La Chine a ouvert, hier, la porte à une reprise du dialogue avec le dalaï-lama à moins de quatre mois des Jeux olympiques de Pékin, sous la pression des pays occidentaux. «Au vu des demandes répétées du côté du dalaï-lama pour une reprise des pourparlers, les départements concernés du gouvernement central auront des contacts et des consultations avec un représentant privé du dalaï-lama dans les prochains jours», a indiqué l'agence Chine Nouvelle, citant une source officielle anonyme. L'agence Chine Nouvelle n'a pas donné hier de précisions sur la nature de cette prochaine rencontre avec un émissaire du chef spirituel du bouddhisme tibétain, ni sur les noms des participants. Depuis les troubles du mois de mars au Tibet et dans les régions environnantes, l'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé à un dialogue avec le dalaï-lama. Ce dernier est accusé par Pékin d'avoir tout organisé pour saboter les Jeux olympiques de Pékin. Le gouvernement central «espère qu'à travers ces discussions et contacts, le dalaï-lama prendra des décisions crédibles afin de cesser les activités séparatistes, les complots, la violence et les activités pour perturber et saboter les Jeux olympiques, afin de créer les conditions pour de nouveaux pourparlers», a ajouté la source officielle citée par Chine Nouvelle. L'entourage du dalaï-lama et le gouvernement en exil négocient depuis 2002 avec des responsables chinois. Mais la position de Pékin s'est «durcie» en 2006, selon le dalaï-lama, et les derniers contacts remontent à juin-juillet 2007. Le dalaï-lama a salué hier l'offre de la Chine, a annoncé un porte-parole du chef spirituel des Tibétains, en exil en Inde. Il s'agit d'«un pas dans la bonne direction puisque seuls des entretiens en face-à-face peuvent conduire au règlement de la question tibétaine», a déclaré ce porte-parole, Tenzin Taklha. Pour Brian Bridges, professeur de sciences politiques à l'université Lingnan de Hong Kong, «c'est peut-être soit, juste une rencontre pour tâter le terrain (...) soit du théâtre politique pour réduire la pression internationale». «Cela montre en tout cas que le gouvernement chinois est plus sensible à l'opinion internationale que ce qu'on pensait», a-t-il ajouté. La crise tibétaine a réveillé à l'étranger les oppositions aux JO de Pékin et les appels au boycott, provoquant des incidents, parfois violents, lors du passage de la flamme olympique à Londres, Paris et San Francisco. L'annonce de cette prochaine rencontre intervient le jour même d'une rencontre au plus haut niveau entre les dirigeants chinois et l'exécutif européen, où la crise tibétaine a été abordée. Hier, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre, Wen Jiabao, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait souhaité des «développements positifs» sur le dossier tibétain, tout en réaffirmant l'opposition de l'Union européenne à l'indépendance du Tibet et à un boycott des Jeux olympiques d'août en Chine.