Un policier assassiné. Le siège de la Badr attaqué. L'agence postale dévalisée. Tel est le bilan d'une visite nocturne des activistes armés. Les terroristes ont fait usage de quatre bombes. C'est la recrudescence des actes terroristes dans la région qui a vécu, avant-hier, une nuit d'enfer et fatidique. Un important groupe terroriste a opéré une incursion meurtrière dans la ville de Tizi Rached, à une vingtaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou où l'on a relevé un grand mouvement des terroristes qui ont même investi pratiquement tout le centre-ville de ladite localité, dès 23h et demi. Venus, selon diverses sources, en nombre très important, environ une trentaine, avancent certains habitants de la région, les assaillants se sont scindés en plusieurs groupes dans l'optique, sans doute, de tromper la vigilance des services de sécurité. Dans un premier temps, les activistes du Gspc ont procédé à l'occupation de la place publique, ajoutent des témoignages concordants, tout en essayant d'assiéger la bâtisse abritant la Banque de développement rural, Badr. Un groupe a, d'ailleurs, forcé la porte de cette institution à l'aide d'une grenade. Une fois à l'intérieur de la banque, les criminels n'ont rien trouvé puisque celle-ci n'a pas encore été mise en service. Elle vient d'être restaurée après les dommages subis lors des événements de Kabylie. Entre temps, un autre groupe a pris pour cible l'Agence postale où les activistes armés ont fait exploser trois grenades pour ouvrir, dit-on, le coffre. Mais, à en croire certaines sources, les assaillants n'ont trouvé comme argent que quelques milliers de dinars. Ayant entendu la déflagration des engins explosifs, quatre policiers qui étaient à l'intérieur du célibatorium ont tenté de sortir à l'extérieur pour s'enquérir de la situation, mais, sans toutefois pouvoir intervenir et faire face à l'assaut du groupe terroriste. Pris au dépourvu après quelques échanges de coups de feu, trois policiers ont dû se replier à l'intérieur de leur résidence, tandis que le quatrième a tenté de rejoindre le commissariat mais malheureusement sans succès. Il sera tué au cours de sa course, près de la mosquée, soit à quelques mètres seulement de l'Hôtel de police. La victime est originaire de Bouzeguène. Les terroristes ont, une fois leur forfait accompli, pris la fuite, à une heure de matin, à bord de trois véhicules, en direction de la RN12. L'on a déploré également un citoyen blessé lors de l'accrochage qui s'en suivit. Aux environs de deux heures du matin, des renforts de l'armée se sont dépêchés sur les lieux pour enclencher une opération de recherche dans les forêts avoisinantes. Hier matin, la population de Tizi Rached s'est réveillée sous le choc. Tout le monde était crispé et la ville donnait véritablement l'image d'une localité qui a réellement vécu un cauchemar. Les riverains témoignent avec beaucoup de retenue. Il était difficile de soutirer le moindre témoignage. «Oui, effectivement on a entendu des coups de feu et des explosions», s'est contenté de raconter un commerçant établi à l'entrée de l'agglomération. Non loin de la Badr, les stigmates de l'événement de la veille sont encore visibles tout comme au niveau de l'Agence postale. La Kabylie connaît, ces jours-ci, un regain inquiétant de l'activité terroriste à travers les quatre coins de la région. Samedi dernier, un groupe terroriste qui essayait de faire une incursion dans la commune de Aïn El Hammam a été repoussé par les forces de sécurité. Dans la même localité, des activistes armés avaient, quelques jours auparavant, racketté des consommateurs dans des débits de boissons alcoolisées. Aussi, à Yakouren, où l'on parle de la présence de l'émir Droukdel dans les maquis, les terroristes sont revenus à la charge pour perpétrer pas moins de trois attentats en une semaine. Un convoi militaire a été attaqué mardi dernier près de la forêt de Tamgout, théâtre, ces derniers jours, d'une intense opération de ratissage. Ainsi, de Yakouren à Zekri, les éléments de l'ANP passent au peigne fin les forêts et comptent, par la même, faire essuyer un cinglant revers aux membres du Gspc qui écument toujours les massifs forestiers de la région. L'offensive militaire se serait soldée par la mise hors d'état de nuire de 25 terroristes alors qu'un autre groupe serait, actuellement, cerné par les soldats de l'ANP qui se sont déployés, avec armes et bagages, dans le versant est de la wilaya. Une grande opération de recherche se poursuit notamment à Zekri et Beni Ksila où les militaires ont mis en avant une stratégie d'offensive en vue de «nettoyer» les maquis de la Kabylie.