Le sprint final, atteint hier à minuit, a dû réserver pas mal de surprises. Hier, à minuit, a été clôturé officiellement le dépôt des listes de candidature. Le même jour, notre tour d'horizon des permanences politiques, nous a permis de constater que tous effectuaient le dernier sprint pour finaliser les papiers nécessaires au dépôt des listes. Aucun parti, donc, n'était en mesure de nous donner avec exactitude le nombre de ses listes, ni même la totalité de sa composante humaine. Pour le moment, il est possible de dire que seuls le RND et le FLN ont satisfait à toutes les exigences et ont déposé, chacun, les 48 listes plus la 49e destinée à l'émigration. Comme écrit hier, le RND, souffrant trop de l'image négative de ses ministres et députés, a opté pour des visages nouveaux. Seules de très rares figures connues ont réussi à y échapper, telles que Abdelkader Malki tête de liste à Béchar, Abdelkader Bensalah à Oran, Mohamed Maghlaoui à Skikda, Abdelkrim Harchaoui à Alger et Ahmed Noui à Bouira. Nul ne peut dire, pour le moment, si la mise à l'écart de plus de 100 députés et une bonne partie des ministres membres du RND donnera lieu à une crise interne au sein du parti d'Ahmed Ouyahia. Un parti qui donne l'air d'avoir compris qu'on ne gagne pas les élections en comptant sur les relais administratifs et autres. Le RND, qui tente coûte que coûte de changer son image, a même fait en sorte que l'élément jeune et l'élément féminin soient présents en force afin que la société se reconnaisse dans les candidatures du parti d'Ahmed Ouyahia. Côté FLN, les choses sont moins troubles même si des mouvements de protestations ont émaillé pas mal de mouhafadhas tout au long de la période de confection des listes électorales. Les listes du grand favori de ce scrutin, revenu de loin après une longue traversée du désert, le FLN, annoncent un come-back que tous les observateurs et toutes les prévisions tendent à confirmer. S'agissant des premières informations relatives aux têtes de liste de ce parti, on remarque qu'aucun domaine ni aucune compétence n'ont été laissés au hasard. A Alger, outre le ministre Karim Younès, figurent Ahmed Belaïd de l'Unea et Houria Bouhired, architecte et présidente de l'association Sauvons La Casbah. A Constantine, c'est l'actuel ministre de la Santé qui est en tête de liste, alors qu'à Tlemcen, c'est Tayeb Louh, célèbre président du Conseil supérieur de la magistrature, qui mène les candidats. Tous les autres ministres du FLN trônent, eux aussi, à la tête d'autres listes du FLN, comme celles de Relizane, Tiaret et Biskra. Le MSP, qui a laissé planer le doute jusqu'au dernier moment, a lui aussi réussi à confectionner les 49 listes nécessaires. Joint hier par téléphone, Slimane Chenine, responsable de la communication, a paru visiblement contrarié par nos questions. Il a tenté d'éluder le sujet des législatives en parlant de la crise algérienne et de la nécessité de l'en sortir. Cela, avant de nous raccrocher au nez après avoir épuisé tous les chemins de traverse sans le moindre résultat probant. Nous croyons savoir, toutefois, que l'entrisme légendaire de ce parti lui fera déposer ses listes avant la date butoir. S'agissant des autres formations en lice, telles que le PT, Ennahda et le MRN, le nombre de leurs listes varie entre 30 et 40. Ennahda et le MRN, sans même chercher à s'en cacher, le contraire serait même plus juste, ont gracieusement ouvert leurs listes à des repentis qui ont bénéficié de la grâce-amnistiante et de la concorde civile. Ils comptent profiter de ce qui reste de l'électorat de l'ex-FIS. En outre, il nous a été impossible, hier, de voir si les autres partisans du report, le PRA et l'ANR en l'occurrence, ont fini par opter pour la participation ou non. L'on croit savoir, quand même, que ces deux partis, dont les listes ont été confectionnées, pourraient fort bien se présenter en dépit de leurs déconfitures de 97. Les candidatures indépendantes, enfin, représenteraient près de 20 % du nombre total de liste, ce qui est loin d'être négligeable. Outre ces partis politiques, méritant l'attention, le nombre total de formations en lice, tel que confirmé par la commission politique, s'élève, lui, à 23. Là encore, des surprises peuvent être attendues, comme cela avait été le cas en 97 avec le PRP et les lettres arabes se ressemblant aux yeux de beaucoup de citoyens ne maîtrisant pas cette langue. Pour revenir à la problématique kabyle, il semble que l'absence, désormais confirmée, du RCD et du FFS de la course à la députation, n'empêchera pas cette région d'avoir ses représentants. Outre le FLN, le RND et le PT, les indépendants y seront fortement représentés. L'on croit même savoir que certaines de ces listes seraient une sorte de cheval de Troie pour la formation politique de Saïd Sadi.