La CIA a secrètement transféré trois Algériens en Jordanie entre 2001 et 2004, faisant de ce pays le numéro un du «transfèrement» de prisonniers à cette époque, a indiqué hier, l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport. Ces Algériens font partie d'un groupe de 14 détenus qui comprend au moins cinq Yéménites, deux Saoudiens, un Mauritanien, un Syrien, un Tunisien et un ou plusieurs Tchétchènes. Il pourrait y avoir également un Libyen, un Kurde irakien, un Koweitien, un ou plusieurs Egyptiens et un Emirati. Actuellement, six Algériens sont détenus dans la prison de Guantanamo et les négociations pour leur extradition traînent depuis au moins plus de deux ans. L'identité des trois Algériens envoyés en Jordanie n'a pas été révélée par le rapport Human Rights Watch. Les prisonniers étaient interrogés et torturés par les services secrets jordaniens (General Intelligence Department, GID), selon ce rapport qui met au jour le cas de huit détenus qui ne sont pas connus jusqu'à présent. Les responsables du GID, interrogés par HRW en 2007 à Amman, ont nié avoir dû prendre en charge des prisonniers et les avoir torturés. Le rapport comprend un extrait d'une note manuscrite d'un prisonnier transféré pendant qu'il était détenu fin 2002. Le prisonnier se trouve maintenant à Guantanamo Bay, à Cuba. Ce prisonnier, Ali al-Hajj al-Sharqawi, affirme que les membres du GID qui l'interrogeaient l'ont battu «sans limite». «Ils m'ont menacé avec de l'électricité, avec des serpents, des chiens (...) Ils ont menacé de me violer», écrit-il dans sa note. Une des tortures communément employées consistait en des coups répétés sur la plante des pieds. «La torture externalisée dans d'autres pays n'est pas seulement injustifiée mais aussi illégale», souligne Joanne Mariner.