La CIA disposerait de plusieurs centres de détention dans ces pays. Abou Ghraïeb et Guantanamo ont soulevé maints questionnements ces dernières années sur la manière avec laquelle les agents secrets américains opèrent et surtout du fait que ces deux lieux de détention tout à fait illégaux échappent à tout contrôle politique et judiciaire. Il apparaît de fait, selon des révélations des médias américains, que la CIA disposerait de plusieurs lieux de détention secrets notamment en Afghanistan et dans certains pays de l'Est, singulièrement la Roumanie et la Pologne, cette dernière faisant partie de la coalition opérant en Irak. Selon le Washington Post, qui révèle ce nouveau scandale, citant des sources américaines et étrangères informées, ces prisons, surnommées «sites noirs», ont été ouvertes dans huit pays, y compris la Thaïlande, l'Afghanistan et «plusieurs pays démocratiques d'Europe de l'Est», sans que leur nom soit précisé, pour des raisons de sécurité indique-t-on. La Maison-Blanche, le ministère de la Justice autant que le département d'Etat n'ont pas réagi aux informations du quotidien de la Capitale, alors que la centrale du renseignement, la CIA, a refusé de commenter les révélations du Washington Post. Ces diverses autorités américaines ont refusé de commenter l'information, ils ne l'ont pas démentie. Ce qui peut vouloir dire pas mal de choses. Selon le quotidien américain, les prisonniers, dont l'identité est officiellement inconnue, sont pour beaucoup d'entre eux des cadres de haut rang d'Al Qaîda, dont Ramzi Ben Al-Shaiba, l'un des coordinateurs présumés des attentats de 2001, ou le numéro trois de l'organisation Khaled Cheikh Mohammed. Selon le Washington Post, la CIA aurait envoyé plus de 100 suspects dans ce réseau secret de prisons, créé après les attentats du 11 septembre à cause du caractère illégal de ces détentions qui vont à l'encontre des lois américaines et internationales. Cette source estime par ailleurs, qu'au moins 30 prisonniers, considérés comme des figures importantes du terrorisme, se trouvent dans des centres financés et gérés directement par du personnel de la CIA. Deux sites de ce type, en Thaïlande et à Guantanamo Bay (Cuba), ont été fermés en 2003 et 2004, selon le quotidien. Toujours selon le quotidien de la capitale américaine, plus de 70 autres suspects, de moindre notoriété, ont été confiés à d'autres services de renseignement, notamment en Egypte, en Jordanie, au Maroc, et en Afghanistan. Ces «sites noirs» sont sous la responsabilité des pays concernés et sont financés par la CIA. Le Washington Post affirme par ailleurs que ce système de détention n'est connu que d'une poignée de hauts responsables américains, dont le président George W.Bush. La Thaïlande a démenti mercredi avoir fourni à la CIA un quelconque centre secret de détention. Interrogé sur ces informations, l'ancien président américain Jimmy Carter a accusé l'administration Bush de saper les références morales sur lesquelles se fonde la politique étrangère des Etats-Unis depuis des décennies. Plusieurs pays post-communistes d'Europe de l'Est, dont la Pologne et la Roumanie, ont démenti jeudi l'existence sur leur territoire de prisons secrètes où, selon le Washington Post, la CIA détiendrait des membres du réseau terroriste Al Qaîda. Selon l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, HRW, la Pologne et la Roumanie ont probablement autorisé la CIA à utiliser leur territoire pour emprisonner des hauts responsables d'Al Qaîda. L'organisation qui cite des registres de vols d'avions américains et d'autres sources, estime que la CIA aurait pu aménager des prisons secrètes en Europe de l'Est. Tom Malinowski, directeur de l'antenne de Washington de HRW, estime que les éléments rassemblés désignent fortement la Pologne et la Roumanie comme les pays où la CIA aurait établi des prisons. Le responsable de HRW ajoute que des sources en Afghanistan ont indiqué que des hauts responsables d'Al Qaîda capturés dans cette région ont été déplacés en septembre 2003, parmi lesquels Khaled Cheikh Mohammed. Le ministre tchèque de l'Intérieur, Frantisek Bublan, donne quelque crédit à ces supputations en affirmant que Prague avait récemment rejeté une demande des Etats-Unis lui demandant d'installer sur son territoire un centre de détention pour accueillir des prisonniers de la base de Guantanamo. «Des négociations ont eu lieu il y a un mois à peu près. (les Américains) ont fait des efforts pour installer ici quelque chose de ce genre, mais ils n'ont pas réussi », a déclaré M.Bublan au journal en ligne Aktualne.cz. Il ne fait pas de doute que de tels centres de détention secrets existent un peu partout dans le monde, y compris sur mer. En effet, durant l'été dernier, et en pleine controverse sur les prisonniers secrets de Guantanamo, des experts de l'ONU avaient affirmé que la CIA dispose soit directement, ou par pays interposé, des bateaux, transformés en centre de détention secrets, naviguant dans les eaux internationales. Vouloir dominer et diriger la planète implique des dérapages sur lesquels la superpuissance américaine doit, d'une manière ou d'une autre, s'expliquer. De fait, qu'attend l'ONU pour ouvrir une enquête internationale sur ces scandales et dépassements de la puissance américaine?