Ce rendez-vous intervient à un moment où le marché algérien connaît une expansion sans précédent. Le 12e Salon automobile d'Alger a ouvert ses portes, aujourd'hui, avec beaucoup de couleurs. Un rendez-vous qui a réuni 61 exposants dont 36 concessionnaires; la majorité de ces derniers étant représentée par l'association algérienne des concessionnaires (AC2A) qui a consacré, hier, une journée entière à la presse. Le marché de l'automobile a littéralement explosé ces dernières années en Algérie. Certains n'hésitent pas à le comparer au boom exceptionnel qu'a connu, dans le même temps, la téléphonie mobile. Pas moins de 3,5 millions de véhicules circulent sur les routes algériennes qui comptent quelque 110.000km. Selon le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes algériennes (Cnis) pour le premier semestre de l'année 2007, l'Algérie a importé 135.032 véhicules, contre 91.239 à la même période en 2006. Ce chiffre comporte les importations effectuées par les concessionnaires ainsi que par les particuliers pour une part moins importante. L'Office national des statistiques (ONS) avance le chiffre de 200.000 véhicules importés chaque année. En valeur, les chiffres communiqués par l'Office indiquent que des 280 millions de dollars dépensés en 1993, le montant est passé à 780 millions en 2003, pour atteindre le milliard de dollars en 2005. Un Algérien sur 10 possède un véhicule selon certaines sources. Selon l'ONS, le parc national automobile a connu, de 1995 à 2006, un accroissement substantiel se traduisant par l'entrée de 704.000 véhicules représentant un peu plus du quart (26%) du parc existant en 1995. Le nombre de véhicules, tous genres confondus, répertoriés en 2006 s'élève à 3,4 millions d'unités contre 2,7 millions en 1995. avec une prépondérance pour les véhicules de tourisme. Ce qui place le parc automobile de notre pays au premier rang des pays maghrébins. Les raisons de ce boom sont multiples. Il y a d'abord la hausse du pouvoir d'achat sans lequel rien n'aurait été possible. Il y a aussi la décision d'arrêt des importations des véhicules d'occasion, ce qui a eu pour effet de booster les ventes de voitures neuves. Enfin, il y a la participation des banques avec le crédit véhicule qui participe pour une large part à cette démocratisation de la voiture en Algérie. Les voitures les plus vendues sont dans l'ordre, les françaises avec Peugeot, Renault et Citroën, les japonaises comme Toyota et Suzuki, les sud-coréennes représentées entre autres par Kia, les chinoises dont la plus populaire est la célèbre Maruti et la toute nouvelle HaIma très vite adoptée par les ménages. Sans oublier le fameux Nomad un tout-terrain qui a eu un franc succès. On ne peut pas aborder le formidable développement du marché de l'automobile en Algérie sans évoquer ce qui pourrait être considéré comme le revers de la médaille que sont les accidents de la route qui causent chaque année quelque 4000 décès et plusieurs milliers de blessés dont beaucoup resteront handicapés à vie. Et puis, il y a aussi cette lancinante inquiétude de l'endettement des ménages dont les effets n'apparaîtront qu'à moyen terme. Au-delà des chiffres et des statistiques, chacun peut au quotidien constater que la circulation automobile sur les routes et autoroutes algériennes est de plus en plus problématique. Quant au stationnement dans les grands centres urbains, il est tout simplement, en état de saturation permanente. Malgré tout, l'extraordinaire boom du marché de l'automobile est un indicateur très fort du niveau de vie sans cesse croissant des Algériens. Certaines familles vivant sous le même toit se permettent même d'acquérir plusieurs voitures. Pour les parents. Pour les enfants. Pour la belle-soeur, etc. A l'instar du bâtiment, la voiture va, donc tout va. Il ne se trouvera personne pour contester une si bonne santé économique. Cela étant, le Salon d'Alger n'est pas dénué de véhicules de grand luxe. En effet, de puissantes cylindrées sont exposées dans l'esplanade de l'ex-Palais des expositions, actuellement Safex (Société algérienne des foires et exportations). Les rutilantes voitures sont présentées avec des pancartes affichant de prix qui restent encore inaccessibles pour la classe moyenne des Algériens. Les merveilles des constructeurs mondiaux les plus prestigieux s'offrent donc à l'oeil du visiteur, qui s'extirpe, le temps d'une escapade à travers les stands, à une amère réalité: une flambée des prix des denrées de première nécessité. Néanmoins, le marché automobile en Algérie, et de l'avis même des professionnels de ce créneau juteux, continue de connaître une embellie sans précédent, avec une hausse escomptée de 20% dans l'année qui vient. Aussi, et la flambée de la monnaie européenne aidant, nombreux sont les concessionnaires à avoir surenchéri les prix de leurs véhicules à au moins 1% dès le mois de janvier dernier. Du coup et face à cette exacerbation tous azimuts, la seule voie de salut pour le commun des consommateurs demeure le recours à la formule magique du crédit automobile institué par la plupart des enseignes automobiles. Là encore, cette alternative ne représente que 30% des facturations totales. Le Salon automobile d'Alger reste un baromètre fiable du marché, il intervient à un moment où ce dernier poursuit son boom et se place deuxième après celui de l'Afrique du Sud.