Un large tour d'horizon a été fait quant à l'application de la Charte pour la paix et ses résultats sur le terrain. Quel bilan tirer de l'application des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale 21 mois après son lancement? Cela a été le sujet de la conférence donnée hier au forum du quotidien d'El Moudjahid. Au cours de celui-ci, un débat a permis à des juristes de revenir sur le dossier. Me Azzi Merouane, chargé de la cellule «réconciliation nationale» auprès des cours d'Alger, a indiqué que «le bilan est très positif». Pour soutenir ses propos, il a estimé que «90% du contenu de la Charte ont été appliqués». Me Azzi a également évoqué l'ensemble des termes du dossier sous ses différentes séquences: disparus, repentis, familles de victimes du terrorisme. Il a rappelé les chiffres des disparus, estimés à 6150, affirmant par ailleurs que pas moins de 17.000 terroristes ont été abattus. Cependant, il n'omettra pas d'évoquer le fait que des «problèmes techniques» subsistent encore. Me Azzi a déclaré d'emblée que «la lutte contre le terrorisme ne s'est jamais arrêtée», rappelant au passage les catégories de personnes qui ont bénéficié de la Charte pour la réconciliation nationale: les disparus, les repentis, et les victimes de la conjoncture. La guerre des chiffres est aussi vieille que le conflit lui-même. Le nombre de disparus, selon Me Ali Yahia Abdennour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, est estimé à 18.000! Le nombre de terroristes abattus est évalué à 15.200, selon d'autres sources. L'orateur a évoqué également le dossier des régularisations, notamment celui de l'enregistrement des décès (des disparus), qui a soulevé des problèmes qui sont et restent difficilement maîtrisables. Certaines personnes ont été portées disparues depuis 1995 et n'ont été enregistrées comme décédées qu'en 2006. La loi a mis en place des passerelles pour régler de tels cas. Me Azzi Mérouane affirme que sur les 6150 disparus, 90% des cas ont été réglés. 5500 familles de disparus ont été indemnisées. Seuls les cas de 600 familles restent en cours de traitement. Concernant les contentieux nés de ces disparitions, l'orateur relève le fait de certaines personnes considérées disparues et qui, en fait, étaient installées à l'étranger. Il y avait un devoir de vigilance à respecter afin d'élucider tous les cas portés à la connaissance des commissions habilitées pour ce travail. Me Azzi a cependant omis de souligner le fait que des familles de disparus demandent uniquement la cause de la disparition de leurs parents. Par ailleurs, Me Kheddaba, spécialiste en la question, a évoqué la question des mariages dans le maquis, indiquant avoir relevé quarante cas de ce type. De fait, le problème concerne essentiellement la descendance, en ce sens que la femme portera le nom du mari, qu'il soit vivant ou décédé. «Ces cas ont été recensés selon les preuves et les témoignages des repentis», souligne-t-il. L'intervenant a, par ailleurs, affirmé que «des dispositions ont été prises pour permettre aux enfants nés dans les maquis d'avoir un état civil, c'est-à-dire d'avoir un nom de famille sur la base du témoignage de la mère ou des proches, afin de leur permettre d'aller à l'école». L'intervenant a posé un autre problème. Il s'agit des épouses des agents de sécurité assassinés. «Si elles se remarient, elles verront leurs pensions de veuves annulées». L'homme de loi propose toutefois qu'elles aient le même statut que celui des femmes de chahid En conclusion, Me Kheddaba dira qu'il faut savoir rester vigilant pour que les situations vécues dans le passé ne se renouvellent pas.