Ces deux clubs seront, ce soir, forcés de se départager dans un match très indécis. Manchester United et le FC Barcelone sont toujours à égalité avant leur demi-finale retour de Ligue des champions, ce soir (0-0 à l'aller), où les risques de suspension, l'implication des deux entraîneurs, et surtout les situations opposées en championnat, vont peser lourd. Barcelone libéré, Manchester oppressé Si le Barça s'est résigné à laisser filer le titre national, fût-ce chez l'ennemi madridiste, ManU se retrouve au contraire sous pression après sa défaite contre Chelsea (1-2), samedi, qui permet aux Blues de revenir à égalité des Red Devils à deux journées de la fin de la Premier League. Même si Manchester garde la main grâce à sa différence de but impossible à combler en deux matches (+53 contre +37!), la fatigue nerveuse d'une lutte féroce pour le titre, couplée à la fatigue physique d'un match au sommet joué - et surtout perdu - trois jours avant la demi-finale retour pourrait alourdir les jambes des Mancuniens. Pendant ce temps-là, les Blaugranas aéraient leur onze de base dans les grandes largeurs pour un match abandonné aux joueurs de La Corogne (0-2). Eto'o, Messi, Iniesta, Xavi et même le gardien Victor Valdes ont été laissés au repos pour préparer la demi-finale retour. Le péril jaune Les deux équipes sont en revanche à égalité devant le risque des suspensions. Six joueurs, trois de Manchester, trois de Barcelone, joueront leur demi-finale sous la menace d'un troisième carton jaune fatal, qui les priverait de la finale en cas de qualification. Il s'agit de l'arrière gauche français Patrice Evra, des milieux anglais Owen Hargreaves et portugais Nani, côté United, et du défenseur argentin Gabriel Milito, du milieu ivoirien Yaya Touré et surtout de l'idole Lionel Messi. Le Mexicain Rafael Marquez est, lui, d'ores et déjà, suspendu pour aujourd'hui, ce qui pourrait profiter au Français Lilian Thuram. Les joueurs promettent toujours de se livrer à 100% malgré le risque, mais comment croire que la crainte de rater un des sommets de leur sport ne va pas les retenir au moins inconsciemment au moment de tacler? Le jeu physique de piliers défensifs tels qu'Evra et Hargreaves va perdre un peu en intensité. La suractivité de Yaya Touré, pion essentiel de la récupération catalane, sera forcément au moins légèrement entravée aussi. Sans compter que les adversaires retors peuvent essayer de faire «péter les plombs» aux joueurs menacés d'un avertissement «éliminatoire». Le rêve fou de Rijkaard et Ferguson Les deux managers, Alex Ferguson (ManU) et Frank Rijkaard (Barça), courent après une deuxième C1 gagnée sur le banc. Une performance que l'Allemand Ottmar Hitzfield est le dernier à avoir réussi, mais lui avec deux clubs différents, le Borussia Dortmund (1997) puis le Bayern Munich (2001). Un seul des deux pourra tenter ce doublé à Moscou. Mais l'histoire ne se raconte pas de la même manière pour l'Ecossais (vainqueur en 1999) et le Néerlandais (en 2006). Une victoire finale le 21 mai serait une consécration pour «Fergie», 66 ans, couvert de titres (30 en tout, hors Community Shield, dont 20 avec United), mais obsédé, selon ses joueurs, à l'idée de régner une seconde fois sur l'Europe. Si Barcelone remportait sa 3e C1, ce serait un formidable pied-de-nez de la part de Rijkaard, sans doute poussé vers la sortie en fin de saison quel qu'en soit l'épilogue. Plutôt que de s'en aller avec l'image de l'entraîneur du déclin de Ronaldinho, il quitterait la scène catalane en prince, vainqueur malgré les divisions de son vestiaire, et deviendrait l'homme aux cinq C1 (3 comme joueur: 1989, 1990 avec l'AC Milan, 1995 avec l'Ajax Amsterdam).