Tout en réitérant sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations, le Royaume maintient ses accusations contre l'Algérie. Le ministère marocain des Affaires étrangères a rendu public, jeudi, un communiqué où il a appelé l'Algérie à rouvrir les frontières communes. «Le Royaume du Maroc appelle dans l'amitié fraternelle et la sincérité totale à une normalisation des rapports avec l'Algérie et à une ouverture de la frontière entre les deux pays», indique le communiqué répercuté par l'agence officielle, MAP. Les intentions du souverain chérifien ont été expliquées clairement. «Le Royaume du Maroc réitère sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins, tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé», souligne-t-on. Dans un entretien qu'il a accordé à l'Agence Reuter, il y a une semaine, le président Bouteflika avait annoncé que l'ouverture des frontières avec le Maroc interviendra «lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement». Les «précisions» de Rabat aux déclarations des «hautes autorités algériennes» se sont voulues obligeantes et pragmatiques. Il est indiqué, en ce sens, que la fermeture est intervenue «dans un contexte international, régional et bilatéral, aujourd'hui largement dépassé». Et pour dégager toute responsabilité de ce «fait singulier et exceptionnel dans le monde», on ne manquera pas de préciser que la fermeture «a été décidée de manière unilatérale par l'Algérie». Aussi, le Royaume du Maroc a rappelé avoir pris en 2004 et 2005 de nombreuses initiatives «visant à favoriser la normalisation des relations bilatérales et la relance effective de la construction maghrébine». On a cité, notamment, «la levée de la procédure des visas à l'endroit des ressortissants algériens frères dix années après son instauration». Ceci avant de «regretter» le fait que «depuis lors, la frontière soit restée, quant à elle, fermée.» Laquelle fermeture, ajoute la diplomatie du roi Mohammed VI, est «contraire aux aspirations des peuples du Maghreb, des attentes de ses partenaires et des exigences régionales de paix et de développement.» Des arguments, en faveur de l'ouverture des frontières, avancés également du côté d'Alger. «C'est notre souhait, fondé du reste sur des considérations culturelles, sociales et économiques», avait indiqué le président Bouteflika à Reuters. L'ouverture des frontières indique-t-on, est de nature à «satisfaire les souhaits des populations frontalières, et en particulier les familles concernées». Le rétablissement de la circulation terrestre entre les deux pays, ajoute-t-on, permettra de «canaliser les flux des marchandises qui font aujourd'hui l'objet de mouvements illicites et de trafics notoires». Il est à noter sur ce point, que pour les trafiquants de drogues, de carburants et les autres groupes terroristes, la frontière algéro-marocaine n'a jamais été fermée. En témoignent les grandes quantités de produits illicites saisies, chaque année, sur la bande frontalière des deux pays. Il est à souligner, par ailleurs, que la question du Sahara occidental a été évoquée de manière évasive dans le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères. Une question qui est, pourtant, à l'origine de la dégradation des relations bilatérales et, par voie de conséquence, du gel du projet de la construction maghrébine. Rappelons, à ce propos, que l'ouverture des frontières entre les deux pays était sur le point d'être concrétisée en 2005 quand Rabat, puis Alger, ont décidé, à quelques mois d'intervalle, de supprimer le visa pour les ressortissants des deux pays. Une convergence éphémère qui a buté sur l'embûche du conflit au Sahara occidental. Une crise qui fait actuellement l'objet de négociations mouvementées entre le Maroc et le Front Polisario, sous l'égide de l'ONU. Il convient de noter, enfin, que malgré les divergences profondes ayant caractérisé les positions politiques des deux Etats, aucun des officiels n'a renié les liens de fraternité viscérale liant les deux peuples. Une base solide pour un bon redémarrage.