Au-delà du prosaïsme qui la caractérise (en sus des indépendants, 22 partis y siègent dont 13 totalisent entre 4 et 1 seul élus), la nouvelle Assemblée populaire nationale regroupe en son sein quelques députés atypiques qui risquent d'écorcher sa crédibilité. Dans l'ambiance d'une première rentrée des classes, les députés élus des législatives du 17 mai 2007 ont tous répondu présents à l'appel qui a suivi l'ouverture de la première séance plénière de la sixième législature. Nouveaux ou déjà habitués à l'espace de l'hémicycle de l'avenue Zighoud-Youcef, ils semblaient tous particulièrement ravis d'avoir gagné, par la grâce des électeurs, leur mandat parlementaire et les avantages y afférents. Avant de rejoindre leur place dans les travées de l'hémicycle (dans un premier temps, les députés étaient placés par ordre alphabétique et non pas par groupe parlementaire), les nouveaux membres de l'Assemblée populaire nationale s'échangeaient des congratulations ou simplement appréciaient des retrouvailles, pour les uns après cinq ans d'absence de l'institution. Les ministres élus (15 appartenant au FLN, 2 au RND et 2 au MSP) se complaisaient parfaitement dans leur habit de députés, ne se souciant guère du sort réservé au gouvernement qui devait démissionner avant la validation de leur mandat. Jusqu'à l'ouverture de la séance consacrée à l'installation de la nouvelle APN, aucune information n'avait été encore rendue publique sur le départ officiel de Belkhadem et de son équipe. Interpellés sur le propos, plusieurs ministres députés ont affirmé ne pas savoir ce qu'il est advenu du gouvernement. “C'est Belkhadem qui doit présenter la démission du gouvernement. Nous ne sommes plus concernés par cela”, a déclaré Abdelkader Messahel. Tentant une réponse plus précise, El-Hachemi Djiar, ministre de la Communication, a indiqué que le gouvernement devait présenter sa démission, “ce matin à 9h”, c'est-à-dire jeudi matin. Il n'en fut pourtant rien sans que cette faille dans le respect des lois de la République ne gêne outre mesure le déroulement de la cérémonie d'installation de la sixième législature. Abdelaziz Ziari est lui-même concerné par l'incongruité de la démarche en sa qualité de ministre chargé des Relations avec le Parlement, alors qu'il se destinait à présider l'Assemblée populaire nationale grâce à l'onction des trois partis de l'alliance présidentielle. Il semblait que ce détail ne préoccupait pas particulièrement l'homme, très sollicité par les représentants de la presse nationale et étrangère, mais aussi par de très nombreux députés qui entamaient par là un sacré travail d'allégeance. L'enjeu étant de décrocher une place au sein de la conférence des présidents (9 vice-présidences de l'APN et 12 présidences de commissions permanentes). Pourtant, le choix des hommes pour les postes de responsabilité dans les instances de l'institution échoit naturellement aux directions des partis politiques. Deux députés indépendants prenaient à témoins les journalistes sur les fausses informations qui circulaient quant à la désertion de 20 élus qui auraient rejoint le FLN. “Uniquement quatre députés ont quitté le groupe. Et encore, cela reste à confirmer. En parallèle, 8 députés, élus sur les listes des partis minoritaires, devraient venir renforcer nos rangs”, nous a affirmé Kamel El-Aïd, élu de Tipasa. Il a indiqué que son groupe se réunira lors de la pause-déjeuner pour débattre de cette problématique. Ahmed Benbouzid, alias cheikh Attalah de l'émission “El Fhama” (élu de Djelfa), captait également l'attention des journalistes. Se confondant, sciemment ou par inadvertance, dans son rôle de comédien et son statut de parlementaire, il distillait des déclarations qui manquaient de sérieux et de consistance. “Si le FLN m'offre des compensations intéressantes, je le rejoindrai”, a-t-il affirmé tout de go devant des journalistes ahuris. La consœur d'El Moudjahid, visiblement outrée par ces propos, s'est permise de lui faire la morale en lui reprochant de manquer de fidélité aux électeurs qui l'ont choisi comme candidat indépendant et non pas sous la chapelle du FLN. Il a alors promis d'ouvrir une permanence électorale à Aïn Oussera et de créer un site Web en direction des citoyens de Djelfa qui ont voté pour lui. Une députée de Sétif a aussi constitué une attraction pour avoir été d'abord élue reine de beauté de cette ville avant d'être élue à l'Assemblée populaire nationale. Elle a évidemment refusé d'être cantonnée dans cette image en mettant en avant son métier d'avocate. Au-delà du prosaïsme qui la caractérise (en sus des indépendants, 22 partis y siègent dont 13 totalisent entre 4 et 1 seul élus), la nouvelle Assemblée populaire nationale regroupe en son sein quelques députés atypiques (des exemples sont donnés plus haut) qui risquent d'écorcher sa crédibilité. Pourtant, des dossiers lourds attendent les députés de la sixième législature. Avant la clôture de la session d'automne, qui devrait intervenir au plus tard le 2 juillet prochain, les élus auront à débattre du programme du gouvernement et du projet de révision de la loi organique portant régime électoral. Souhila H.