L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé de maintenir le niveau de sa production inchangé et de faire fi des menaces du président des Etats-Unis. George W.Bush, 42e président de la première puissance mondiale, pensait-il pouvoir influencer la décision que devaient prendre les treize pays membres de l'Opep? «L'opep ferait une erreur en n'augmentant pas l'offre de brut», avait déclaré le président américain, mardi, à la veille de la réunion de l'Opep, qui s'est tenue le 5 mars à Vienne, en Autriche. En décidant d'opter pour le statu quo et continuer à ne mettre sur le marché que 29,67 millions de barils par jour, l'Opep vient de démontrer qu'elle ne répond pas au doigt et à l'oeil, même à la première puissance de la planète. La cohésion et surtout le pragmatisme semblent s'être durablement installés au sein de l'Organisation. M.Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Opep, a, dès l'ouverture de la réunion, brossé la conjoncture dans laquelle évolue le marché pétrolier. «L'économie mondiale entre dans une période de croissance plus lente...ce qui entraîne beaucoup d'incertitudes dans le monde du pétrole, d'autant que beaucoup d'institutions ont commencé à réviser à la baisse leurs prévisions de demande pétrolière», a indiqué M.Khelil. Aucune voix discordante ne s'est élevée au sein du cartel. Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole répondent, unanimement et à qui veut l'entendre, que le marché pétrolier est suffisamment approvisionné. «Pourquoi devrions-nous prendre une nouvelle mesure, alors que l'état du marché est sain?», s'est interrogé Ali Al-Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole et allié traditionnel des Etats-Unis. Ali Al-Nouaïmi a imputé la flambée actuelle des prix à «une spéculation gigantesque» qui s'est emparée des marchés du pétrole. Le ministre saoudien du Pétrole qui n'a pas soufflé mot publiquement lors de son arrivée dans la capitale autrichienne, a exprimé son point de vue dans la revue spécialisée, Pétrostratégies: «Rien ne justifie une hausse au regard des données qui sont dorénavant largement transparentes», avait-il laissé entendre. Mais c'est surtout autour du président de l'Opep, M.Chakib Khelil que s'est constitué le noyau dur. La veille de la réunion, le ministre algérien de l'Energie et des Mines avait déclaré: «Je préférerais baisser la production car la demande mondiale va baisser.» Une option que les faucons de l'Opep, le Venezuela et l'Iran, auraient volontiers mise en oeuvre. Les stocks pétroliers qui sont en nette hausse depuis cette semaine ainsi qu'une crainte justifiée d'une baisse de la demande au cours de ce second trimestre de l'année, sont autant d'arguments qui ont incité les 13 pays membres de l'Opep a plus de prudence. La fin de l'hiver approche et le ralentissement de l'économie américaine pointe le bout de son nez. La flambée du prix de l'or noir qui trône largement au-dessus des 100 dollars, il a frôlé 104 dollars lundi, fait craindre de graves répercussions sur l'économie américaine qui est, de surcroît, la locomotive de l'économie mondiale. Cela rend inquiet et nerveux le président des Etats-Unis G.W.Bush. A son grand dam et à celui des pays consommateurs, l'Opep n'a répondu ni à leur appel du pied, encore moins à leur alarmisme. Cela sera le statu quo. Deux réunions extraordinaires avant la réunion ordinaire de septembre pourraient être programmées par l'Opep pour se pencher une nouvelle fois sur l'état du marché du pétrole. G.W.Bush devra prendre son mal en patience.