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Guerre entre l'Orient et l'Occident?
CONFERENCE DE GENÈVE
Publié dans L'Expression le 23 - 04 - 2009

Le boycott diplomatique de pays occidentaux servira finalement à reporter le débat sur l'avenir du monde et à diviser encore plus la planète en blocs.
Après la décolonisation de la quasi-totalité des pays du Sud durant la deuxième partie du XXe siècle, tout le monde espérait un nouvel ordre international fondé sur le droit. Après la fin de la guerre froide en 1989 et les événements de septembre 2001, chacun peut constater que la barbarie moderne domine. Terrorisme des puissants contre terrorisme des faibles. De plus, les grandes puissances ne sont pas quittes avec leur passé et les régimes au Sud instrumentalisent parfois ces pages sombres de l'histoire commune. Comment en finir d'un côté, avec la catastrophique histoire coloniale et raciste de l'Occident depuis cinq siècles et de l'autre, avec le ressentiment et les surenchères des pays du Sud au sujet des réparations? La conférence de Durban est un test significatif. Les politiques et les intellectuels sont concernés. Comment peut -on ravaler un sujet majeur à des polémiques? Le traditionnel Forum de la société civile, prévu à la Maison des associations à Genève tente de défricher le terrain avec la participation de plusieurs centaines d'ONG. La question palestinienne et celle du sionisme tiennent difficilement le devant de la scène. Ce dossier cristallise le plus les clivages. Sur ce point, un abîme sépare l'Orient et l'Occident, les riches et les pauvres, les sionistes et les militants de la paix.
Racisme et discrimination
La mauvaise conscience des Occidentaux et les intérêts étroits qui lient Israël aux puissants bloquent toute perspective d'un nouvel ordre international juste et pacifique. Pourtant, les organisateurs du Forum civil affirment ne vouloir pointer du doigt aucun pays en particulier: «Nous voulons créer un espace libre et ouvert pour tirer les leçons des dérapages de Durban I, la Conférence sur le racisme de 2001, dont celle de Genève constitue le suivi. C'est un espace de convergence et de dialogue, libre de toute tendance politique.» Le Forum civil donne légitimement la voix aux victimes du racisme et de la discrimination. En plus des plénières, des groupes de travail vont réfléchir au racisme anti-noir, à la discrimination des migrants, des réfugiés, des femmes, des populations autochtones, du peuple palestinien et aux dérapages consécutifs au 11 septembre, notamment les classifications en fonction de l'ethnie et de la religion. Une manifestation est aussi prévue samedi après-midi dans les rues de Genève. Il est impérieux que la défense de nobles causes donne la vraie image des enjeux de manière pacifique et respectueuse du droit à la différence.
Une gesticulation d'extrémistes sionistes a aussi lieu. Une autre réunion d'une poignée d'ONG alignées sur les puissants et Israël se tient pour faire diversion, et défendre soi-disant les droits humains, la tolérance et la démocratie. Elles tentent, disent-elles, de «donner un coup de projecteur sur les violations des droits de l'homme les plus graves, comme le génocide rwandais, la Birmanie, l'Iran et l'Egypte...» Certains de ses membres ont appelé au boycott de Durban II. Cette arrogance ne peut cacher le fait que l'Histoire d'hier et la situation coloniale en Palestine ne peuvent être occultées, sous prétexte que des régimes non démocratiques sont visibles dans le tiers-monde.
L'archaïsme des régimes arabes ou autres ne peut cacher l'innommable commis à Ghaza et les injustices du système international.
La publication dans la presse européenne intitulée «L'ONU contre les droits de l'homme» et signée par une série de personnalités partiales et proches du sionisme comme Elie Wiesel, Georges Charpak, Alain Finkielkraut ou Claude Lanzmann est pathétique tant elle révèle leur alignement aveugle sur la politique inique d'Israël, leur haine des musulmans et leur travestissement de la réalité. D'autres intellectuels occidentaux médiatisés, comme Jean-François Julliard et Robert Ménard, considèrent que les revendications du Sud relèvent de l'intégrisme, et qu'il faut défendre la liberté de penser. La confusion et le détournement de sens font rage.
