La voie ferrée qui date du XIXe siècle n'a rien à avoir avec le heurt. Beaucoup d'interrogations restent en suspens au sujet du télescopage de trains au niveau du tunnel d'Ammal à Lakhdaria. Selon les spécialistes, le risque de catastrophe écologique demeure. Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, invité de rédaction de la Radio nationale, a tenté, hier, d'apporter certains éclaircissements sur cette triste affaire. «Pour moi, et selon les premiers rapports de nos experts, il n'y pas de raisons techniques à l'origine de l'incident. C'est une erreur d'aiguillage», a insisté le ministre des Transports. Il privilégie l'erreur humaine en attendant que la commission d'enquête fasse la lumière sur les causes réelles, les circonstances et les conditions de cet accident. Pour lui, la voie ferrée qui date du XIXe siècle n'a rien à avoir avec le heurt. «Ce genre d'accidents ne doit pas arriver, surtout avec le système de cantonnement des trains qui est géré par la signalisation» regrette M.Maghlaoui. Bien que dotées d'un système de sécurité, les citernes de carburants n'ont pas résisté à des conditions extrêmes. Une dizaine de déflagrations a eu lieu entre jeudi et vendredi, selon des témoignages. Un volume de 750m3, entre gazoil et 5 autres carburants et essence, dégage encore des fumées denses à partir du tunnel. Comment le ministère des Transports, la Sntf plus précisément, gère-t-il l'après-accident? «Pour rétablir la ligne Alger-Constantine, l'opération doit passer par plusieurs phases. La phase des secours, la pénétration à l'intérieur du tunnel pour dégager les wagons calcinés et enfin le diagnostic», a-t-il affirmé. Dans le même sillage, la Sntf a préparé une longueur nécessaire pour le rétablissement de la voie ferrée. «Bordj Bou Arréridj est alimentée actuellement à partir de Constantine et de Skikda», rassure le ministre. En ce qui concerne l'expertise du tunnel de Ammal, «la Sntf préfère se faire accompagner par une société française», a indiqué M.Maghlaoui. L'accident aurait-il pu être évité si on avait mis en place les règles prudentielles et de sécurité? Est-ce que les règles du trafic n'incombent qu'aux pouvoirs publics? «Non. Les règles de circulation ferroviaire sont très précises. Non, il n'y a pas d'erreur de réglementation mais il y a défaillance humaine», rejette catégoriquement l'invité de la rédaction. Pour ce qui est des projets d'avenir, le ministre des Transports a évoqué la ligne d'horizon allant jusqu'à l'échéance 2025. L'objectif étant d'atteindre d'ici 2010, 80 millions de voyageurs par an au lieu de 27,2 millions actuellement ainsi que le transport de 15 millions de tonnes de marchandises au lieu de 8,3 millions/an. Sur sa lancée, la Sntf a déjà en sa possession deux autorails d'une série de 17, qui sont arrivés d'Espagne. Ces autorails ont été réceptionnés, la livraison et la réception des 15 restants se feront au rythme de 1 par mois jusqu'en mai puis 2 par mois à partir de juin 2008. «Cette année, nous allons livrer plus de 800km de voies qui sont en construction. Les réseaux se modernisent de plus en plus ainsi que les équipements», affirme le responsable. En ce qui concerne la rénovation des rails, le ministère a dégagé une enveloppe de 16 milliards de dollars pour le plan quinquennal 2005-2009. Selon le ministre, ce chiffre risque d'augmenter car «la rénovation est une affaire qui continue». A titre de rappel, un accident semblable a eu lieu il y a à peine cinq mois, soit le 24 septembre 2007 à Alger, lorsque deux trains sont entrés en collision au niveau de la gare ferroviaire d'El-Hamma à Alger, en plein jour.