Le secteur de la pêche souffre d'une désorganisation qui fait que les efforts n'ont pas de retombées sur le terrain, du moins pour la bourse du citoyen. En dépit des investissements colossaux, le secteur de la pêche n'arrive toujours pas à sortir de l'ornière à Béjaïa. Le poisson continue à se vendre au prix fort. A Béjaïa, la pêche maritime relève du domaine privé et purement artisanal. Avec les investissements en cours et les formations d'un personnel qualifié, le secteur bénéficierait à coup sûr des transformations technologiques à même de faire baisser les prix. Chose attendue avec impatience par le consommateur. Présentement, la pêche s'articule, pour l'essentiel, autour de la pêche des chalutiers destinée à la capture du poisson blanc, rouget, merlan...et de la pêche des sardiniers consacrée à la capture du poisson bleu sardine, bonite...Le poisson bleu représente 95% des prises, évaluées annuellement à 3000 tonnes. Une capture très en deçà de la demande. Ce qui explique l'envolée des prix. Si le littoral de Béjaïa est en passe de devenir un pôle de pêche eu égard aux lourds investissements en cours, il n'en demeure pas moins que le secteur souffre d'une désorganisation commerciale qui fait que les efforts n'ont pas de retombées sur le terrain du moins pour la bourse du citoyen. La commercialisation, voilà de quoi souffre au juste le secteur. L'ancienne méthode qui consistait à vendre le poisson sur le quai dès l'arrivée des chalutiers, n'est plus de mise depuis quelque temps. Elle est tout simplement remplacée par des pratiques mafieuses imposant le prix. Tout se passe tôt le matin. Les bateaux ne sont pas encore à quai que les transactions s'emballent. Moyennant les téléphones portables, les négociations sont conclues en haute mer. Avant les dernières intempéries, une caisse de sardines de 23kg a été cédée à 100DA. On s'attendait alors à une accalmie des prix. En vain. La tempête passée et le jour levé, les prix reprennent de l'aile. Sur les étals des marchés, le prix du poisson varie entre 80 et 100DA le kilo, soit le prix d'une caisse vendue quelques heures auparavant. La spéculation a fait le reste. Et la situation n'est pas près d'être améliorée. Les projets d'investissement tardent à voir le jour. Apparemment, ils ont pris du plomb. Pourtant, ce ne sont pas les potentialités et les perspectives d'avenir qui font défaut. Ce qui suscite justement les intérêts en jeu. Au niveau des pouvoirs publics, on donne l'impression de vouloir rattraper le retard accusé en la matière. Mieux, il s'agit d'une redynamisation d'une activité aux retombées incalculables au plan socio-économique. L'évolution du secteur s'illustre par la réalisation d'un plateau à la sortie du tunnel Sidi-Abdelkader. Un espace, de l'avis même des pécheurs, qui permettra de désengorger le petit port de pêche. Ce dernier n'arrive plus à assurer une activité normale. Datant de l'époque coloniale, il ne permet aucune extension possible ou même d'accueillir de nouvelles embarcations. En parallèle, la flottille de pêche s'est renforcée pour atteindre présentement 220 embarcations dont 33 sardiniers, 16 chalutiers et 171 petits métiers. Les responsables du secteur ont réalisé deux plages d'échouage, l'une à Béni K'sila et l'autre à Melbou. Mais la grande réalisation qui ne manquera pas de secouer le cocotier, reste incontestablement le port de pêche et de plaisance à Tala Guilef, sur la côte ouest. Un projet qui avance bien. Doté d'une enveloppe budgétaire de 310 millions de dinars, dégagée dans le cadre du Plan de soutien à la relance économique (Psre), ce projet est pris en charge par la société turque Aska, Sotramest et Meditram, deux autres entreprises algériennes pour un délai de réalisation de 24 mois. L'évolution du secteur paraît aussi à travers les projets d'extension de ces deux plages d'échouage, l'aménagement d'accès et la réalisation de 10 cases pêcheurs pour chaque point d'activité. Des projets accordés par l'Etat, rassure-t-on. Chaque site sera renforcé par une fabrique de glace, un point de vente de matériel de pêche, une chambre froide et une poissonnerie, 20 embarcations, 2 camions-frigos. Un renforcement financé par un montage financier (Ppdri - PCD) de l'ordre de 54 millions de dinars. En perspective, le secteur de la pêche, à Béjaïa, verra l'aménagement de pas moins de neuf plages d'échouage tout au long des 100km du littoral de Béjaïa. Comme on le constate bien, le secteur de la pêche à Béjaïa intéresse beaucoup les pouvoirs publics. Une vision lointaine anime les responsables qui ne manquent pas d'ingéniosité pour assurer un démarrage à la hauteur des attentes. Avec le temps, on envisage l'élevage du loup de mer et de la dorade. On parle aussi d'une unité de transformation de thon, implantée à Oued Ghir. La formation de professionnels de la pêche n'est pas en reste puisqu' un centre de formation devant servir aussi de station de recherche dans le domaine halieutique, a vu le jour ces dernières années à Tichy. Deux promotions de marins pêcheurs et une promotion de capacitaires à la pêche y ont été déjà formées. De jeunes villageois des communes littorales ont bénéficié d'une formation intensive aux métiers de la pêche. Ils bénéficieront également du soutien de l'Etat à l'investissement, notamment dans le cadre de l'emploi de jeunes.