Il s'agit, ensuite, d'organiser la contestation contre les privatisations que le pouvoir décide dans des occasions bien choisies. Le porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a déclaré que «pour les mêmes raisons qui ont amené le parti à demander le report du scrutin, le PT a décidé résolument de participer aux législatives». Et d'expliquer: «On n'a jamais demandé le report des élections et notre attitude ne souffre aucune contradiction.» Lors du forum organisé hier par le quotidien El-Youm à la Maison de la presse Tahar-Djaout, Mme Hanoune a révélé que «le PT a écrit officiellement au directeur du cabinet du Président, M.Larbi Belkheir, pour lui affirmer que ces élections ne seront ni libres ni transparentes». Cette fraude que prévoit le PT n'a pas empêché son porte-parole de déclarer que la participation au vote prochain sera «mise au service des revendications des Algériens qui vivent une crise depuis des années». Car, dira-t-elle, «si le PT ne prend pas part aux législatives, aucune formation politique ne posera les questions fondamentales du pays». Parmi ces questions, l'hôte du forum en a cité quatre. D'abord, la crise de Kabylie dont le pourrissement risque de provoquer le pire. Il s'agit, ensuite, d'organiser la contestation contre les privatisations que le pouvoir décide dans des occasions bien choisies. La troisième question est les enjeux économiques dans leur ensemble et «le drame que connaît l'économie nationale». L'autre sujet que défendront les candidats du PT lors de la prochaine campagne électorale est le débat national sur la crise politique que connaît le pays. Avec une certaine ambiguïté, le numéro 1 du PT a expliqué qu'«après le 11 septembre, l'Algérie est ciblée». Dans ce contexte, elle a martelé avec une emphase que «la politique nationale se décide ailleurs». Selon elle, «Bouteflika aurait dû boycotter la rencontre de Valence que nous dénonçons avec force». Mieux encore, elle a fait savoir que le Parti des travailleurs a interpellé le pouvoir auquel il a exprimé son opposition à la présence du Président algérien à cette rencontre. Plus claire, Louisa Hanoune déclare que c'est une forme et une autre étape de la normalisation entre Israël et notre pays. Dans ce sillage, elle a rappelé que le parti qu'elle dirige était contre la présence de Bouteflika à Beyrouth au Sommet arabe. Sur un autre plan, la conférencière a souligné que le PT n'a aucun commentaire à faire sur l'initiative de sortie de crise rendue publique par le Dr Sadi et Ghozali et encore moins sur la démarche du groupe des quatre dont le FFS. «Même si nous partageons un ensemble d'idées avec ce dernier, nous n'avons pas la même démarche... le PT ne peut pas négocier avec l'armée», a-t-elle précisé. S'agissant de l'obstacle que représente la Kabylie qui s'apprête à boycotter le scrutin, Mme Hanoune a révélé que des listes ont été déposées à Bouira, Béjaïa et Tizi Ouzou et qu'«il est impossible que toute une région boycotte les élections». En revanche, avertit-elle, «vouloir empêcher leur tenue est antidémocratique». Et à la question de savoir si le PT ne fait pas le jeu du pouvoir en participant au scrutin, Mme Hanoune, visiblement en colère, fait d'abord cette mise au point: «Nous n'avons de leçon à recevoir de personne.» Elle dira, ensuite, dans une sorte de plaidoirie-réquisitoire, que le PT n'est pas atypique. «C'est un parti indépendant qui n'a été ni fabriqué dans les locaux de la sécurité militaire ni issu de la fraude électorale.» Sur le même ton, elle dira que son parti a revendiqué tamazight dans la clandestinité, en 1974. «Le PT, poursuit-elle, a dénoncé les deux coups d'Etat avant tout le monde». En faisant allusion aux partisans du report et du boycott, elle a souligné que le PT n'est pas obligé d'être avec ces mots d'ordre, quand bien même ils seraient démocratiques. Il faut savoir, cependant, précise-t-elle, que «plusieurs fois, le PT n'a pas été soutenu par ces partis dits démocratiques». Enfin, Louisa Hanoune a préféré s'interroger: «Est-il concevable de nous accuser d'être avec le pouvoir quand on a boycotté, et avec ce même pouvoir quand on a décidé de participer?»