Les dirigeants s'aperçoivent que leur club est finalement comme tous les autres avec ses bons et ses mauvais supporters. Deux clubs, une même crise. Alors que le derby de la capitale s'annonce (il aura lieu demain à Koléa), les deux protagonistes appelés à animer cette rencontre, l'USM Alger et le MC Alger se débattent dans une crise qui risque, dans le cas où elle venait à perdurer, de les entraîner vers une issue aux conséquences désastreuses. On comprend mieux celle du Mouloudia dont les résultats actuels sont catastrophiques et se succèdent à une allure vertigineuse. L'élimination en Coupe d'Algérie, jeudi dernier, face au modeste OS Ouenza a été la goutte qui a fait déborder un vase plus que rempli. Ce qui se passe, par contre, à l'USM Alger semble trouver une origine dans la réaction d'une frange de supporters qui s'en est pris au président du club Saïd Allik après la défaite des Rouge et Noir en Coupe arabe face aux Egyptiens d'El Djeïch. L'un des membres du comité directeur du club algérois, Réda Abdouche, qui est intervenu vendredi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio, a estimé que la frange en question était composée de gens manipulés juste pour nuire au président et l'amener à se démettre. Réda Abdouche n'a fait qu'imiter ses collègues du MCA qui disent que les supporters qui les contestent, jusqu'à les injurier, sont l'objet de manipulation. Il y a, peut-être, du vrai dans ces affirmations, mais nous n'avons pas vu à travers le monde des supporters qui applaudissent les dirigeants de leur club lorsque celui-ci est dans une mauvaise passe. L'USMA n'a rien d'un club particulier. Il est Algérien et a ses bons et mauvais supporters. Et les bons ne peuvent pas, constamment, se taire s'ils sentent que quelque chose va mal dans leur équipe. La défaite face à El Djeïch a fait mal aux gens de l'USMA, principalement à Saïd Allik qui ne s'attendait pas à une telle déconvenue. Elle a fait mal aux joueurs et à leur entraîneur qui croyaient dur comme fer à une victoire sans problème. Mais elle a aussi, amèrement, été accueillie par les supporters, déjà déçus de voir que leur équipe ne jouera pas cette saison le titre de champion d'Algérie. Il y en a eu, alors, quelques-uns à dépasser le fil rouge qui sépare le respect d'autrui de l'invective et de l'insulte gratuite. Et Allik comme les dirigeants du club se sont aperçus que l'USMA avait parmi ses supporters des énergumènes qui n'ont rien à voir avec les valeurs du sport. Des énergumènes comme on en trouve dans tous les autres clubs du pays, notamment au Mouloudia d'Alger qui, lui, est un habitué des diatribes de ses exaltés. En somme, l'USMA n'est pas indemne du phénomène de la «voyoucratie» et ce qu'elle subit est absolument naturel. Dans le monde surréaliste du football algérien s'entend. Nul ne contestera le fait que Saïd Allik a énormément apporté à ce club. Nous sommes assez bien placés pour dire que l'USMA est, pratiquement, sortie du néant sous sa présidence avec une série de distinctions comme elle n'en avait jamais connues. Mais ceux qui connaissaient l'USMA des vaches maigres et l'ont vu redynamisée, ont pris de l'âge et ne viennent peut-être plus au stade. Aujourd'hui, les supporters de l'USMA sont, majoritairement, des gens qui n'ont connu que l'équipe qui remportait des titres et parmi eux il est des «excités» pour qui la violence et le mauvais comportement sont des «atouts» à mettre à exécution. Ce n'est pas pour rien que le phénomène de la violence dans les stades a gagné en importance chez nous toutes ces dernières années. Allik, qui a très mal accusé le coup, devrait méditer sur ce qui était arrivé à Djillali Selmi lorsque celui-ci présidait le CRB. C'était bien lui qui avait permis au Chabab de remporter deux titres de champion de suite au début des années 2000, lui l'ancien international et ancienne grande star du club. Malgré cette résurrection du club on l'avait prié de quitter la scène et on avait tout fait pour l'y amener même avec les propos les plus acerbes.