Le soutien apporté par la France au projet d'autonomie, proposé par le Maroc, est un coup supplémentaire asséné au «rêve» de l'Union maghrébine. La visite officielle du Premier ministre français François Fillon, jeudi dernier au Maroc, a montré une fois encore, les divergences caractérisant les positions de l'Algérie avec celles prônées par Paris et Rabat. Cette visite fut une occasion pour le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, de revenir sur les relations de son pays avec l'Algérie et, par voie de conséquence, sur la construction maghrébine. «Le Maroc tente d'apaiser la tension avec l'Algérie», a déclaré El Fassi avant de souligner que le Royaume a émis des «signes» allant dans le sens du rétablissement des relations avec l'Algérie. Et de déplorer: «Bruxelles nous répète que les pays du Maghreb doivent s'unir. C'est malheureux que d'autres nous le disent alors que c'est à nous de s'unir.» François Fillon ne manquera pas de consoler son homologue en le rassurant de la disposition de la France «à convaincre les uns et les autres de la nécessité de la construction de l'UMA». Les déclarations du responsable marocain s'inscrivent dans une série de «tentatives diplomatiques» visant à mettre la pression sur l'Algérie et ce, pour qu'elle souscrive à l'ouverture de ses frontières terrestres. Rabat a fait montre d'un dynamisme remarquable en multipliant les déclarations de «bonnes intentions». Mars dernier, le département des affaires étrangères marocain a rendu public un communiqué où il a appelé officiellement l'Algérie à «rouvrir ses frontières». Un appel certes clair mais qui a été marqué, tout comme les déclarations de Abbas El Fassi, du sceau de l'équivoque. Car on n'a pas cessé du côté marocain, de mettre l'entière responsabilité de la dégradation des relations bilatérales sur le dos de son voisin de l'Est, l'Algérie. Une thèse que la diplomatie du roi Mohammed VI tente, désespérément, de commercialiser tant sur le plan régional qu'international. Ceci, faut-il le rappeler, en défendant l'idée selon laquelle l'Algérie est partie prenante dans le conflit du Sahara occidental. Et pourtant, l'Algérie n'a pas cessé de réaffirmer que le règlement du conflit sahraoui doit se faire dans le cadre de l'ONU, tout comme le dossier du conflit est entre les mains de l'ONU, depuis 1975. On peut penser que le soutien indéfectible apporté par la France au projet d'autonomie, proposé par le Maroc au détriment du peuple sahraoui qui réclame son droit à l'autodétermination, est un coup supplémentaire asséné au «rêve» de l'Union maghrébine. Une prise de position qui ne peut qu'attiser les «animosités» entre les Etats de la région. D'autre part, le Premier ministre français a proposé que le siège de l'Union pour la Méditerranée soit situé dans un pays du Sud. «Il faut que le siège du secrétariat de l'Union pour la Méditerranée soit situé sur la rive Sud. La France veut qu'un pays du Sud abrite ce siège» a-t-il indiqué, précisant que «le pays qui doit l'abriter n'a pas encore été désigné». Le président Nicolas Sarkozy avait proposé début mars, que l'Union pour la Méditerranée soit «co-présidée par un président de la rive Nord et un président de la rive Sud». Les contours de ce projet seront fixés, semble-t-il, lors du sommet des pays européens et des pays de la rive sud de la Méditerranée devant se tenir le 13 juillet à Paris. Voulant renvoyer l'ascenseur à la France qui a donné son appui au projet d'autonomie, Abbas El Fassi se montrera des plus enthousiastes à l'égard du projet de l'Union pour la Méditerranée, initié par le président Sarkozy. Le Premier ministre marocain a déclaré que son pays est déterminé à «contribuer» à la réalisation de ce projet. «Ce projet ne concernera pas uniquement la sécurité mais le développement également», a-t-il dit. Et de reprendre: «Il s'agira de réduire les disparités entre les deux rives et d'édifier un pont entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne.» Comme pour démentir les voix soutenant que ce projet «n'ira pas très loin», François Fillon soutiendra, pour sa part que «l'Union pour la Méditerranée est sur les rails». Selon lui, ce projet vise à créer un «vrai partenariat» entre les deux rives dans différents domaines, notamment en matière de «développement durable» et de sécurité, a-t-il souligné. La position de notre pays vis-à-vis de ce projet n'a pas pris sa forme finale. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a déclaré fin mars passé, à partir du Caire, que «l'Algérie désire contribuer efficacement au dialogue méditerranéen». Des déclarations qui sont aux antipodes de l'engagement inconditionnel de Rabat en faveur d'un projet qui n'a pas livré tous ses secrets.