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Hossein Abdi Abyaneh (Ambassadeur d'Iran à Alger) : « Un moment inoubliable pour moi »
Publié dans El Watan le 11 - 02 - 2009

Un témoignage inédit d'un des participants à la révolution iranienne. Avec ses compagnons de l'université dans la capitale Téhéran, l'actuel ambassadeur à Alger de la République islamique d'Iran a pris part à ce qui est considéré comme l'un des événements majeurs du XXe siècle.
Comment avez-vous vécu à Téhéran cette époque du déclenchement de la révolution iranienne ?
En 1979, j'avais 26 ans. Nous vivions à Téhéran un climat économique qui n'était pas mauvais, mais sur le plan politique, c'était terrible sous le Shah. L'Iran produisait 6 millions de barils/jour de pétrole et nous n'étions à l'époque que 20 millions d'habitants. Mais il y avait une forte présence technique et politique des Occidentaux et surtout des Américains. Cette présence choquait beaucoup les Iraniens. Officiellement, l'Iran du Shah était un pays indépendant, mais dans la réalité, il ne l'était pas. Par exemple, il y avait à Téhéran l'Organisme du planning et du budget, dont le siège était un bâtiment de neuf étages : les Iraniens ne pouvaient accéder qu'au sixième étage, le reste de l'immeuble était réservé aux Américains ! Ce sont eux qui dirigeaient le budget iranien ; ils avaient en main toute l'économie du pays. En outre, plus de 95% de l'armement de l'armée (cinquième armée au monde) était américain, sans parler de leur mainmise sur le pétrole. Le Shah et ses proches possédaient tout et ne laissaient rien pour quiconque. Je me rappelle de cette question au Shah de la journaliste italienne Oriana Fallaci : « Des rumeurs disent que vous avez transféré pour votre fonds personnel 100 milliards de dollars. » Le Shah répond : « C'est faux, je n'ai que 53 milliards de dollars pour moi ! » C'était une époque noire avec des moments pénibles avec la Savak (services secrets du Shah) qui était partout, qui torturait, qui assassinait les familles des combattants et des oulémas. Dans ces moments difficiles, nous pensions toujours à notre unique guide, l'imam Khomeyni.
Justement, que représentait pour vous Khomeyni à l'époque ?
C'était un homme exceptionnel. Une personnalité au charisme incroyable. En 1963, quand Khomeyni a prononcé un discours contre la capitulation face aux Etats-Unis, le régime du Shah s'est mis en colère. Réunis, les oulémas ont déclaré l'imam Khomeyni comme ayatollah et comme « marjae », référence religieuse, pour le protéger, car le Shah voulait l'assassiner. L'imam Khomeyni a été ensuite obligé de s'exiler d'abord en Turquie puis en Irak, à Nadjef. Son exil durera 15 ans. De Nadjef, il continuait à orienter la population à travers des discours qui parvenaient secrètement en Iran sur cassettes audio ou par lettres. Durant toute l'année, chez nous chiites, nous avons des commémorations. Lors de ces cérémonies, les religieux prononcent un discours. Sous le Shah, ils disaient toujours quelque chose sur l'imam Khomeyni en exil, sans le nommer directement à cause de la violente répression du régime de l'époque : alors, au milieu ou au début du discours, ils parlent du « fils qui vit en exil ». Même ceux parmi les plus jeunes, qui ne connaissaient pas l'imam, se posaient la question : « De qui parlent les imams ? » C'est ainsi que la figure et le message de Khomeyni ont été diffusés et connus auprès des gens malgré l'interdiction imposée par les services du Shah. En 1963, alors que le Shah avait emprisonné Khomeyni avant de le relâcher quelques mois plus tard et forcé à l'exil, nous avions tenté d'aller avec mon père à la ville de Qom pour saluer l'imam Khomeyni, mais quelqu'un a tiré sur notre bus, le chauffeur a failli faire un accident. L'atmosphère était très tendue. C'était un homme avec une vision qui allait très loin. Il disait : « Le jour où les Etats-Unis applaudiront l'Iran, ce sera la fin de la révolution ! »
Revenons à Téhéran, en 1978-1979. Vous avez pris part aux événements. Que gardez-vous comme souvenirs de cette période ?
En janvier 1978, le Shah a indirectement insulté, dans un discours, l'imam Khomeyni. Les forces de l'ordre ont ensuite ouvert le feu sur des manifestants qui étaient descendus dans la rue dans la ville de Qom pour dénoncer les paroles du Shah. Il y a eu des morts et à chaque troisième, septième et quarantième jours de commémoration des victimes, les affrontements reprenaient cycliquement à travers plusieurs villes. En octobre 1978, l'imam Khomeyni a quitté l'Irak et voulait se rendre au Koweït, mais ce pays lui a refusé l'entrée. Il a donc profité de l'absence de visa entre l'Iran et la France pour y rester trois mois et de là-bas, à Neauphle-le-Château, il continuait à guider les révolutionnaires. Le Shah changeait un gouvernement après l'autre, mais sans apaiser la colère du peuple. L'imam Khomeyni a conditionné son retour en Iran par le départ du Shah. Le 7 janvier 1979, des ingénieurs des forces aériennes se déclarent du côté de la révolution. C'est un coup dur pour le régime. Les journalistes de la télévision et de la radio entrent en grève et diffusent des émissions en faveur de l'imam. Le 16 janvier, le Shah finit par quitter l'Iran, les Américains n'ayant trouvé aucun moyen pour le garder au pouvoir. Les Iraniens ont fêté son départ en trouant leurs billets de banque pour effacer la figure du Shah ! Le 10 février, les chefs de l'armée tentent un coup d'Etat avec l'aide des Américains. Avec certains amis, nous nous sommes regroupés autour de la maison de Khomeyni près de la place Baharestan. On a écouté à 13h à la radio l'imam ordonnant le non-respect du couvre-feu – fixé à 16h – imposé par l'armée. Avec les moyens qu'on avait, banderoles, haut-parleurs, etc., on faisait circuler le mot d'ordre : « Il faut briser le couvre-feu ! ». A 15h30, les rues étaient noires de monde. C'était un moment inoubliable pour moi. Les généraux, qui voulaient faire sortir les chars dans les rues de la capitale, ont renoncé à leur initiative. Personne ne pouvait investir les rues face à la mobilisation de la population. Ils avaient reculé et publié ensuite un communiqué dans lequel l'armée se déclarait neutre. C'est un réel bouleversement de la donne politique. Les gens ont commencé à embrasser les soldats et à leur offrir des fleurs. Des instants intenses, mémorables. Ensuite, il y a eu des groupes de la Savak et de la Garde impériale qui voulaient occuper le siège de la radio et de la télévision qui étaient tombé aux mains des révolutionnaires. J'étais avec des amis à bord d'une jeep et nous nous sommes dirigés vers le bâtiment menacé avec d'autres groupes. En arrivant sur place, tout le monde a brandi les fusils provenant des diverses casernes attaquées par la population à Téhéran et on a bloqué les rues avec des centaines de véhicules. Une demi-heure a suffi pour que les assaillants abandonnent leur projet et que la radio a émis une émission : « C'est la voix de la révolution que vous entendez ! » Le lendemain 11 février, la victoire de la révolution a été annoncée. Mais le plus important est que tout de suite après, les Américains et les Occidentaux ont commencé à préparer « l'opposition » au Kurdistan, à Téhéran même avec l'aide de l'ancienne Savak.


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