«J´aimerais quand même bien savoir ce qui se passe. Je ne fais pas beaucoup confiance à la presse étrangère car elle déforme beaucoup les faits.» Un jeune Chinois (Le Monde du 22/03/2008) Cette inquiétude de ce jeune Chinois résume, en fait, la situation actuelle. Les médias occidentaux qui formatent l´imaginaire des lecteurs font apparaître la situation sous un jour couleur de soufre pour diaboliser -à bon escient, et on les comprend- la Chine dont la réussite insolente est loin d´être expliquée. En effet, c´est la première fois depuis les accords de Bretton Woods que l´économiste en chef de la Banque mondiale, qui vient d´être nommé est un Chinois, en clair un communiste, en théorie ennemi juré du capitalisme, qui va dicter la norme capitaliste... Avant d´expliquer les troubles du Tibet intéressons nous au pays. Si l´on se rapporte à L´Encyclopédie Wikipédia on lit: "On dénomme Tibet l´aire asiatique habitée par le peuple des Tibétains. Le nombre de Tibétains dans l´ensemble de ces régions est de 5.240.000. La superficie du Tibet varie de 1.221.600km² pour la région administrative, à 2.500.000km² pour le Grand Tibet revendiqué par le gouvernement tibétain en exil. Après l´invasion et le contrôle par le pouvoir mongol de la Chine au XIIe siècle et la fondation de la dynastie Yuan par Kubilaï Khan, les relations politiques entre les chefs des écoles du Bouddhisme tibétain et l´Empereur de Chine, Mongol à l´époque, débutèrent. De 1643 à 1949, le Tibet était gouverné par le dalaï-lama et le gouvernement tibétain, parfois en tant que chef d´Etat, parfois en tant que vassal de l´Empereur de Chine. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, une situation de concurrence se développe entre la Russie et la Grande-Bretagne, la Grande-Bretagne cherchant à contrôler le Tibet depuis l´Inde, et la Russie cherchant à l´en empêcher pour maintenir son influence en Asie centrale. Par leur expédition militaire conduite par le colonel Francis Younghusband, qui écrase dans le sang en 1904 la défense tibétaine, les Britanniques finissent par s´imposer au Tibet, et s´y attribuent des privilèges commerciaux et diplomatiques. On remarquera au passage que le Royaume-Uni, qui s´apprête à recevoir le dalaï-lama, n´est pas un modèle de par sa politique coloniale en matière d´Habeas Corpus. Le dalaï-lama et la CIA En 1908, la Chine, profitant du départ des troupes britanniques, reprend provisoirement le contrôle du Tibet, jusqu´à la révolution de 1911 qui marque l´effondrement de l´Empire Qing et l´installation de la République de Chine. En 1950, l´Armée populaire de libération entre au Tibet et rencontre peu de résistance de la part d´une armée tibétaine faible et mal équipée. A partir de 1959, juste après avoir réprimé ce qu´il qualifie de révolte de l´ancienne classe privilégiée de l´ancien Tibet, le gouvernement communiste met en place au Tibet une série de réformes, notamment l´abolition du servage. Alors que Hu Jintao était le responsable politique au Tibet en 1989, une manifestation de Tibétains finit dans un bain de sang. Pour l´histoire la légitimité politique du dalaï-lama, littéralement "le maître dont la sagesse est aussi grande que l´océan", commence en 1578 pour la première fois, le prince mongol Altan Khan, qui gouverne alors le Tibet, donne le titre de dalaï-lama à Sonam Gyatso, abbé du monastère de Shigatse, situé dans l´ouest du pays. Le dalaï-lama n´a, à l´époque, qu´un pouvoir spirituel. C´est le cinquième dalaï-lama qui reçoit, en 1642, des mains du chef Güshi Khan, l´autorité politique temporelle sur le Tibet. Un mandat confirmé ensuite par les empereurs chinois qui prennent la suite des Mongols au début du XVIIIe siècle et qui voient, à travers cet unique interlocuteur politique et religieux, un moyen de mieux contrôler la région. L´actuel dalaï-lama est découvert par les religieux tibétains à l´âge de 3 ans. Il a 13 ans quand, en 1950, les troupes chinoises envahissent son pays, et 15 quand, dans l´urgence, le gouvernement tibétain lui remet les pleins pouvoirs. Qui sont les sponsors du dalaï-lama? De 1959 à 1972 il aurait reçu 180.000 dollars par an pour lui personnellement, sur les fiches de paie de la CIA (documents libérés par le gouvernement américain; le dalaï-lama a nié la chose jusqu´en 1980). 