Les performances enregistrées n'ont pas influé sur les prix. Le secteur de l'agriculture en matière de production et d'absorption du chômage a relevé le défi en réalisant des performances remarquables. Ces dernières ont atteint, en 2001, un taux de croissance de 18,70% contre environ 5% en 1999 ainsi que la création de 171.000 postes d'emploi permanents, à fin 2001 et presque la moitié, en l'occurrence 47.790 postes, au premier trimestre 2002. Ce succès revient à la politique de Barkat, ministre du secteur qui a su, avec ses collaborateurs et en s'appuyant sur les orientations contenues dans le programme du Président de la République, donner un nouvel élan à ce secteur porteur de richesses, mais qui a été longtemps délaissé. Les responsables de l'agriculture ont adopté, cette fois, une stratégie qui s'intègre dans un espace économique national en mutation et qui répond le mieux aux besoins à travers une meilleure sécurité alimentaire des Algériens et les nourrir dans des conditions économiques acceptables. Le diagnostic relatif au secteur de l'agriculture a montré l'échec des politiques adoptées auparavant, qui n'ont pu agir sur les contraintes structurelles qui le figent, et ainsi le faire émerger d'une dépendance alimentaire insoutenable. Pour cela, l'Etat était contraint de réserver annuellement une enveloppe de 3 milliards de dollars pour l'importation des produits alimentaires et agricoles dont 1,5 milliard de dollars pour l'acquisition de produits du terroir ( blé dur, légumes secs, lait...) et 0,7 milliard de dollars pour l'achat de produits tels que café, thé et épices. Les études du Conseil national économique et social (Cnes) qui appuient ce constat relèvent les limites de la production nationale en matière de couverture des disponibilités alimentaires qui atteignent un taux de 29% pour les céréales, 28% pour les légumes secs, 0% pour les huiles et graisses, les sucres... Pour leur part, les économistes qui ont procédé à l'analyse du secteur, ont soulevé deux contraintes: le manque de moyens d'une agriculture administrée et la confusion qui entoure la nature de la propriété foncière sans que cette opacité soit confinée au seul secteur public (terres ârchs, terres de parcours, terres melk...). La crise agricole est donc confirmée, les contraintes qui touchent le secteur réduisent la portée des politiques appliquées. Placé à la tête du ministère en janvier 2000, le Dr Saïd Barkat, animé d'une bonne volonté, lance, six mois plus tard, le Plan national de développement agricole (Pnda) qui a pour objectif, entre autres, d'assurer une meilleure utilisation des potentialités naturelles, financières et humaines, d'intensifier la production agricole dans les zones jouissant d'avantages comparativement avérés, de promouvoir l'emploi, d'étendre la surface agricole et d'améliorer les revenus des agriculteurs. Un travail d'arrache-pied qui n'est pas, finalement, évident vu l'état de dégradation qui prévaut dans le secteur. Pourtant, une année après la mise en oeuvre de ce nouveau plan de relance, des améliorations sont constatées. L'exode rural a diminué, des terres ont été réhabilitées, des méthodes d'irrigation nouvelles sont apparues, notamment le goutte-à-goutte, mieux encore la production a augmenté. Ce constat a été même relevé par des étrangers qui ont mentionné: «La réussite de l'agriculture algérienne, secteur en pleine décrépitude depuis près de quarante ans, est réelle, mais souvent ignorée, du moins à l'étranger.» Cela dit, le travail est loin d'être achevé, vu la conjoncture actuelle que compte accomplir convenablement l'Algérie en l'occurrence son accord d'association avec l'Union européenne et sa future adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, les performances qui ont été enregistrées en matière de production agricole n'ont pas influé sur les prix des fruits et légumes qui flambent toujours. Le consommateur, cependant, reste insatisfait et refuse de subir les conséquences de ce dérèglement constant qui se répercute directement sur sa bourse, sachant qu'actuellement les pommes de terre dans le commerce de détail atteignent les 50 DA/kg. Les responsables du secteur de l'agriculture déclinent toute responsabilité étant donné, argumentent-ils, que «c'est un problème de régulation et de contrôle», et cela relève des autres secteurs du commerce, expliquent-ils.