La génération des cinquante ans se souvient encore de ses caricatures qui ont illustré la presse algérienne au lendemain de l'Indépendance. Destin d'encre, est le thème de la première exposition de l'artiste Tayeb Arab, qui se tiendra à partir d'aujourd'hui 19 mars au 17 avril, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Cette exposition, se veut une rétrospective de la dense carrière de Tayeb Arab. Elle est présentée sous la forme d'un parcours démographique captivant où le visiteur pourra spécifier d'une part ses oeuvres et d'autre part un documentaire de 14 minutes retraçant son itinéraire. Cette imposante exposition regroupe 180 caricatures, 200 oeuvres sur papier ainsi que 48 peintures à l'huile. La génération des cinquante ans se souvient encore de ses caricatures qui ont illustré la presse algérienne au lendemain de l'Indépendance et jusqu'au milieu des années 70. Qui était cet homme? Tayeb Arab, l'enfant prodige d'Oran. Il est issu d'une famille modeste. Durant sa formation comme électricien, le hasard a voulu que son professeur de dessin technique remarque son talent, le pousse à y croire et à envoyer ses dessins au quotidien La République qui venait de succéder à l'Echo d'Oran. Tayeb Arab, dessinateur autodidacte de 18 ans, est parrainé par les artistes comme l'écrivain Kateb Yacine et le peintre Mohamed Issiakhem qui collaboraient alors à La République. Il publiera en dix ans plus de 7000 dessins et caricatures. En 1976, l'arabisation du journal va inciter l'artiste à suspendre sa carrière de caricaturiste. Il quitte Oran en 1978 et s'installe à Boumerdès. Il collabore alors à Algérie Actualité et Révolution africaine. Il ne se retrouve pas dans cette presse hebdomadaire et dès l'été 1979, il décide de se consacrer exclusivement à la peinture. En 1981, il s'installe à Paris et collabore au bi-mensuel Afrique-Asie dont la ligne éditoriale lui rappelle La République. Il quitte Paris en 1983 pour Orléans où il envoie ses dessins au journal, mais la nostalgie du soleil et de la Méditerranée l'incite à déménager vers le sud de la France, à Montpellier. Au cours d'un point de presse organisé à l'occasion par l'Association des amis de Arab, la présidente de ladite association, Mme Arlette Casas, a révélé que «ce n'est pas facile...et c'est toutefois passionnant; le problème était de trouver du temps; cela demande de l'organisation. Cette exposition a demandé deux années de préparation». Emu de regagner les siens après une longue absence, Tayeb Arab a estimé que «l'essence même de la création, c'est de pouvoir maîtriser la technique du dessin». Ajoutant que «je souhaite que la caricature soit aussi journalistique. En d'autres mots, donner à nos dessins l'aspect artistique, par le trait et par l'émotion, mais ajoutant une vocation journalistique». A la question de savoir quels sont ses artistes de référence, Tayeb Arab indique devant l'assistance, entre autres M'hamed Issiakhem, Mohamed Khadda, Van Gogh, Pablo Picasso. Les oeuvres d'Arab, sont dans ce sens, un exercice de style moqueur, qui trouve ses origines dans les situations de notre société et celles qui l'entourent. Ainsi, elles sont perçues généralement comme une arme à double tranchant, une sorte d'amusement d'un côté, mais, très vite, c'est aussi charger une arme à feu; façon de considérer la caricature comme une arme capable de toucher, blesser, égratigner mais sans jamais tuer, pour attaquer sans relâche la victime offerte aux assauts répétés du dessinateur qui conduit la charge. Il est à noter que l'artiste poursuivra son aventure dans sa ville natale après le Palais de la culture d'Alger, car son exposition sera conduite au Musée Zabana d'Oran du 30 avril au 22 mai prochain. Ainsi, selon Mme Arlette Casas, un film documentaire s'inspirant des travaux de l'artiste est en cours de réalisation.