En dépit de tous les avantages dont la France jouit, le tableau de ses investissements directs étrangers n'est pas reluisant. Le Premier ministre français François Fillon se rendra prochainement à Alger pour une visite de travail. La date du déplacement n'est pas encore fixée: «Les deux parties sont au stade des discussions pour arrêter une date», souligne une source diplomatique. Cette visite intervient à la suite de l'invitation adressée par le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, à son homologue français lors de la visite du président français, Nicolas Sarkozy, à Alger. Selon des observateurs au fait des relations algero-françaises, le ministre français serait porteur d'un message du président Sarkozy à son homologue le président Bouteflika au sujet des consultations régionales. Il y a notamment le Sommet de l'Union méditerranéenne qui se tiendra en juin prochain, le problème palestinien et la question du Sahara occidental. L'Algérie demeure encore réticente quant au projet de l'Union méditerranéenne tant ses contours ne sont pas définis surtout par rapport à la présence d'Israël. Le coup de semonce a été donné à travers le boycott par les pays arabes du Salon du livre. Il y a également la position de la France par rapport à la question du Sahara occidental. Sur ce dernier point, les déclarations du président français, lors de sa visite à Rabat, n'ont pas été du goût de l'Algérie qui a trouvé dans les propos de M.Sarkozy, une forme d'ingérence de la France dans les affaires maghrébines. Pour les responsables de la République sahraouie, c'est tout simplement «la France qui bloque le processus de décolonisation au Maghreb». Cela étant, les deux parties parleront d'affaires économiques, de commerce et de relations politiques. Plusieurs contrats seront signés dans ce cadre, le marché algérien étant très prisé par les entreprises françaises. Il constitue même une aubaine pour des investisseurs français en quête de nouveaux débouchés d'autant plus que plusieurs chantiers sont ouverts dans divers secteurs d'activité en Algérie. Ces contrats en gestation vont renforcer la position économique de la France en Algérie. Cinq accords et 4 contrats commerciaux évalués à 5 milliards de dollars, ont été signés lors de la visite du président français à Alger en décembre dernier. Parmi les accords, une convention de coopération portant sur l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Les contrats concernent le développement du partenariat dans le secteur de l'énergie. Ainsi, un contrat de partenariat entre Total et Sonatrach a été paraphé pour la construction d'un vapocraqueur d'éthane à Arzew pour un investissement d'un milliard d'euros. Gaz de France (GDF) a vu la prolongation de ses contrats d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) jusqu'en 2019. Ce même groupe français doit investir un milliard d'euros dans le développement du champ gazier du Touat. Le Premier ministre français fera donc le point sur l'ensemble de ces contrats. Les aspects économiques et commerciaux prendront donc la part du lion dans cette visite. La France qui vit actuellement une crise sociale, a besoin d'arracher encore d'autres contrats dans un marché qu'elle a toujours considéré comme sa chasse gardée. L'Hexagone ne perd pas l'espoir de vendre du matériel militaire, notamment les avions de type Rafale, à l'Algérie qui veut diversifier ses sources d'approvisionnement. En dépit de tous les avantages dont la France jouit, le tableau de ses investissements directs étrangers n'est pas reluisant. Selon une récente étude du Cnis, au cours du premier mois de l'année 2008, la France figure en quatrième position sur la liste des principaux clients de l'Algérie avec 362 millions de dollars, devancée par les Etats-Unis d'Amérique avec 1,21 milliard, l'Italie (725 millions de dollars), l'Espagne (480 millions de dollars). Quant aux principaux fournisseurs, la première place est revenue à la France avec 416 millions de dollars, suivie des Etats-Unis. Le 18 février dernier, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a réitéré son engagement «personnel» pour la «consolidation» et le «raffermissement» des relations avec la France, dans un message adressé à son homologue français. Par ailleurs, le déplacement de M.Fillon sera précédé par la visite de deux jours que devra effectuer Karim Djoudi, le ministre des Finances, à Paris à partir de ce jeudi. Au menu, la signature d'une convention dans le domaine des assurances et une conférence-débat avec le patronat français (Medef). A Paris, M.Karim Djoudi s'entretiendra avec la ministre française des Finances, de l'économie et de l'emploi, Mme Christine Lagarde. L'entretien sera «suivi par une cérémonie de signature de la convention de règlement dans le domaine des assurances», a indiqué l'ambassade. Le ministre algérien discutera également avec le ministre français du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, M.Eric Woerth. Vendredi, Karim Djoudi se rendra à Tourcoing (Lille), dans le nord de la France, pour visiter l'Ecole nationale française des Douanes. Au cours de son séjour, il n'est pas écarté le fait que soit évoqué le dossier de la privatisation du CPA. Un processus qui sera relancé «lorsque nous aurons une transparence totale sur les comptes des partenaires éventuels de cette banque publique algérienne et sur leur stratégie», avait déclaré le ministre des Finances. Quatre banques sont en lice: BNP Paribas, Crédit agricole, Natexis et Société Générale, ébranlée dernièrement par un scandale financier.