«On ne change pas une équipe qui gagne.» La déception et la consternation étaient totales dans les rangs des députés du RND, au lendemain de la publication des listes des candidats aux législatives et surtout de l'exclusion de 120 députés de l'actuelle Assemblée. «On ne change pas une équipe qui gagne», il est clair, ne fait pas partie des citations sportives du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia. La mise à l'écart de 90% de son effectif, selon ses termes, n'obéit à aucune règle politique. Et les quelques députés rencontrés, hier, à l'Assemblée ne comprennent pas encore l'attitude de leur chef. Ce qu'ils n'admettent pas surtout, ce sont l'exclusion de la majorité de l'intelligentsia et les cadres du parti et la reconduction de tous ceux qui n'ont pas de bagage et surtout de personnalités politiques. Un dissident du RND dira à ce propos: «Benflis a été plus intelligent, il a écarté les caciques et placé les jeunes et les meilleurs, et surtout les grandes compétences du parti.» Ils ne comprennent pas comment Belkacem Mellah, qui s'est toujours opposé à la politique d'Ouyahia et qui a été le seul à voter contre le Code pénal initié par le secrétaire général du RND, en tant que ministre de la Justice, a été reconduit à Oum El-Bouaghi! Ils ne comprennent pas comment des cadres placés à la tête d'importantes commissions, tels Smaïl Dine, président de la commission des finances, Kara Ahmed, président de la commission juridique, Yahi, président de la commission jeunesse et sport ou encore le député de Annaba Beldi qui était président de la commission santé, aient été écartés après avoir fait un excellent travail pour le parti à l'Assemblée! On n'explique pas encore la mise à l'écart du professeur Zidane, éminent chercheur au centre Pierre et Marie-Curie du CHU Mustapha qui était vice-président à l'APN, Hafnaoui Amrani, vice-président à l'Assemblée ou le député de Mascara Boumediene qui était membre du bureau politique du RND. Les députés, qui se sentaient, hier, abandonnés par leur comandant, ne comprennent pas pourquoi on a mis Harchaoui tête de liste à Alger, alors que même ses collaborateurs au ministère des Finances n'auraient pas voté pour lui. On ne comprend pas non plus comment on a pu mettre Bouchoureb tête de liste à Oum El-Bouaghi, alors qu'il n'est même pas militant. Certains députés, en colère, les appellent les militants du 19 mars 2002, en référence à tous ceux qui ont déposé leur candidature et leurs photos pour le compte de militants et se revendiquent des anciens du RND. Ils ne comprennent pas aussi pourquoi on parle de critères de sélection, alors que certains candidats ont des antécédents judiciaires et d'autres sont poursuivis en justice. C'est le cas célèbre, d'ailleurs de Mustapha Berraf ou encore du P-APW d'Oum El-Bouaghi, M.Hadji qui est inscrit second dans la wilaya et qui est poursuivi en justice. Même s'ils reconnaissent que certains députés ne méritent pas leur place à l'Assemblée, l'exclusion de la majorité des élus du RND de l'APN est perçue comme une injustice. Mais une injustice qui ne va pas faire baisser leur conviction pour un parti qu'ils ont porté et qu'ils porteront toujours. Il n'est pas question de démissionner, a déclaré un député exclu, c'est ceux qui nous ont exclus qui doivent partir. Une allusion à peine voilée à la commission électorale composée de deux sénateurs, Chihab Seddik et Douagui ainsi que du SG Ouyahia. Si certains accusent la commission, la majorité incombe cette mise à l'écart au secrétaire général Ahmed Ouyahia et rappelle que le jour de la création de la commission, il avait déclaré: «La liste des candidats, c'est moi.» Quoi qu'il en soit, le feu s'installe dans le jardin, mais n'a pas encore atteint la demeure du RND. Et si Ouyahia ne donne pas d'explications concrètes, à ces dissidents, il fera face à un vaste mouvement de dissidence.