Le président du club béjaoui met en évidence le mental d'acier de ses joueurs. L'Expression: Comment avez-vous ressenti la qualification de votre équipe à la finale de la Coupe d'Algérie? B. Tiab: Comme un moment de grand bonheur. Je ne pense pas avoir connu une telle joie par le passé. Avec la JSMB, j'ai vécu de nombreuses accessions dans les différents championnats, notamment les deux vers la division1. Ce furent des moments inoubliables mais aucun d'eux n'a suscité en moi l'émotion que j'ai eue à l'occasion de cette victoire contre le NAHD. Rien qu'à vous en parler, j'en ai la chair de poule. J'espère, maintenant, que cette qualification ne sera pas une fin en soi et que nos joueurs vont nous gratifier en finale d'un match à même de provoquer une joie encore plus grande que celle de Tizi Ouzou. Tizi Ouzou qui est le fief de la JSK. Absolument, et mon souhait serait, qu'après la victoire de la JSK en championnat, la JSMB puisse offrir à la Kabylie un grand doublé. J'ajoute que toute la vallée de la Soummam où le club compte des milliers de supporters, peut être fière de sa JSMB qui entend maintenant lui offrir son premier titre national de football. Votre équipe semble avoir trouvé la forme au bon moment. Comment expliquez-vous cela? A la volonté des joueurs de relever le défi. Vous savez, les échos nous parvenaient d'Alger comme quoi le NAHD se voyait déjà en finale. On a considéré la JSMB comme une quantité négligeable alors qu'en championnat si le NAHD nous a battu récemment 3-1, à l'aller, à Béjaïa, il avait pris un 3-0. Bien avant le dernier match de championnat contre l'USM Blida, les dirigeants et moi étions constamment avec les joueurs. Nous avons entrepris un travail de sensibilisation qui a porté ses fruits grâce à leur sens aigu du devoir. Pour celui qui suit la JSMB, ce qu'elle vient de réussir relève de la haute performance. Je ne vous le fais pas dire. La JSMB est une équipe qui revient de loin et ce qu'elle accomplit aussi bien en championnat qu'en Coupe est absolument remarquable. Rappelez-vous qu'à la fin de la saison dernière, après qu'elle se soit classée 3e en championnat, elle avait dû faire face à un départ massif de joueurs puisqu'une quinzaine d'éléments avait décidé de changer d'air. Imaginez un peu dans quelle situation nous nous trouvions à l'époque, c'est-à-dire rebâtir presque tout l'effectif d'une équipe. Nous avions, alors, mis toute notre énergie pour mener à bien cette mission en procédant au recrutement d'un grand nombre de joueurs qui ne se connaissaient pas. Il fallait reprendre tout le travail à zéro dans une équipe classée 3e en championnat qui, normalement, n'aurait pas dû connaître de gros problèmes d'effectif. Un handicap pareil aurait promis la relégation à notre équipe, mais en dépit d'un début de saison difficile, elle a su redresser le situation jusqu'à assurer son maintien au moment où il restait trois journées de Championnat à disputer. Sans quelques ratés chez elle, la JSMB serait, aujourd'hui, en train de lutter pour la 2e place du championnat. Justement, ce qui nous a étonnés, c'est que cette équipe n'est plus la formation fébrile qu'on avait connue en début de saison. C'est exact. Je me rappelle, par exemple, les deux matchs perdus à domicile face au MC Saïda et à la JS Kabylie. Mais aussi au match nul concédé à Béjaïa face au MC Alger qui avait réussi à remonter deux buts. La défaite face au MCS avait été particulièrement dure à avaler. La JSMB menait 2-0 et avait raté plusieurs occasions de prendre le large mais à la dernière demi-heure, il avait suffi à son adversaire d'inscrire un but pour traumatiser notre équipe qui avait fini le match sur les genoux et sur une défaite, 4-2. A l'époque, nos joueurs avaient un mental très fragile. Ils avaient peur de mal faire, surtout devant leurs supporters. Depuis quelque temps vous avez remarqué qu'il y a un net changement. En Coupe face au MC Saïda, la JSMB avait été menée au score et elle avait pu égaliser puis s'imposer dans