Si Persépolis a soulevé tant de passion depuis sa sortie en salle en 2007, c'est qu'il raconte l'histoire d'une révolution, celle de la République islamique d'Iran. Téhéran, 1979. Les manifestations massives du peuple iranien contre le Shah d'Iran sont monnaie courante depuis plusieurs mois déjà. Bon nombre d'intellectuels, de militants gauchistes et d'autres opposants au régime du Shah sont portés d'espoirs par la vague de contestation populaire qui ébranle la monarchie constitutionnelle autoritaire. Marjane, elle, à 10 ans, assiste, exaltée, à une révolution censée apporter des jours meilleurs sur l'Iran. Tirée de la populaire bande dessinée du même nom, le film Persépolis aura marqué les écrans de plusieurs pays du monde en 2007. Grand gagnant du prix du jury au dernier Festival de Cannes, il s'est aussi attiré les foudres du gouvernement iranien qui a sévèrement dénoncé sa diffusion sur les grands écrans européens et interdit sa diffusion à l'intérieur de ses frontières, accusant le film de véhiculer une image mensongère de l'Iran. Si Persépolis a soulevé tant de passion depuis sa sortie en salle en 2007, c'est qu'il raconte l'histoire d'une révolution, celle de la République islamique d'Iran, à travers les yeux d'une petite fille (et plus tard adolescente) à l'esprit rebelle dans un pays étouffé par les restrictions et l'absurdité de l'extrémisme. Mieux, Persépolis est le récit autobiographique de Marjane Satrapi, à la fois héroïne du film, réalisatrice (le film est une coréalisation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud) et écrivaine des bandes dessinées originales. C'est d'ailleurs grâce à l'incroyable coup de crayon de l'auteure, à la fois très épuré et très poétique, que Persépolis réussit à garder son caractère universel. Car Persépolis est un film d'animation en noir et blanc qui n'a rien à voir avec les récentes productions hollywoodiennes comme Shrek ou L'ère de glace. Impossible d'identifier la ville de Téhéran, pas non plus de palmiers ou de quelque forme d'exotisme qui pourraient empêcher le spectateur, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, de s'identifier à l'histoire. Que les contours délicats de ce que pourraient être n'importe quelle ville, n'importe quelle famille, n'importe quelle petite fille. L'humour est mordant, parfois même grinçant. L'histoire, elle, est d'une lucidité et d'une franchise saisissantes, tranchant énormément avec le caractère insouciant de la bande dessinée. Malgré sa critique, plutôt décapante de la société iranienne, Persépolis, qui représentera la France aux prochains Oscars et auquel les actrices Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni ont prêté leur voix, ne tombe jamais dans les stéréotypes qui occupent l'imaginaire des Occidentaux sur les sociétés orientales et musulmanes. Au contraire, Marjane Satrapi se fait un devoir de séparer la dictature de la République islamique du peuple iranien. La partie la plus stéréotypée et exotique du film est d'ailleurs, ironiquement, celle où Marjane, à l'adolescence, s'exile en Autriche pour quelques années et est initiée, du même coup, au mouvement punk underground viennois et au chant tyrolien. Une révolution islamique sur fond sonore d'Iron Maden. Voici ce que présente le film de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Une famille iranienne dont les membres, tous plus attachants les uns que les autres, tentent de survire dans un pays de plus en plus hostile à la frivolité et à la liberté.