Une semaine après les émeutes de Lhassa, la situation est restée instable au Tibet où des manifestations ont été signalées dans d'autres provinces. Quoique la situation ait été calme au long de la semaine, suite aux violences qui ont marqué le 10 mars - qui coïncidait avec le 49e anniversaire de l'exil du dalaï-lama -, les manifestations ont repris le dimanche se propageant, selon des informations qui n'ont pas été confirmées, à d'autres régions du Tibet autonome, géré par la Chine depuis 1951. Sans doute qu'il se passe quelque chose au Tibet, lequel, paradoxalement, revient à l'ordre du jour à quelque cinq mois des Jeux olympiques qu'organise la capitale chinoise, Pékin. La question qui se pose est celle-ci: pourquoi maintenant? On peut estimer que les J.O., conjugués à l'anniversaire de l'exil du dalaï-lama, sont une opportunité irremplaçable pour l'opposition tibétaine afin de donner un écho international à sa revendication indépendantiste. De fait, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a saisi au bond cette occasion, qui appela hier la Chine à engager le dialogue avec le dalaï-lama, «afin de mettre fin aux violences» indiquant: «Il y a là une sorte d'occasion manquée de la part des Chinois d'engager l'autorité morale du peuple tibétain (le dalaï-lama) et j'espère qu'ils vont encore trouver le moyen de le faire», a déclaré Mme Rice aux journalistes dans l'avion qui la conduisait à Moscou. Et Mme Rice d'ajouter: «Je parlerai de cette question au ministre (chinois) des Affaires étrangères Yang (Jiechi)» précisant que les Etats-Unis avaient «appelé depuis plusieurs années les Chinois à trouver un moyen de parler avec le dalaï-lama». A Moscou justement, on mettait hier en garde contre l'internationalisation, estimant «inadmissible» de «politiser» les violences au Tibet, jugeant par ailleurs qu'un dialogue avec le dalaï-lama est une «affaire intérieure» à la Chine. «La Russie a dit à de nombreuses reprises qu'elle considérait le Tibet comme une partie intégrante de la Chine, estimant que le règlement de la relation avec le dalaï-lama est une affaire intérieure de la Chine», relève le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. La Chine rejetait hier la responsabilité des violences de Lhassa (capitale du Tibet) sur des «émeutiers tibétains» qui auraient tué des personnes, selon le président de la région du Tibet, Qiangba Puncog. Dans une conférence de presse tenue hier à Pékin, M.Qiangba qui a donné jusqu'à lundi (hier) 16h (GMT) aux émeutiers pour se rendre a déclaré: «S'ils se rendent, ils seront traités avec clémence. S'ils donnent des informations sur d'autres personnes impliquées dans des délits, ils seront traités avec encore plus de clémence», avertissant toutefois, «ceux qui ont commis des crimes graves seront traités impitoyablement». Déjà, le porte-parole de la diplomatie chinoise avait donné le ton, jeudi, déclarant «(...) les récents troubles successifs dus à des moines à Lhassa étaient un complot politique délibéré du groupe du dalaï-lama destiné à provoquer une agitation sociale, à séparer le Tibet de la Chine et à briser la vie stable, harmonieuse et normale du peuple tibétain». Pékin entend ne pas se laisser imposer, de l'extérieur, une quelconque démarche dans une affaire qu'elle considère d'ordre interne. Par ailleurs, les autorités chinoises qui ont répété que le calme est revenu au Tibet, «déconseillent» toutefois aux touristes étrangers et à la presse de s'y rendre pour des questions de «sécurité». Alors que les appels au boycott se multiplient, la présidence slovène de l'Union européenne, a mis en garde hier contre un boycott des Jeux olympiques de Pékin, en raison de la «répression violente» de manifestations au Tibet, une telle quarantaine serait «très dommageable au sport», estime le ministre slovène des Sports, Milan Zver.