Le télescopage entre les prérogatives des différents intervenants constitue un frein pour la lutte contre les crimes maritimes. «La suppression des tribunaux militaire, intervenue au lendemain de l'Indépendance, est une grande erreur», a estimé hier le chef de département des affaires maritimes au niveau du Service national des gardes-côtes (Sngc), le lieutenant-colonel Zrizer. Intervenant lors du séminaire «Action de l'Etat en mer» organisé hier à l'Ecole militaire de Tamenfoust, il estimera que les tribunaux ordinaires, faute de spécialisation, ne sont pas en mesure de juger convenablement les affaires liées au crime maritime. Un phénomène qui prend, ces dernières années, des proportions alarmantes, notamment pour ce qui concerne l'immigration clandestine et le trafic de stupéfiants. Il estimera dans ce contexte que les gardes-côtes ont besoin de se doter d'un pouvoir judiciaire pour donner plus d'efficience à leurs actions. Selon lui, les tribunaux maritimes existent un peu dans le monde en raison de la spécificité des crimes perpétrés en mer. Le lieutenant-colonel Zrizer soutiendra, aussi, que les immigrés clandestins interceptés en mer ne sont pas placés en garde à vue par les gardes-côtes. «Nous les retenons près de nous le temps de les remettre à la justice. Une durée qui ne dépasse pas les 3 jours», a-t-il expliqué encore. L'autre point qui a attiré le plus l'attention des séminaristes a trait à la multiplicité des intervenants dans le domaine maritime. Le télescopage entre les prérogatives de ces différents intervenants constitue un frein pour la lutte contre les crimes nautiques, estime-t-on. Les séminaristes ont soulevé à ce sujet, les difficultés que rencontrent les agents des douanes, des gardes-côtes ou de la police de la pêche dans l'accomplissement de leurs missions. Le lieutenant-colonel Zrizer proposera à ce propos de créer un organisme de coordination regroupant les représentants des ministères de la Défense, des Finances, des Transports, de la Pêche ainsi que l'Intérieur et l'Environnement. Sur un autre plan, le colonel Mohamed Koriche indiquera, dans son intervention, que les gardes-côtés ont intercepté plus de 1080 immigrés clandestins dont 34 étrangers au cours de l'année 2007. Cela, outre la saisie de 166kg de drogue et 45 autres de corail. Les éléments du Sngc ont effectué plus de 85.000 opérations de contrôle de navires. De son côté, Maksen Samir Tarek, maître assistant à l'Institut des sciences de mer de Bou Ismail, fera un exposé sur le transport de clandestins, de drogue et contrebande au Maghreb. Le conférencier indiquera à ce propos que les crimes maritimes ont pris de l'ampleur. La prolifération de ces phénomènes, selon lui, trouve son origine dans l'obsolescence des législations et le manque de coordination entre les Etats maghrébins en matière de lutte. L'universitaire soutiendra aussi que les infrastructures portuaires des pays de cette région sont vulnérables à d'éventuelles attaques terroristes. Il ajoutera que l'espace maritime maghrébin peut servir de passage à des transporteurs d'armes chimiques ou nucléaires. Les aspects liés à la sécurisation de la côte algérienne et sa protection de la pollution ont occupé un large espace dans le programme de ce séminaire dont les travaux ont été ouverts par le général commandant des forces navales. Ce responsable militaire a mis l'accent, dans son allocution, sur l'importance capitale des espaces maritimes dans la construction des grandes puissances. Il indiquera à cet effet, que 90% des échanges commerciaux de l'Algérie se font via la mer. Notre pays, selon lui, exerce sa souveraineté maritime sur 140.000km2.