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«45 - 54»
LECTURES: 8 MAI 1945 - 8 MAI 2008
Publié dans L'Expression le 07 - 05 - 2008

Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif, en Algérie.
En réponse à une démonstration populaire de faire du 8 mai, jour de l'armistice, un jour d'espoir d'indépendance, la police et l'armée massacrent des populations algériennes (*). L'information court, folle, angoissante, désespérante, scandaleuse, à travers le pays, endeuillant les foyers où l'on s'organise déjà pour des réjouissances en attendant l'annonce d'une prochaine autonomie qui aboutirait à l'indépendance!...Or les différentes forces politiques en France et en Algérie, y compris le mouvement nationaliste, en présence contre l'Allemagne hitlérienne, ont interprété chacun pour soi les événements du 8 mai 1945.
Commencée avec le défilé à Sétif, l'insurrection s'étend à des villes voisines Guelma, Kherrata, Annaba - en réalité, à presque tout l'Est algérien - et a suscité des mouvements nationalistes de protestations dans toute l'Algérie.
La presse de l'époque a relevé que cette insurrection a, en quelques jours, fait 103 morts dans la population européenne et que la répression a été d'une extrême brutalité.
L'aviation elle-même est requise pour bombarder les zones insurgées. On a pilonné les Babors et plusieurs villages de la région de Guelma. Officiellement, on déclare 1500 morts parmi les musulmans, mais on parle partout de 8000 à 20.000. Après la bataille, le relais de la répression est pris par les tribunaux qui ordonnent 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations.
Le drame, de 45.000 morts ou disparus algériens, passe inaperçu, - l'opinion métropolitaine ayant la tête ailleurs du fait de la capitulation de l'Allemagne, le même jour. Au reste, ainsi que l'écrit l'historien Gilbert Meynier: «Quels que soient les chiffres que l'on retienne, il est avéré que la répression fit plusieurs milliers de victimes. L'horreur marqua à vif le peuple algérien. Dès lors, rien ne fut comme avant. [...] Le fossé d'horreur et de sang faisait remonter à la mémoire aux hécatombes de la conquête, à un autre temps donc, alors qu'on était au milieu du xxe siècle, au lendemain d'une guerre qui avait abattu le nazisme. Ce nazisme que les Algériens avaient concouru à extirper (Histoire intérieure du FLN, 1954-1962, pp 67-68).»
Les chercheurs sont unanimes: l'administration coloniale était préparée au choc, au besoin en le provoquant, et désirait elle-même vider l'abcès par une féroce et rapide répression. De plus, ceci est attesté par les différentes déclarations de personnalités connues comme étant des «ultra» colonialistes. Au reste, pris de vitesse dans une course politique algérienne, où les mouvements nationalistes sont soutenus par les populations musulmanes, le quotidien communiste L'Humanité assure que les émeutiers seraient des sympathisants nazis!
Par contre, les observateurs éclairés dénoncent les rumeurs qu'une organisation paramilitaire nationaliste aurait circulé sur l'imminence d'un jour J. «Il n'y a pas de mot d'ordre d'insurrection, mais dans certaines régions, les militants ont eu comme directive de s'armer et de riposter en cas d'attaque de police. En Oranie, la directive en ce sens a été donnée le 7 mai à la direction fédérale (M.Harbi).» À la question: y avait-il un mot d'ordre du P.P.A. (Parti du Peuple Algérien) ou des A.M.L. (Amis du Manifeste et de la Liberté) pour préparer une insurrection? Abdelhamid Benzine répond: «On avait reçu des directives pour défiler le 8 mai 1945, préparer le défilé, sortir les drapeaux, revendiquer l'indépendance du pays. Jamais je n'avais entendu parler d'insurrection.»
Mais comme «L'histoire nationale est aussi une histoire sociale (René Gallissot)», il est sûr que «les événements tragiques du 8 mai 1945 viennent en quelque sorte "déranger""le programme du Conseil National de la Résistance française à Alger "sur l'accentuation de l'effort de guerre" pour la libération de la France et sa reconstruction.» De fait, ces événements tragiques sont aussi «analysés par les dirigeants de la CGT, mais également par les communistes et les socialistes, plus en fonction des intérêts de la "France Nouvelle" qu'ils menaceraient, qu'à la lumière des réalités coloniales algériennes (Nora Benallègue-Chaouïa).»
Et dire que les émeutes de Sétif consacrent la rupture définitive entre les musulmans et les colons d'Algérie et annoncent la guerre d'Algérie, n'est alors pas un euphémisme. Aussi, raisonnablement, doit-on dire avec Radouane Ainad Tabet: «Le 8 mai 1945 est une des dernières résistances politico-militaires à la colonisation et à l'oppression; il s'inscrit en droite ligne dans la longue série de soulèvements du peuple algérien, de révoltes, d'insurrections - plus d'une vingtaine depuis l'occupation de son territoire en 1830 - faisant ainsi de sa résistance multiforme, une résistance permanente.» Ensuite, un silence franc, réfléchi va désormais s'installer dans les villes et les campagnes...
Dans sa préface au livre Le 8 mai 1945 en Algérie de Radouane Ainad Tabet et qui est l'un des rares ouvrages algériens ayant pu reconstituer avec précision et objectivité les événements tragiques de cette époque, Abdelkader Djeghloul a une belle et juste réflexion. Il écrit: «Le silence n'est plus le silence de la soumission, mais le silence de l'attente, le silence de la clandestinité où le nouveau sujet historique se libère des scories du passé et forge les armes aptes à mettre en échec la puissance coloniale, aptes à pratiquer de manière efficiente l'inéluctable dialectique de la violence. C'est ce silence qui prépare le 1er Novembre 1954. D'une certaine manière, le 8 Mai 1945 en fut la répétition générale. À ce titre, il appartient davantage peut-être que d'autres moments plus glorieux à notre patrimoine. Il continue à vivre en nous comme une enfance tragique.»
1945-1954: dix ans de réflexion de politique durant lesquels les militants nationalistes algériens construisent leur rêve algérien, un rendez-vous fixé par l'histoire pour l'Histoire.
Les chiffres du nombre 45 du vingtième siècle sont inversés par le séisme de la Révolution populaire. Là où est née la dernière grande révolte algérienne, là aussi a pris son essor la Révolution de la nation algérienne pour se libérer du joug colonial.
(*) Sources AINAD TABET Radouane
Le 8 mai 1945 en Algérie
(OPU, Alger, 1985)
Mohamed TEGUIA
L'Algérie en guerre (OPU, Alger, 1988)
Nora BENALLÈGUE-CHAOUIA
Algérie, Mouvement ouvrier et question Nationale, 1919-1954
(OPU, Alger, 2005)


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