1,7 million de dollars par an pour la mise en place de son réseau international. En 1959, les Etats-Unis parvenaient quand même à convaincre le dalaï-lama de quitter le Tibet, mais il fallait encore convaincre l´Inde de lui accorder l´asile. Eisenhower proposait un "marché" à Nehru: l´Inde acceptait le dalaï-lama sur son territoire et les Etats-Unis octroyaient à 400 ingénieurs indiens une bourse d´études afin qu´ils s´initient à la "technologie nucléaire" aux Etats-Unis. Le marché fut accepté. En 1974, la première bombe A indienne fut affublée du surnom cynique de..."bouddha souriant"(1) La préparation de la révolte armée tibétaine a duré des années, sous la direction des services secrets américains, la CIA. C´est écrit noir sur blanc dans The CIA´s Secret War in Tibet (La guerre secrète de la CIA au Tibet) de Kenneth Conboy (University Press of Kansas, 2002), un ouvrage à propos duquel le spécialiste de la CIA, William Leary, écrit: "Une étude excellente et impressionnante sur une importante opération secrète de la CIA durant la guerre froide." "L´histoire des combattants tibétains de la liberté soutenus par la CIA", de Mikel Dunham explique comment la CIA a transféré des centaines de Tibétains aux Etats-Unis, les a entraînés et armés, a parachuté des armes sur le territoire, a enseigné aux gens comment ils pouvaient se servir d´armes à feu tout en étant à cheval, etc. La préface de cet ouvrage a été rédigée par "Sa Sainteté le dalaï-lama".(2) Patrick French, alors qu´il était directeur de la "Free Tibet Campaign" (Campagne pour l´indépendance du Tibet) en Angleterre, a été le premier à pouvoir consulter les archives du gouvernement du dalaï-lama en exil et en est arrivé à la conclusion dégrisante que les preuves du génocide tibétain par les Chinois avaient été falsifiées et il a aussitôt donné sa démission en tant que directeur de la campagne pour l´indépendance du Tibet.(3) La demande d´indépendance du Tibet que ne réclamait pas au départ le dalaï-lama, est-elle discutable? On rapporte que selon certains écrits, Lorsque le dalaï-lama et la classe des propriétaires étaient au pouvoir au Tibet, 95% de la population étaient des serfs féodaux, sans aucun droit humain. Ils pouvaient être vendus comme des marchandises. Ils étaient fréquemment insultés et battus ou devaient même affronter des châtiments d´une rare violence: par exemple, on leur arrachait les yeux, on leur coupait la langue ou les oreilles, les mains ou les pieds, on leur arrachait les tendons, à moins qu´on ne les noyât ou qu´on ne les projetât dans le vide depuis le sommet d´une falaise. Il était interdit de sortir de sa classe. La manipulation occidentale est de règle. Pour freiner la Chine, on l´attaque sur son talon d´Achille: le Tibet. Deux versions des faits nous sont proposées: Celle des médias occidentaux qui font feu de tout bois pour ameuter les âmes sensibles sur le sort du Tibet à 5 mois des Jeux olympiques dont on promet qu´ils seront le signe éclatant de la réussite économique, scientifique et technologique de la Chine. "La police armée chinoise occupe Lhassa, où elle a imposé son "ordre" en tirant sur la foule. Le bilan de la répression des manifestations pourrait dépasser 80 morts et la révolte se répand dans les provinces alentour. Le calme était revenu dimanche 16 mars à Lhassa. Les manifestations pacifiques entamées mardi à Lhassa par des centaines de moines ont été réprimées vendredi par une intervention violente de la police." On était sur la place centrale vers 13 heures, on voyait des drapeaux blancs de manifestants dans la foule, quand les policiers sont arrivés en force et ont fait évacuer ",raconte un des milliers de touristes présents dans la ville".(4) La deuxième version est celle des médias libres: "Des jeunes Tibétains vandales ont lancé des pierres et battu des Chinois dans la capitale du Tibet et mis le feu à des magasins, mais le calme est maintenant revenu après la répression des militaires, selon les dires de touristes venant de la région de l´Himalaya. "C´était une explosion de colère contre les Chinois et les Musulmans par les Tibétains. Les médias et ONG sont en train de nous la rejouer style "révolution colorée", "sauvez le Darfour", à 5 mois des Jeux olympiques, cette fois avec le Tibet. Personne n´a parlé de l´origine raciste des violences.(5) Le chantage par les J.O. Dans le même ordre, un autre témoignage est celui d´un témoin contrairement au journaliste de La Croix qui écrit son article à partir de Pékin: Il s´agit du journaliste James Miles, du journal d´affaires The Economist. Il est le seul journaliste accrédité dans la capitale tibétaine Lhassa. Il écrit qu´il ne s´agissait pas de manifestations pacifiques, mais d´une émeute violente. Cela a commencé vendredi, peu après midi, lorsque de petits groupes de jeunes Tibétains, armés de sabres, de cocktails Molotov et de gourdins s´en sont pris aux magasins des Hui, les ont pillés et y ont bouté le feu. Les Hui constituent un groupe musulman minoritaire qui habite la région depuis des siècles déjà. L´émeute était de nature ethnique, raciste. La police chinoise, écrit encore le journaliste, a fait preuve d´une grande retenue et n´est pour ainsi dire pas intervenue. Durant tout l´après-midi du vendredi, le témoin n´a pas vu un seul policier armé. Ce n´est que samedi à midi que sont apparus les premiers agents armés.