La situation s'est dramatiquement détériorée ces dernières quarante-huit heures dans la bande de Ghaza. Israël a lancé plusieurs raids héliportés sur la bande de Ghaza entre mercredi et hier, causant de nombreux blessés parmi la population palestinienne et des dégâts matériels. D'autre part, de violents heurts ont opposé, hier et jeudi à Ghaza, des militants du Hamas aux policiers palestiniens qui tentaient de récupérer le contrôle de la région. Ces heurts, selon les premiers bilans, ont fait 25 blessés, dont neuf policiers palestiniens. De fait, la situation s'est dramatiquement détériorée dans les territoires palestiniens occupés depuis l'attentat, mardi, à Netanya, près de Tel-Aviv, revendiqué par le Jihad islamique. Cette dégradation de la situation intervient un mois avant le retrait, programmé par Israël, des colons et des soldats israéliens de la bande de Ghaza et de quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie. Ce qu'il y a lieu de noter, c'est que cet attentat, qui s'est traduit par la mort de quatre Israéliennes, est contre-productif et ne sert pas les intérêts des Palestiniens. De fait, le jour même, le président Abbas qui a condamné cet «attentat terroriste» estimait que «c´est un crime contre le peuple palestinien. Aucun véritable patriote ne peut perpétrer ce genre d´opération juste avant qu´Israël ne se retire de 21 colonies (de la bande de Ghaza)». La suite allait lui donner raison, puisque, en représailles, l'armée israélienne, outre de réoccuper les villes palestiniennes -récemment rétrocédées à l'Autorité palestinienne- a bouclé la bande de Ghaza et la Cisjordanie, ramenant la situation à zéro, gommant tous les progrès laborieusement obtenus ces dernières semaines. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des hélicoptères israéliens ont effectué trois raids dans la bande de Ghaza en réaction à la mort d'une Israélienne tuée par des roquettes tirées par des activistes, indiquaient des sources sécuritaires palestiniennes. Des roquettes ont été tirées par les hélicoptères israéliens sur le camp de Jabaliya dans le nord de Ghaza ciblant un centre culturel du Hamas. Il n'y a pas eu de victimes mais il y eut en revanche beaucoup de dégâts matériels. Deux autres raids héliportés ont suivi à Deir El-Balah et à Khan Younès. 10 militants islamistes ont, par ailleurs, été arrêtés à Tulkarem, réoccupée mercredi. Le président Abbas, tout en condamnant l'attentat qui a ciblé des civils israéliens, s'est aussi élevé contre «la spirale de la violence» induite, selon lui, par les décisions contre-productives prises récemment par les autorités israéliennes, notamment la reprise de la construction du «mur» de Cisjordanie. Ainsi, le cabinet israélien a approuvé, dimanche, le nouveau tracé du mur lequel coupe la Ville Sainte d'El-Qods en deux parties de laquelle sont exclus au moins 55.000 Palestiniens sur les 2500000 habitants de Jérusalem-Est. La dégradation de la situation a eu lieu au moment où le secrétaire d´Etat adjoint chargé du Proche-Orient, David Welsh, se trouvait dans la région. Celui-ci a eu des entretiens avec le président de l´Autorité Palestinienne à Ramallah, a indiqué hier un porte-parole du département d'Etat, Tom Casey. «Au cours de ces deux conversations, la secrétaire d´Etat (qui a envoyé un message à M.Abbas) tout comme le secrétaire adjoint ont réitéré le message selon lequel la direction palestinienne doit prendre des mesures immédiates pour trouver les responsables du récent attentat en Israël et pour les traduire devant la justice», a souligné M.Casey. «Nous saluons la condamnation par le président Abbas de cet attentat haineux, mais nous attendons maintenant de l´Autorité palestinienne qu´elle prenne des mesures concrètes pour présenter à la justice ceux qui ont préparé et approuvé cet attentat», a-t-il ajouté. De son côté, la secrétaire d´Etat américaine, Condoleezza Rice, a téléphoné mercredi au président Mahmoud Abbas pour lui demander de prendre des «mesures immédiates» pour arrêter les auteurs de l´attentat qui a tué cinq Israéliens, mardi à Netanya, a indiqué le département d´Etat. Le hic, c'est que si les USA ont été prompts à condamner l'attentat de Netanya et à presser l'Autorité palestinienne d'agir, (de fait agir comment lorsque l'on rappelle que la police palestinienne ne dispose pas des moyens adéquats pour une telle tâche, quand Israël s'oppose à ce que les policiers palestiniens soient correctement armés), ils n'ont pas, de la même manière, condamné Israël dont la poursuite de la construction du mur, malgré la réprobation internationale et de l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) met en danger la paix au Proche-Orient. Cette dichotomie est perçue par les Palestiniens, notamment, comme une provocation, un quasi-appel à une réaction violente de la part des mouvements de résistance islamiques. Si les Etats-Unis veulent être crédibles dans leur rôle de parrain du processus de paix au Proche-Orient ils doivent également se faire violence et rappeler à l'ordre, de la même manière qu'ils n'hésitent pas à le faire pour les Palestiniens, leurs protégés israéliens. De fait, ces derniers ne sont pas absous d'arrière-pensées en ces moments critiques d'avant le retrait de Ghaza dont les décisions à contretemps poussent les extrémistes palestiniens à l'action.