Okba. Là aussi, une grappe d'élèves attendait devant le portail. «On n'est pas rentrés chez nous car nous avons un cours. Le professeur n'a pas fait grève», nous dit-on. C'est quasiment tous les lycées de la capitale qui offrent cette image de lieux désertés. L'autre secteur qui a répondu favorablement à l'appel de l'Intersyndicale n'est autre que l'enseignement supérieur. Un calme plat a régné hier, pour le deuxième jour consécutif, à l'université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar. Les enseignants universitaires ont largement suivi cet énième débrayage. Précisons cependant, que les cours n'ont pas été suspendus complètement, puisque certains enseignants ont travaillé hier et avant-hier. «Les non-grévistes ne sont pas convaincus des thèses du Cnes», nous a fait savoir un enseignant au département de chimie. Le campus des sciences sociales de Bouzaréah n'a pas été épargné par la grève et la majorité de ses étudiants ont préféré rentrer chez eux. La faculté des sciences politiques et de l'information de Ben Aknoun, a rejoint hier la troupe des grévistes après avoir «raté» le premier jour de ce mouvement de trois jours. Il est à souligner que les secteurs des finances, de la santé et de l'administration, n'ont pas suivi cette grève de l'Intersyndicale regroupant 7 syndicats de différents domaines d'activité. L'hôpital Mustapha baignait hier dans une ambiance des plus ordinaires, avons-nous constaté sur place. Certains employés nous ont indiqué que «nous ne savons même pas qu'il y a une grève». Le Syndicat algérien des paramédicaux a appelé pour sa part, à une grève les 17, 18, et 19 de ce mois. Ce débrayage, précisera ce syndicat, a été décidé pour faire valoir les revendications de ce corps par rapport à la grille des salaires, le régime indemnitaire et le statut particulier. Il y a lieu de noter, par ailleurs, que les syndicats autonomes et leurs tutelles se livraient une guerre des chiffres des plus singulières. A titre indicatif, le ministère de l'Education fait état d'un taux de suivi ne dépassant pas les 7% alors que le Snapest parle d'une grève qui a touché plus de 90% des enseignants. Des chiffres, faut-il le dire, que l'on peut aisément gonfler ou réduire, selon le camp dont on fait partie. Indiquons enfin que l'Intersyndicale a prévu aujourd'hui, troisième et dernier jour de grève, un sit-in devant le siège de la chefferie du gouvernement.