L'ex-président, Chaouch Teyara, sort grandi de cette décision puisque c'est lui maintenant qui a les cartes en main. Drôle de situation dans laquelle se trouve la Fédération algérienne d'athlétisme. Ce jeudi s'est tenue au complexe du Grand-Bleu de Tipasa, l'assemblée générale ordinaire de cette instance. Il était question de présenter les bilans moral et financier. Démarche tout à fait banale pour une association sportive qui répond, ainsi, aux dispositions de la loi 90-31 sur les associations. Le problème est que, pour la première fois dans l'histoire du mouvement sportif national, une Fédération s'est retrouvée avec un bilan financier refusé. Et refusé non pas par l'assemblée générale, mais par le commissaire aux comptes qui s'est interdit de parapher ce bilan du fait que cette Fédération était dans l'illégalité. Du moins, le Bureau fédéral et le président qui la dirigent. M. le commissaire aux comptes a fait savoir à tous ces gens qu'il ne saurait certifier le bilan de 2007 alors que celui de 2006 n'a pas été présenté en assemblée générale. Rappel des faits: La Fédération algérienne d'athlétisme avait, l'année dernière, un président, Toufik Chaouch Teyara, et un Bureau fédéral élus. Quand l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports s'est mis à «dégommer» les directions de certaines Fédérations sportives, il avait ciblé celle de l'athlétisme. En un écrit ministériel, Chaouch Teyara et son Bureau fédéral furent, effectivement, «dégommés» pour des raisons qui étaient loin d'être objectives. Mais Chaouch Teyara ne s'était pas laissé faire et s'était battu de toute son âme pour défendre son honneur. C'est que l'intéressé en avait entendu des vertes et des pas mûres à son sujet. Il y avait de quoi salir quelqu'un alors que l'intéressé n'avait jamais cessé d'affirmer qu'il fallait qu'il aille en assemblée générale pour démontrer que tout ce qu'on disait sur lui n'était que mensonge. Chaouch Teyara avait, également, pris ses précautions en déléguant un huissier de justice au siège de la Fédération pour attester qu'on avait procédé au changement de la serrure de son bureau. A partir de là, il se lavait les mains de tout ce qui pouvait arriver par la suite en matière de gestion de cette instance. «Je voulais me prémunir contre toute tentative qui aurait cherché à me discréditer sur le plan de la gestion, d'autant que dans mon bureau il y avait des documents importants» nous a-t-il dit. Il avait aussi mis au courant la Fédération internationale, l'Iaaf, laquelle, très rapidement, avait fait savoir qu'elle suspendait la Fédération algérienne tant que Chaouch Teyara n'était pas réhabilité. Le ministère n'avait plus alors qu'à mettre de côté le président qui avait été élu et à se soumettre aux instructions de l'Iaaf. La suite fut que Chaouch Teyara, blessé et dégoûté, n'a pas voulu se représenter et ceux qui ont été élus n'ont pas jugé utile de faire appel à lui pour la présentation de son bilan et pour l'importante passation de consignes. On se retrouve donc avec une Fédération sans bilan financier approuvé ce qui risque de lui couper les vivres de la subvention de l'Etat puisqu'elle a jusqu'au 31 mars prochain pour faire parapher son bilan financier. Chaouch Teyara a tous les atouts en main aujourd'hui. Acceptera-t-il d'aller en assemblée générale pour présenter ses bilans de 2006 après tout le mal qui lui a été fait surtout sur le plan moral? Pas sûr et ce qui s'est passé ce jeudi peut être considéré comme une sorte de victoire pour lui. «Mais je refuse le terme de revanche, nous a-t-il déclaré. Ce qu'on m'a fait jusqu'à chercher à salir ma famille, je ne pourrai jamais l'oublier. J'étais venu pour aider l'athlétisme à s'en sortir et je me suis retrouvé comme un malfrat à qui tout était reproché. Aujourd'hui avec tout ce qui vient de se passer, la preuve est qu'il y a bien une justice immanente.»