Dès leur arrivée au port d'Alger, les harragas ont été soigneusement pris en charge par les éléments de la Protection civile. Trente-deux harragas ont été interceptés hier matin vers 06h30 par des unités des gardes-côtes dépendant du groupement territorial de la wilaya de Chlef. C'est à une distance de cinq miles au large du port de Ténès et après une poursuite de quatre heures que les gardes-côtes ont pu intercepter ces candidats à l'émigration clandestine, âgés entre 19 et 35 ans, dont 27 sont originaires de Chlef et cinq de Mostaganem. Ces «candidats à la mort» ont accosté hier au port d'Alger. Selon le lieutenant-colonel du groupement territorial de la wilaya d'Alger, Deffairi Slimane, c'est sur la base d'informations fournies par les familles de ces candidats à l'émigration clandestine que les unités du groupement ont été mises en état d'alerte maximum surveillant ainsi tous les mouvements en mer. «Cette opération nous a obligés à déployer même un avion de reconnaissance» a affirmé le représentant de la Marine. Les 32 harragas, qui comptaient rejoindre l'Espagne, ont été ramenés sur la terre ferme pour être soignés par le médecin de la Protection civile avant d'être présentés devant le procureur de la République. «Ils ont fait face à la mer avec trois embarcations dont deux sont tombées en panne en haute mer», a ajouté M.Deffairi. Hier, une impression de désolation se dessinait sur les visages des présents. «Cette épreuve de courage est une fierté pour notre jeunesse, si seulement ils avaient utilisé ou canalisé leur détermination dans le bon sens ou pour la bonne cause», dira un membre de la cellule de communication au sein des Forces navales. Leur retour sur la terre ferme n'a pas été une sinécure. Ils étaient dans un état précaire. Ils ne tenaient pas sur leurs jambes. «C'est très dur de passer cinq jours en mer avec les moyens de fortune» a admis Samir, 27 ans. Comment vous vous êtes procuré ces embarcations? «On a cotisé 100.000DA chacun pour les acquérir», fut sa réponse. Pour se nourrir, ces jeunes ont pris avec eux des dattes et du lait. «Ce qui nous a poussé à défier la mer, c'est bien sûr la mal-vie, le chômage et la hogra», révèle Abdelkader, 35 ans marié. Et votre épouse, demande une journaliste? «Elle vit avec ma mère en attendant mon retour». Sur un autre registre, le lieutenant-colonel Deffairi révèle que les gardes-côtes algériens ont intercepté quelque 300 harragas dont 103 en fin de semaine passée dans sept opérations. Ils ont intercepté 140 embarcations en 2007. Les dents de la mer ont eu raison de 94 personnes l'an dernier. 54 corps restent encore non identifiés. Maintenant qu'ils sont entre les mains de la justice, ils risquent six mois à cinq ans de prison et une amende allant de 10.000DA jusqu'à 50.000DA. Une histoire tragique de ces jeunes en quête de bonheur et de travail. Un rêve, celui de trouver l'amour et de fonder une famille, impossible à réaliser dans leur propre pays. Un destin tragique de ce rêve qui ne verra pas le jour.