La réalisation du projet dépend du règlement du conflit israélo-palestinien. Le projet d'Union pour la Méditerranée risque de connaître le même sort que celui de Barcelone. Pourquoi? L'invité de la rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression», Mustapha Chérif, universitaire et islamologue, pense que l'avenir de ce projet reste tributaire de la question israélo-palestinienne. Sans approfondir le débat, M.Chérif donne un bref aperçu du Processus de Barcelone pour identifier les difficultés. Se référant à cette expérience, notre invité tire sa conclusion et établit ses prévisions. Selon lui, il y a trois facteurs qui seraient à l'origine du non-aboutissement du processus de coopération entre les pays du pourtour méditerranéen. «Si le Processus de Barcelone a échoué, c'est en premier lieu à cause du non-règlement du conflit israélo-palestinien», a-t-il affirmé. Ayant une vision large sur le monde et en particulier sur les relations Europe-Méditerranée, notre invité reste convaincu qu'avec le problème israélo-palestinien, il ne peut y avoir de partenariat. Le règlement du conflit est la condition sine qua non pour la réalisation de l'initiative du président français. L'intégration des dix pays arabes de la rive Sud dans le projet passe d'abord par la résolution définitive du conflit dans la région du Moyen-Orient. Second argument, explique-t-il, le contenu même du projet de l'Union méditerranéenne. La conception du contenu doit se faire sur la base des concertations entre les deux rives de la Méditerranée. Sur ce point toujours, Mustapha Chérif n'admet pas que le projet soit conçu suivant une vision unique, voire unilatérale, imposée par une partie. Développant son idée, il ajoute «Il ne s'agit pas d'organiser une zone de libre-échange, mais plutôt pour édifier un ensemble où tous les aspects sont pris en compte comme la circulation des personnes». En matière de partenariat, cet universitaire insiste sur la clarification des droits et des devoirs équilibrés de chacun. Comme il souligne que les budgets accordés par l'Europe aux pays de la rive Sud sont insignifiants par rapport à ceux octroyés aux pays de l'Europe de l'Est. Faisant une analyse globale du contexte, notre invité n'a pas omis de souligner le rôle qui doit être celui des pays de la rive Sud dans l'aboutissement du projet de l'Union pour la Méditerranée. «Nous aussi nous devons assurer la bonne gouvernance et l'autocritique constructive», a-t-il toutefois insisté. Ce sont là les exigences, selon notre invité, qui permettront à l'Union pour la Méditerranée de sortir de son état de projet pour devenir une réalité. Effectivement, cette vision est partagée par plusieurs observateurs politiques. Lesquels restent convaincus que si la construction de l'Union pour la Méditerranée démarre sur le même clivage que Barcelone en 1995, il serait voué à l'échec. Au cours du débat, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur n'a pas cessé de réitérer qu'il est temps de régler le conflit (israélo-palestinien) qui perdure depuis 60 années, mettant en stand-by tout développement en Méditerranée.