Des militants palestiniens pour la paix dans le Comité national palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions et des juifs, dignes héritiers du judaïsme, membres du Réseau international des juifs antisionistes organisent samedi et dimanche, à l'Hôtel Le Grenil, la Conférence d'examen d'Israël. Ils considèrent que le Forum civil et les pays arabes ont fait trop de concessions, ils déclarent: «Nous avons décidé de créer notre propre événement parce que le Forum de la société civile ne voulait pas du mot apartheid. Il refusait aussi le terme d'occupation et de colonisation, qui sont pourtant les principales causes du racisme en Palestine. Nous regrettons aussi que la question palestinienne ait été complètement exclue du projet de déclaration finale de la conférence. Nous avons invité des avocats internationaux, israéliens et palestiniens et nous étudions de près l'expérience sud-africaine de lutte contre l'apartheid.» Les peuples ne sont pas dupes, ils savent que ce qui se passe en Palestine colonisée est pire que l'apartheid, ce qui n'est pas dans l'intérêt lui-même des juifs.
Le langage direct de responsables politiques du Sud donne de l'eau au moulin de ceux qui ne veulent pas regarder la vérité historique en face. Le président iranien a qualifié le gouvernement israélien de «gouvernement raciste», ce qui est une réalité irréfragable, d'autant qu'il n'a pas nié l'Holocauste ou le droit d'Israël à exister; et que font les délégués des pays européens, notamment les Français et les Britanniques, qui ne boycottent pas la conférence? Ils sortent de la salle! Qu'y a-t-il de choquant de dire que: «Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, [les Alliés] ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive. (...) Ils ont envoyé des migrants...du monde de l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée.» C'est un point de vue. Des puissances européennes considèrent cela comme «un appel intolérable à la haine raciste» de la part du président iranien, et appellent à une réaction d'une «extrême fermeté». Il est temps de revenir à la raison, de prendre en considération la proposition arabe qui attend depuis 2002, fondée sur la paix et la normalisation totale en échange des terres occupées par la force en 1967. C'est cela qui devrait retenir l'attention des pays occidentaux. Le Vatican de son côté, participe à cette rencontre; son porte-parole a précisé que «le Vatican participe à la conférence car il s'agit, à juste titre, d'une importante occasion de faire avancer la lutte contre le racisme et l'intolérance».
La conférence de Genève est une occasion tragique face au dialogue de sourds. L'occasion ratée de s'attaquer au sujet du racisme et des discriminations dans le monde actuel. Mais ça ne sera pas vraiment le cas, le boycott diplomatique de pays occidentaux servira finalement à reporter le débat sur l'avenir du monde et à diviser encore plus la planète en blocs. Occasion ratée pour tous. Au sein de l'Union européenne c'est aussi la division sur la question de sa participation, et elle a perdu une occasion d'être pertinente sur l'enjeu politique de reconnaître que la question palestienne est une affaire centrale, de décolonisation, cela aurait eu l'avantage de faire reculer l'extrémisme en Israël et dans le monde arabe.
Il faut féliciter l'ONU
Les Allemands, les Néerlandais, les Polonais, les Italiens, les Canadiens, les Américains, les Australiens et évidemment les Israéliens qui ont choisi la politique de la chaise vide, portent une lourde responsabilité au sujet des animosités et retards en matière de dialogue des civilisations et diplomatique entre l'Orient et l'Occident, entre le Nord et le Sud. Jusqu'à quand vont-ils pratiquer la fuite en avant et la loi du plus fort? La venue de Barack Obama devrait pourtant donner une autre orientation aux relations internationales. Les peuples veulent se tourner vers l'avenir et vivre en paix, dans un monde juste.
La hiérarchie des cultures, des races et des religions relève de la pratique sauvage et de trahisons flagrantes des valeurs abrahamiques. La sauvagerie de l'ordre dominant ne peut pas perdurer indéfiniment. Que faire pour mettre fin à cette guerre perpétuelle qui ne sert personne, surtout en temps de crise économique qui peut déraper en nouvelle guerre mondiale?
La préparation de la rencontre de Genève, et il faut féliciter l'ONU, (et indirectement la Suisse), d'accueillir cette rencontre, avait pourtant donné lieu à de sérieuses concessions de la part des pays musulmans, aboutissant à un projet de déclaration finale débarrassé des références à la «diffamation des» préconisée par l'Organisation de la conférence islamique (OCI), et qui ne focalise pas sur Israël, deux questions qui étaient controversées. A quand la fin des cycles des hégémonies, de la haine et des impasses tragiques?
(*) Professeur en relations internationales
www.mustapha-cherif.net


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