Tout en réitérant sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations maroco-algériennes, le Royaume maintient ses accusations contre l'Algérie. D'un côté, il critique, de l'autre, il quémande. Décidément, Mohammed VI ne sait plus ce qu'il veut. Quelle mouche a donc piqué le Roi du Maroc? Mohammed VI ne rate jamais l'occasion de lancer des flèches contre l'Algérie. Une nouvelle fois, le souverain marocain accuse l'Algérie d'être à l'origine du blocage des négociations au Sahara occidental ainsi que de la réouverture des frontières entre les deux pays. Sur le dossier du Sahara occidental, le Roi ose endosser la responsabilité du blocage actuel à l'Algérie. «Ce pays (l'Algérie, Ndlr) cherche à entraver la dynamique vertueuse enclenchée par l'initiative marocaine», a déclaré, jeudi, Mohammed VI dans un discours télévisé à l'occasion du 33e anniversaire de la «Marche verte». Sur sa lancée, il s'acharne contre l'Algérie: «Elle met (encore l'Algérie) tout en oeuvre pour faire perdurer la situation actuelle, qui fait planer les périls de la balkanisation sur la région du Maghreb et du Sahel.» Le souverain marocain maîtrise apparemment parfaitement la tactique qui dicte que la meilleure défense c'est l'attaque. Alors, comment peut-on expliquer cette «rage» marocaine envers l'Algérie? Le Maroc n'est-il pas en train de jouer son va-tout pour imposer son plan «d'autonomie» au peuple sahraoui? L'Algérie défend un principe universel qui est celui de la communauté internationale et des Nations unies, lequel stipule le droit des peuples encore colonisés à l'autodétermination. Faut-il rappeler encore au Royaume chérifien que la position de l'Algérie au sujet du Sahara occidental s'inscrit dans le cadre du respect à la légalité internationale et des résolutions pertinentes de l'ONU sur la question? Dans ce cadre, toute tentative visant à inscrire le problème du Sahara occidental dans un contentieux algéro-marocain ne peut être qualifiée que de procédé dilatoire. L'Algérie a réaffirmé, maintes fois, que «dans ce conflit opposant le peuple sahraoui à la puissance occupante, c'est-à-dire le Maroc, tout règlement doit nécessairement intervenir par accord entre ces deux parties». Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, souligne par ailleurs que «l'Algérie ne peut ni ne veut se substituer au peuple sahraoui dans la détermination de son avenir». Pour l'Algérie, il s'agit d'un problème de décolonisation inscrit de longue date dans les tablettes de l'ONU. Réagissant aux déclarations du souverain marocain, la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) qualifie, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les propos de Mohammed VI de «fuite en avant». «Le roi ignore les résolutions des Nations unies et du Conseil de sécurité.» Le communiqué précise le refus du Maroc quant à la désignation d'un nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU afin de rouvrir le dossier des négociations et d'aller vers «la solution stipulée par toutes les résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 1813 qui donne droit au peuple sahraoui d'exercer son droit à disposer de lui-même ainsi que son droit à l' indépendance». La Rasd fait endosser le blocage du processus de négociations à Mohammed VI. Concernant la réouverture des frontières, Mohammed VI soutient «l'attachement de (notre) pays à l'ouverture des frontières et la normalisation des rapports (maroco-algériens) doit être considéré comme l'expression d'une fidélité aux liens de fraternité et de bon voisinage» et de déplorer le refus, selon lui, de l'Algérie, pays «frère et ami» de rouvrir ses frontières. La frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie a été fermée en 1994, après que le Maroc eut accusé l'Algérie d'avoir favorisé les attentats de Marrakech et imposé des visas aux citoyens algériens souhaitant se rendre au Maroc. Sur cette question, l'Algérie a affirmé à diverses reprises que la frontière resterait fermée jusqu'à ce que les deux pays apurent la totalité des contentieux encore en suspens. Dans un entretien accordé à l'agence Reuter, le Président Bouteflika avait indiqué que l'ouverture des frontières avec le Maroc, interviendra «lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement». «Le problème de la circulation aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb», a renchéri de son côté, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Et de poursuivre: «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble, trouvent leur place.» Un bon nombre d'observateurs analysent qu'à travers cette sortie, le roi du Maroc tente de détourner l'attention du peuple marocain des vrais problèmes. Ils estiment que le Makhzen ne cesse, à chaque fois, d'occulter les problèmes que vit quotidiennement le peuple marocain. Le Royaume chérifien utilise tous les moyens pour étouffer les différents scandales et calmer le front social sur un chaudron. Alors haro sur le voisin algérien! Le subterfuge adopté par le Makhzen prend forme. Oubliant ses déboires, il détourne la tête de ses problèmes pour se tourner vers cette Algérie qui, décidément, empêche les gens de l'Ouest de dormir.