Qu'est-ce qui fait courir les militants et les députés sortants du FLN et « sortis » après l'élaboration des listes des candidats aux législatives du 17 mai ? Certes, beaucoup d'entre eux se voyaient déjà figurant sur les fameuses listes, peut-être pas en tête, mais en bonne position pour prétendre à un siège dans l'hémicycle du palais Zighout Youcef. Surtout dans les grandes villes, et particulièrement dans le centre du pays où le forfait déclaré du FFS nourrit les espoirs les plus fous chez bon nombre d'entre eux. Les « places libérées » en Kabylie et en partie dans l'Algérois où le plus vieux parti d'opposition y compte un électorat fidèle et sûr, reviendraient d'abord au FLN, selon la logique de ces parlementaires aujourd'hui déçus et dont presque la totalité a été éconduite pour le moins de manière peu cavalière. Faut-il alors s'étonner que des militants non contents de ne pas figurer sur les précieuses listes mises sous embargo jusqu'à la dernière minute prennent d'assaut les mouhafadas FLN de Béjaïa ou de Tizi Ouzou ? Les descentes d'intimidation des « militants de base » à Oran et dans d'autres grandes villes du pays en dehors de celles du Centre s'inscrivent aussi dans ce sens. Ou encore que d'autres sympathisants et députés sortants « éconduits » appellent à un mouvement de « redressement bis », s'organisent en comité, brandissent la menace de pétitions etc. La finalité de leur action étant la destitution du secrétaire général du parti, quitte à tenir un congrès extraordinaire même la nuit s'il le faut. Pour tous ces mécontents, le vide ainsi laissé, suite à la non-participation du parti d'Aït Ahmed pourrait être largement comblé par le FLN qui s'apprêterait, selon son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, à faire une véritable razzia le 17 mai. C'est sans doute forts de ce pronostic de leur premier responsable que tous ces militants et députés qui se considèrent comme faisant partie d'une équipe gagnante - qui ne doit être modifiée par quiconque - pas même le président de la République et président d'honneur du FLN, sans risque de faire une grave entorse aux statuts du parti, montent au créneau et vouent aux gémonies Abdelaziz Belkhadem. Quelques-uns d'entre eux semblent caresser l'espoir que la mayonnaise prendra et qu'au dernier moment des repêchages, plus qu'improbables d'ailleurs, leur permettront de briguer un premier mandat parlementaire ou un de plus pour les autres. Mais aussi bien pour les premiers que pour les seconds, c'est sans doute en dernier ressort « l'habile » dosage qui décidera des quotas de représentation parlementaire entre les différentes formations à l'APN. Lequel dosage reste toujours l'apanage de cercles de décisions externes, de cabinets noirs, pour reprendre l'expression chère au fin observateur de la vie politique qu'était feu M'hammed Yazid. Dans de telles conditions, de crise latente dans ses rangs, l'ex-parti unique pourrait voir sa position s'affaiblir quelque peu au sein de l'Alliance présidentielle, d'autant qu'en face aussi bien le RND d'Ahmed Ouyahia ou le MSP de Bouguerra Soltani semblent tirer la couverture vers eux. Ces cris et chuchotements qui se font entendre au FLN pourraient bien arranger les affaires du RND qui se présentera aux lecteurs avec le « look » d'une formation de jeunes cadres, nantie de chefs de file incontestés ou presque. Une formation qui considère sans doute avoir mangé son pain noir depuis qu'elle a cédé la présidence du gouvernement au FLN. Les choses pourraient alors changer au lendemain du 17 mai. Dans le même temps, au niveau du MSP, Soltani boit du petit lait et se réjouit peut-être de la mauvaise posture dans laquelle le secrétaire général du FLN risque de se retrouver dans les prochains jours. Le leader islamiste et non moins ministre d'Etat a rappelé, samedi dernier, à la télévision que son parti n'entendait pas se contenter d'un second rôle au sein de l'Alliance présidentielle, allant jusqu'à revendiquer le tiers du pouvoir. Tirant un bilan fort élogieux de l'action de ses ministres dans l'application du programme présidentiel, il a laissé entendre que le MSP s'attend, tout au moins, à garder ce qu'il a déjà, sinon plus serait bon à prendre. Il s'agit là ni plus ni moins d'une mise en garde à mots couverts avancée dans le cas où l'on envisagerait de réduire la part du MSP, au profit exclusif du RCD de Saïd Sadi par exemple qui fera son entrée à l'APN pour la prochaine mandature.