(6) Enfin, un autre témoignage après le retour calme, rapporté par Le Monde est celui d´un tibétain. Pour Jaya, étudiant tibétain les émeutes de Lhassa, où vit sa famille, sont le fait de jeunes désoeuvrés. "Ils ne savent pas quoi faire, ils ont du ressentiment. C´est vrai qu´il y a une concurrence avec les Hans au Tibet. Les Hans peuvent partir de zéro et réussir. Ce n´est pas toujours facile de trouver du travail. Mais depuis dix ans, on se rend compte que le niveau de vie a augmenté. Même dans les campagnes, ils sont bien plus équipés en électroménager, par exemple. Que les Tibétains se sentent exclus du développement économique ne le convainc pas: "J´ai des amis tibétains, beaucoup d´entre eux ont démarré des affaires à Lhassa; il y a beaucoup d´opportunités. Vous avez à Chengdu des négociants tibétains du Sichuan qui ont beaucoup d´argent""(7) On en déduit que cette propagande n´est pas innocente. D´ailleurs, il faut savoir que l´histoire du dalaï-lama est autrement liée aux Etats-Unis. Quand Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants des Etats-Unis, vendredi 21 mars, est venue rencontrer le dalaï-lama et déclara: "Nous appelons la communauté internationale à mener une enquête indépendante sur les accusations émanant du gouvernement chinois selon lesquelles sa sainteté [le dalaï-lama] a été l´instigateur des violences au Tibet." Ceci n´est pas innocent Le dalaï-lama fait l´objet de toutes les sollicitudes américaines. En octobre dernier, il avait reçu, la médaille du Parlement, plus haute distinction civile du Congrès américain. Michel Collon a raison d´écrire: "Aucune autre occasion n´aurait été si belle pour les Occidentaux, comme les Jeux olympiques de Pékin, pour essayer des manoeuvres basses de déstabilisation de la Chine par des manipulations en tous genres comme ce qui se passe aujourd´hui. Le réveil de la Chine ainsi que celui d´autres pays comme l´Inde est perçu, par les Occidentaux, comme un affront, une réelle menace qui constitue une atteinte à la dignité des Occidentaux. Situation que l´orgueil occidental ne saurait trop accepter et qu´il faut combattre par tous les moyens. Les informations ci et là relayées dans les médias occidentaux de la situation au Tibet et les condamnations unanimes des puissances occidentales sont de nature à induire en erreur le citoyen lambda. Lorsque les J.O ont eu lieu en Australie, personne ne s´est posé la question sur le sort des Aborigènes qui est aussi non enviable que celui des Palestiniens et des Tibétains. Sauf que ici, les bourreaux des Aborigènes et des Palestiniens sont dans le bon camp. C´est vraiment cette exploitation honteuse de la cause tibétaine pour des raisons purement de géopolitique/stratégie qui va condamner davantage ceux-ci."(8) Est-ce que le développement de la Chine a profité au Tibet par rapport à la situation de servage d´avant. C´est un fait que les conditions se sont améliorées. L´oeuvre la plus visible est le train qui va de Pékin à Lhassa véritable prouesse technologique pour faire monter un train à cette altitude!! La peur pour les Tibétains de la dissolution de leur identité est compréhensible; 6 millions de Tibétains en face d´un milliard et demi de Chinois, la crainte est réelle. Il est à espérer que ceux qui appellent au boycott des Jeux et à attiser la discorde, risquent un jour d´être concernés par le réveil brutal des minorités. L´Affaire du Kosovo est une erreur. Il est bien connu que la politique du pire, est la pire des politiques. (*) Ecole nationale polytechnique 1.Raj Ramanna, ancien directeur du programme nucléaire de l´Inde, 10/10/1997, Press Trust of India. 2.Infortibet.http://infortibet.skynetblogs.be/post/5433093/tibetaanse-en-internationale 14 012008. 3.http://www.solidaire.org/ 31-05-2006 4.Tristan de Bourbon: La répression de la Chine sur le Tibet: La Croix 17/03/2008 5.Sam Taylor Tibet: des Actes de Violence Racistes Anti Chinois et Anti Musulmans s. 19/03/08 www.heraldsun.com. www.planetenonviolence.org 6.Que s´est-il vraiment passé à Lhassa? Journalistes et touristes disent autre chose. Alterinfo. 20 03 2008 7.Brice Pedroletti. A Chengdu, les quartiers tibétains sous haute surveillance Le Monde 23.03.08 8.Tibet: le piège tendu par les Occidentaux à la Chine http://www.michelcollon. info/articles.php?dateaccess=2008-01 02%2018:31:49&log=lautre histoire.