l'épreuve, très dure pour les nerfs, des tirs au but. En championnat, par deux fois, face au WA Tlemcen et à l'USM Blida, elle avait vu son adversaire prendre l'avantage. Les deux fois, elle était parvenue à renverser la situation en sa faveur. La JSMB du début de saison n'aurait pas réussi une telle prouesse. Ça prouve que nos joueurs ont un mental d'acier. Tenez, vendredi dernier, lorsque le NAHD a ouvert le score, j'étais persuadé que nos joueurs allaient se ressaisir et égaliser. Je n'ai jamais douté, et tout s'est déroulé selon nos prévisions. Le fait d'avoir disputé deux matchs de Coupe d'Afrique contre le CS Sfax n'a-t-il pas ajouté à cette métamorphose? Vous faites bien de parler de cette participation à la Coupe de la CAF. Elle avait été très courte, deux matchs seulement en aller et retour mais notre adversaire n'était pas n'importe qui, puisqu'il s'agissait du tenant du trophée. La JSMB, qui en était à sa première expérience internationale n'avait pas été ridicule, battue seulement 1-0 à Sfax avant de concéder le match nul à domicile face à une équipe aux moyens dont pas un club algérien ne dispose. Cette double confrontation a contribué à aguerrir nos joueurs. Ils ont atteint une autre dimension. Ils n'ont plus de complexes et savent imposer leur jeu. En outre, ils ne cèdent pas au défaitisme. Ils se battent constamment surtout s'ils sont menés au score. Des joueurs qui doivent, certainement, avoir été motivés. Ce que vous venez de dire est la stricte vérité et je vous remercie d'en avoir parlé parce que cela va me permettre d'éclaircir certains points qui ont jeté un peu d'ombre sur la qualification du club à la finale. Vous voulez parler de l'annonce faite par l'entraîneur El Hadi Khezzar de démissionner si les joueurs n'étaient pas régularisés sur le plan financier? C'est cela. Ecoutez, la meilleure réponse vous ne pourrez l'obtenir que des joueurs. Vous n'avez qu'à vous adresser à eux pour apprendre qu'ils ont perçu 70% de leur prime de signature et qu'en matière de primes de matchs, il ne reste que celle du match de Blida et, bien sûr, celle de cette demi-finale de Coupe, à leur payer. Je ne vois donc pas pourquoi notre entraîneur s'est exprimé de la sorte. Ce n'était ni le moment ni l'endroit. Mais nous n'allons pas dramatiser la chose. Nous mettrons cela sur le compte d'une erreur de jugement comme on peut en commettre très souvent. Il reste que la JSMB a de sérieux problèmes de trésorerie. Sérieux, il ne faut tout de même pas exagérer, mais ils existent. Cependant, et je vous l'ai dit lors d'un nos précédents entretiens, demandez à tous les joueurs ou entraîneurs qui ont quitté la JSMB s'ils avaient laissé de l'argent chez nous. Jamais, je n'ai failli à mon devoir d'être en règle avec eux. Vous pouvez le vérifier. Les autorités locales sont-elles toujours aussi sourdes à vos doléances? Non, il faut admettre que l'APC nous a aidé récemment en consentant une subvention de 19 millions de dinars. Cinq millions de cette somme ont déjà été débloqués et nous sommes dans l'attente des 14 autres millions. En ce qui concerne le fonds de wilaya, nous n'avons eu aucune réponse. Je tiens, cependant, à préciser que dès la fin du match, le wali, le président de l'APW et celui de l'APC m'ont téléphoné pour me féliciter et m'assurer de leur appui. Pour la finale où souhaiteriez-vous qu'elle se joue? Mon voeu aurait été qu'elle ait lieu au stade du 5-Juillet. Cela ne pourra pas hélas se faire, puisque ce stade est en travaux en ce moment. A partir de là, je n'ai pas de préférence. Qu'on choisisse n'importe quel autre stade même celui d'une ville du sud du pays. Craignez-vous le WA Tlemcen? Dans un match de Coupe, a fortiori en finale, tout adversaire est à craindre. Malgré ce qui lui arrive en championnat, le WAT est une redoutable équipe qui a la particularité de se transcender en Coupe. Nous allons faire, en sorte, de préparer cette finale avec beaucoup de sérieux car la victoire est loin d'être acquise. A mon avis, ce sera du 50/50.