L'Occident, qui refuse dans sa globalité de débattre sur le colonialisme et l'esclavagisme, entend faire l'impasse sur ces «difficultés» pour ne se concentrer que sur «l'avenir». Durban, en Afrique du Sud, accueillera à partir de demain, et ce, jusqu'au 8 septembre prochain, une conférence internationale sur le racisme. Intitulé qui regroupe et recoupe un faisceaux de sujets et réalités induites par l'exclusion, le racisme et la xénophobie. Le secrétaire général de l'Organisation des Nation unies, Kofi Annan, annonce dès l'abord, la couleur en définissant la conférence mondiale, et en insistant sur le fait qu'elle allait «discuter d'un sujet qui concerne toutes les sociétés et tous les pays. Aucun pays, n'échappe au racisme et à la xénophobie», souligne le premier responsable des Nations unies. En réalité, les thèmes de la conférence internationale sur le racisme - qui englobe toutes les exclusions fondées sur la race, les différences culturelles, le fascisme, la xénophobie, l'esclavagisme - ne sont pas aussi anodins que cela pouvait paraître si on les mesure à l'aune des réactions négatives et de la levée de boucliers de l'Occident, les Etats-Unis en tête. Déjà, alors que la Grande-Bretagne a annoncé sa décision de boycotter la conférence, les Etats-Unis ont tout fait pour remettre en cause l'ordre du jour de la conférence et d'en relativiser les options. De fait, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a officiellement renoncé, lundi, à assister à la rencontre de Durban. C'est dire donc, les enjeux que va induire une réunion qui aurait dû permettre à la communauté internationale d'affronter et de regarder en face ses dérives et ses démons d'hier et/ou d'aujourd'hui. Ce qui n'est guère évident quand l'Occident semble vouloir occulter un passé qu'il est encore incapable de regarder frontalement, en prétendant être le seul à diriger, ordonner et orienter les débats. C'est ce qui du moins, ressort singulièrement du refus des grandes puissances prédatrices d'hier de débattre de l'esclavagisme et, dans la foulée, des éventuelles compensations ou indemnités à verser aux descendants des anciennes victimes. Les Américains exigent en outre l'élimination des débats de la question du sionisme, que le Conseil de sécurité de l'ONU dans une de ses résolutions de 1975 assimile à une forme de racisme. Washington craint surtout que l'évocation du sionisme, et compte tenu de la situation critique dans les territoires palestiniens occupés, ne débouche sur un jugement des pratiques de l'Etat juif. Cela étant, beaucoup de pays d'Europe ont ainsi décidé de n'envoyer à Durban qu'une représentation diplomatique minimum marquant de la sorte, d'ores et déjà, leur défiance envers les éventuels résultats des travaux de la conférence internationale sur le racisme Il va bien falloir que l'Occident d'une manière ou d'une autre reconnaisse ses responsabilités directes dans la marginalisation et le sous-développement des 3/5 de la population humaine. Et reconnaître ses torts passés c'est déjà un début positif et sain pour rétablir la confiance entre les communautés du monde. Peut-on dès lors, faire table rase du passé comme le réclament les Occidentaux sans avoir auparavant apuré une situation traumatisante pour les peuples d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine, du Pacifique et de toutes ces contrées tombées durant des siècles sous le joug de l'Occident. Relevons enfin que si Américains et Européens ont une représentation minimale à Durban, ce ne sera pas le cas des pays anciennement colonisés qui seront présents en force en Afrique du Sud à l'instar du Cubain Fidel Castro, du Palestinien Yasser Arafat, du Sénégalais Abdoulaye Wade pour ne citer que ceux-là qui seront aux côtés d'une dizaine d'autres chefs d'Etat et de gouvernement et évidemment en présence du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Le président Abdelaziz Bouteflika sera présent au titre de l'Algérie aux travaux de la conférence de Durban.