Alger dit non à la réouverture des frontières avec le Maroc en affirmant que les conditions ayant présidé à sa fermeture sont encore là. Un règlement global du contentieux s'impose d'autant qu'Alger attend toujours des excuses de la part de Rabat. “La réouverture des frontières avec le Maroc n'est pas à exclure, mais elle ne présente pas d'urgence”, a déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III, Nourredine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en réponse à la demande formulée le week-end passé par le ministère marocain des Affaires étrangères quant à une réouverture des frontières entre les deux pays fermées depuis 14 ans. “Le royaume du Maroc réitère sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé”, a indiqué le communiqué du MAE marocain qui a tenté de justifier cette nouvelle approche par “le fait que le contexte régional et international de la fermeture par l'Algérie de cette frontière est aujourd'hui largement dépassé”. Hier, le ministre de l'Intérieur a clairement laissé entendre qu'une éventuelle réouverture de ce dossier demeure conditionnée par une série de mesures qui s'inscrivent dans le cadre du règlement global des contentieux existant entre les deux pays. Il faut savoir que l'affaire des frontières date d'août 1994, lorsque Rabat avait imposé unilatéralement des visas d'entrée aux ressortissants algériens. Les Marocains avaient alors justifié leur mesure par la situation sécuritaire prévalant en Algérie surtout après qu'un attentat terroriste eut été perpétré à Marrakech tout en accusant implicitement Alger d'en être derrière. L'Algérie avait répondu par la réciprocité en décidant de fermer ses frontières terrestres avec le royaume chérifien tout en demandant des excuses après que les accusations de Rabat sur l'implication des services de sécurité algériens dans l'attentat de Marrakech se sont avérées infondées. Nourredine Yazid Zerhouni qui a évoqué l'impératif de la construction maghrébine qui demeure encore un vœu pieux, a présenté un certain nombre d'arguments qui plaident malheureusement encore pour le maintien de la fermeture des frontières terrestres avec le royaume chérifien. “Nous connaissons aujourd'hui les dégâts de la contrebande et… la réouverture des frontières n'apportera pas de solution à ce problème”, a ajouté le ministre de l'Intérieur. Il est vrai que les frontières ouest sont aujourd'hui non seulement synonyme de contrebande, un fléau qui continue de provoquer la saignée de l'économie du pays, mais aussi et surtout de plaque tournante de trafic de drogue en provenance du Maroc. Les saisies opérées régulièrement par les services de sécurité prouvent l'ampleur des dégâts causés par les filières de la contrebande en tous genres allant jusqu'aux armes destinées aux maquis du GSPC. Il y a lieu de relever que la démarche marocaine, quant à une demande insistante depuis 2005, est motivée par le souci de la réhabilitation de l'économie locale et, notamment des régions est du royaume qui ont tant profité de l'apport des touristes algériens qui ont dépensé pour la seule période de 1990-1994 plus d'un milliard et demi de FF. C'est dans ce cadre que le Maroc a décidé de supprimer, en 2005, les visas d'entrée sur son sol. Ce qui entraînera la réciprocité par l'Algérie, une année plus tard. Mais, la frontière terrestre demeure, néanmoins, fermée. Et l'Algérie détermine sa réouverture par le règlement de tous les dossiers qui ont entouré la décision de Rabat. Et ce n'est pas par hasard si le président Bouteflika a insisté, dans l'entretien accordé récemment à l'agence Reuters, sur le fait que “la réouverture de la frontière est néanmoins liée aux conditions qui ont présidé à sa fermeture et qu'elle interviendra lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement”. Le rapt des touristes autrichiens en Tunisie : “l'Algérie n'est concernée ni de près ni de loin” Sur un autre registre, et cette fois d'ordre sécuritaire, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, a abordé l'affaire des deux touristes autrichiens kidnappés en Tunisie par Al-Qaïda au Maghreb. Tout en relevant le fait que le dossier est exclusivement tuniso-tunisien, le ministre de l'Intérieur a précisé que l'Algérie n'est pas concernée ni de près ni de loin par l'enlèvement des touristes autrichiens. Pour Yazid Zerhouni, toute attaque terroriste dans le monde préoccupe l'Algérie et les Algériens. Il a également nié toute implication de l'Algérie dans la libération des otages d'autant que Vienne avait récemment sollicité l'aide des services de sécurité de l'UE dont la DGSE française dans cette affaire. Salim Tamani