Durban continue de focaliser l'attention autour de thèmes aussi récurrents que le racisme, l'intolérance et la xénophobie, qui ont, durant les siècles passés, permis à l'Occident de construire sa puissance sur les décombres des civilisations des peuples qu'il a colonisés, réduits à merci. A commencer par les peuples africains. En refusant le geste de la reconnaissance de ses torts, ne serait-ce que du point de vue moral et éthique, en excluant son mea culpa dans le sous-développement et l'arriération des 3/5 de la population mondiale, l'Europe impériale et les Etats-Unis administrent la preuve qu'ils n'ont retenu - ou ne veulent retenir - aucune leçon de leurs exactions des siècles passés. Ce réflexe de clan, ou de domination, s'est encore exprimé à la faveur des débats autour de la situation au Proche-Orient où Européens et Américains se sont retrouvés faire corps avec l'irrédentisme israélien. Loin de prendre la distance nécessaire et indispensable vis-à-vis du dossier du Moyen-Orient, ne serait-ce que dans l'optique de faire garder aux débats la sérénité et la lucidité de mise en l'occurrence, l'Occident a préféré faire cause commune avec Israël accusé, à raison, par les Palestiniens de pratiquer l'apartheid dans les territoires palestiniens qu'il occupe. Situation qu'Américains et Européens auront condamnée sans hésitation, ou état d'âme, si elle avait été le fait d'un autre Etat qu'Israël. Qu'Israël soit «choqué» par la tournure de la conférence mondiale par l'accusation lancée contre lui de pratiquer l'apartheid dans les territoires occupés cela peut se comprendre. Que l'Occident, sans nuance, fasse «chorus» avec Tel-Aviv n'est ni innocent ni politique surtout si l'on relève que ni l'Europe et encore moins les Etats-Unis n'ont tenté la moindre action ou pression pour amener les Israéliens à de plus justes proportions de leurs responsabilités de nation occupante d'un territoire ne lui appartenant pas. A Durban, il semble que les choses soient remises à l'endroit en resituant le conflit proche-oriental dans son véritable contexte de problème de décolonisation. De quoi est-il question? Essentiellement du déni de droit dont sont victimes les Palestiniens depuis plus d'un demi-siècle. Il faut convenir aussi, que ce ne sont pas les oppresseurs israéliens qui vont rendre justice, s'ils n'y sont contraints, au peuple palestinien, ghettoïsé et bantou depuis le partage de la Palestine historique par l'ONU. Pour avoir fui ses responsabilités dans le conflit, et aussi en se montrant impuissant à faire appliquer ses résolutions par l'Etat hébreu, le Conseil de sécurité de l'ONU a ouvert les vannes à tous les dépassements. Les Américains et les Israéliens suivis par les Européens, tentent de nier la nature coloniale du contentieux alors que l'occupation des territoires palestiniens par l'Etat juif est le principal paramètre du dossier proche-oriental. Evacuant tout cet aspect du contentieux, Israéliens et Américains veulent ainsi contenir la problématique dans un cadre «inoffensif» d'opérations de police contre le «terrorisme» palestinien, niant ainsi la dimension de résistance d'un peuple ce qui se passe dans les territoires occupés. Aussi la bataille est dure à Durban entre ceux qui défendent les droits des Palestiniens et ceux qui veulent maintenir le statu quo. Pour ce faire, les gouvernants israéliens ont pratiqué, durant ces dernières années, la politique systématique du dépeçage des territoires palestiniens. La bantoustanisation de la Cisjordanie et de Ghaza figure bel et bien dans le programme du gouvernement du Likoud défendu par l'actuel Premier ministre qui mène, par ailleurs, une violente politique de répression contre les Palestiniens. Le morcellement à l'extrême par les autorités d'occupation israéliennes des territoires palestiniens participe de cette politique dénoncée par les Palestiniens et la communauté internationale et qui n'a qu'un qualificatif: racisme et apartheid. C'est cette politique raciste qui est mise en accusation à Durban qui met mal à l'aise les amis et soutiens d'Israël, car en prise directe avec le conflit israélo-palestinien et les événements qui secouent la région depuis l'accession du boucher de Sabra et Chatila à la tête de l'Etat juif.