Une cellule de crise dégagée par le gouvernement autrichien est en contact permanent avec les autorités algériennes. Les deux touristes autrichiens, Wolfgang Ebner 51 ans et sa compagne, Andrea Kloiberans 43 ans, enlevés le 22 février dernier, en Tunisie, auraient rejoint le Mali. Selon des sources sécuritaires, les ravisseurs auraient transité par les maquis de Tébessa où sont réfugiés une centaine de terroristes appartenant aux deux katibas de la région, à savoir Oum al-kamakim et al-fath al-moubine. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères autrichien, Peter Launsky, a affirmé hier dans une conférence de presse que son gouvernement «a supplié les autorités algériennes d'éviter le recours à une action militaire». Les auteurs du kidnapping qui détiennent encore les deux victimes auraient pris, d'après les mêmes sources, les chemins du Sud, vers les pays du Sahel. Tout porte à croire que le kidnapping porte bien les empreintes de la katiba Tarik Ibn Ziad qui active dans les régions sahariennes et qui est à l'origine de l'assassinat des huit gendarmes à El Oued, le 3 février dernier. Selon nos sources, la piste de la katiba Tarik Ibn Ziad est la plus plausible, puisqu'elle est une branche déclarée du groupe terroriste appelé Al-Moulathamoun, affilié directement à ce qu'on avait tendance à appeler «Al Qaîda au Maghreb islamique». Dans un enregistrement diffusé, lundi soir, par la chaîne de télévision Al Jazeera, la branche du réseau terroriste au Maghreb affirme avoir enlevé un couple de touristes autrichiens. Dans le même enregistrement, un soi-disant porte-voix d'«Al Qaîda au Maghreb islamique», dénommé Salah Abou Mohammad, a indiqué que son groupe avait «kidnappé le 22 février en Tunisie un couple autrichien. L'homme, un consultant, et la femme, une infirmière, sont en bonne santé». Après avoir mené d'intenses recherches dès notification de la disparition des touristes, les autorités tunisiennes ont annoncé, du moins pour l'heure, qu'«aucun élément ne permet de confirmer que les ressortissants autrichiens se trouvent actuellement en territoire tunisien ou qu'ils ont été enlevés à l'intérieur des frontières tunisiennes». L'opération de ratissage et de recherche enclenchée par les services tunisiens intervient suite à une annonce de disparition faite par le département autrichien des Affaires étrangères. Laquelle annonce a été faite le 6 mars dernier et concerne la disparition d'un homme de 51 ans et une femme d'une quarantaine d'années, originaires de Salzbourg. Ces derniers étaient portés disparus depuis la mi-février dans le sud de la Tunisie. Hier, c'était au tour des services algériens chargés de la lutte antiterroriste de mener une vaste opération dans l'espoir de localiser le groupe terroriste qui a revendiqué le kidnapping des deux touristes autrichiens. Les ratissages dans la région de Tébessa et El Oued, allant jusqu'à Biskra, Khenchela et les Aurès, ne datent pas d'aujourd'hui. Les forces de sécurité mènent une bataille sans merci pour la neutralisation d'au moins une centaine de terroristes dans la région. Ces derniers activent sous la coupe des deux katibas antérieurement citées, à savoir katiba Oum al-kamakim, dirigée par un certain Gharbi Abdelmalek, âgé de 46 ans, et katiba al-fath al-moubine, dont l'émir, dit El-Atrous, a été abattu récemment par les forces de l'armée, avec sept de ses acolytes. Ces deux katibas travaillent de concert avec l'autre katiba dite Tarik Ibn Ziad qui regroupe, elle aussi, d'après les estimations de nos sources, environ une quarantaine d'éléments armés. Plus d'une vingtaine de terroristes ont été déjà abattus par les forces de sécurité dans cette région. La stratégie actuelle est de concentrer les efforts sur certains maquis du Centre et de l'Est, à l'instar de ceux de Tizi Ouzou et de Boumerdès, assiégés par les forces de sécurité, ainsi que de Tébessa, Khenchela, Constantine, Biskra et El Oued, réputés être la future destination des résidus du terrorisme. Selon nos sources, l'objectif étant de couper court aux connexions existant entre les katibas des deux régions, mais surtout à toute tentative de «délocalisation» vers l'Est des cellules terroristes encerclées en Kabylie, dite la «zone2», dont celle dirigée spécialement par Abdelmalek Droudkel, l'émir national du Gspc, désormais Al Qaîda au Maghreb islamique. A fortiori, la région Est est la plus accessible pour l'acheminement des armes depuis le Sahara, où sévissait katiba Tarik Ibn Ziad, affiliée à Al Qaîda Maghreb islamique, en relation avec les deux autres katibas de l'Est, citées plus haut. Reste à confirmer l'implication de la katibat Tarik Ibn Ziad dans la sale besogne liée à l'enlèvement des deux touristes autrichiens. L'enregistrement diffusé par la chaîne Al Jazeera a mentionné seulement que le groupe terroriste à l'origine du kidnapping «s'est infiltré en profondeur en Tunisie et a réussi à enlever deux touristes autrichiens». Auparavant, Amari Saïfi, dit Abderrazak El Para, arrêté au Tchad en 2004 et remis à l'Algérie, était le partisan de cette option de prise d'otages. Pour ainsi dire, les katibas qui sévissent dans l'ancien circuit de Abderrazak El Para semblent préférer la même option, avec, comme dose de trop, attaques terroristes et acheminement d'armes.