La secrétaire d'Etat américaine a entamé un nouveau périple dans la région dont on ne perçoit pas l'intérêt pour la paix. L'offensive israélienne contre Ghaza, entamée samedi, s'est soldée jusqu'à lundi, par la mort de plus de 120 Palestiniens, selon des sources hospitalières palestiniennes. La timide réaction internationale a sans doute amené Israël à «modérer» son opération répressive contre Ghaza - qui prenait de plus en plus les proportions d'un assassinat collectif - sans pour autant le convaincre à la retenue. Ainsi, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé hier, que l'armée continuerait ses attaques contre le Hamas. C'est dans ce contexte sanglant où, de nouveau, les Palestiniens servent de cibles aux soldats israéliens que la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, choisit de revenir dans la région non pour admonester le protégé des Etats-Unis et l'appeler à la retenue, mais pour culpabiliser les Palestiniens qui n'en peuvent mais...Ne condamnant pas les exactions israéliennes contre la population palestinienne - la majorité des 120 victimes dénombrées entre samedi et lundi, étaient des civils, notamment des enfants et des femmes - Mme Rice a affirmé qu'elle a dit «(...) aux Israéliens que lorsqu'ils sont engagés dans leur propre défense, ils doivent être conscients de l'impact de ces opérations sur des gens innocents (...) et sur ce qui peut arriver le jour d'après». Un euphémisme devant le carnage dont ont été victimes les Palestiniens face à des soldats israéliens déchaînés. Avec beaucoup de retard, et une certaine morgue, Mme Rice s'est dite «inquiète» de la situation humanitaire dans la bande de Ghaza alors que la détérioration de la situation humanitaire est essentiellement due au blocus inhumain imposé par Israël à ce territoire palestinien. Faisant totalement l'impasse sur la responsabilité d'Israël dans la dégradation de la situation à Ghaza et dans l'escalade de ces derniers jours, la chef de la diplomatie américaine pointa en revanche du doigt le Hamas, coupable idéal, quand par les temps qui courent l'oppresseur a tous les droits, quand l'opprimé n'a que celui de se taire et de se soumettre. C'est ainsi que Mme Rice a rendu le mouvement islamiste Hamas responsable de la dégradation de la situation dans la bande de Ghaza, soumise à un strict blocus israélien depuis le 17 janvier, en riposte à des tirs de roquettes sur le sud d'Israël. «Le Hamas doit, avant toute chose, cesser de tirer des roquettes sur les villes israéliennes» a-t-elle dit, ne demandant pas, en revanche, à Israël de mettre un terme à un blocus qui viole les Conventions de Genève. A Ghaza, le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a accusé Mme Rice d'«inciter à la guerre» contre son mouvement en le rendant (seul) responsable de l'escalade et des violences qui s'en sont suivies. Lors de son passage, lundi au Caire, Mme Rice s'est également livrée à une attaque contre l'Iran l'accusant «d'armer» le Hamas, indiquant: «Il est très clair que le Hamas est en train d'être armé, et il est très clair que le Hamas est armé par les Iraniens» et de souligner: «Si le Hamas est armé par les Iraniens et que personne n'aide à améliorer les capacités des forces de sécurité légitimes de l'Autorité palestinienne, ce n'est pas une très bonne situation» Mme Rice feint d'oublier qu'Israël s'oppose catégoriquement à l'armement des forces légales de l'Autorité palestinienne. Si les forces palestiniennes, relevant de l'Autorité autonome, avaient été correctement armées, celles-ci n'auraient pas perdu la bande de Ghaza tombée sous la férule du Hamas. C'est cette réalité que Mme Rice refuse de voir qui met en stand-by tous les efforts fournis pour arriver à un accord entre les deux parties. Lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue égyptien, Ahmed Aboul Gheit, la secrétaire d'Etat américaine avait dit: «Il doit y avoir un processus de paix actif» ne prenant pas, là aussi, en compte le fait qu'Israël, depuis la conférence d'Annapolis - qui doit, soi-disant, ouvrir un nouveau chapitre entre Palestiniens et Israéliens - s'est attelé à conforter la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, rendant quasiment sans objet les pourparlers de paix envisagés. De fait, face aux exactions israéliennes à Ghaza, le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé de suspendre toute négociation avec Israël. Madame Rice a encore dit qu'elle continuait à croire au «processus d'Annapolis» affirmant: «Je continue à croire qu'ils peuvent parvenir à un accord avant la fin de l'année si tout le monde en a la volonté». Comment cela se peut-il alors que l'administration Bush a attendu le dernier quart d'heure, la fin de son mandat, pour se «préoccuper» d'une situation qui perdure depuis 60 ans? Sérieusement, ce n'est pas à quelques mois de la fin du mandat que lui confia le peuple américain que l'administration Bush prétend, ou espère, solutionner un dossier qu'elle négligea depuis sept ans qu'elle est au pouvoir. Allons donc!