Cette affaire révèle au grand jour l'existence d'une «mafia» des courses de chevaux en Algérie. Ce qui s'est passé mercredi passé à El Eulma est un précieux indice qui permet d'aboutir à une telle conclusion. Et on peut l'affirmer sans aucun risque de se tromper. Cela dépasse l'entendement. Revenons au fil des événements. La course du tiercé-quinté était programmée pour 15h30. Elle a démarré bien avant. Qui en a donné l'ordre? Dans quel but? Dans tous les cas et en l'absence de réponse précise, elle aura laissé le loisir à au moins un parieur indélicat, mis au parfum de la bonne combinaison de cocher plusieurs fois les numéros gagnants. Ses paris continuaient d'être enregistrés, notamment à Alger. Une arrivée explosive. Elle aurait dû permettre à cette «association d'initiés» de décrocher le jackpot. Ils devaient empocher plusieurs dizaines de millions de centimes après avoir mis au point ce plan avec autant de culot. Comment les officiels présents à El Eulma et qui devaient superviser le bon déroulement de l'épreuve n'ont-ils pas eu vent de l'affaire et découvert le pot aux roses? Qui a pu ordonner le départ de la course avant l'horaire officiel fixé par la Société des courses? En Algérie, pour être mis au courant de l'arrivée des courses programmées le jour même, il existe des répondeurs qui livrent les combinaisons gagnantes. Des résultats officiels et lorsque des changements sont opérés dans les courses qui doivent avoir lieu le lendemain, des communiqués sont diffusés. Or, ce jour-là et jusqu'à une heure tardive de la nuit, la voix enregistrée sur le répondeur de la Société des courses n'arrêtait pas d'égrener les numéros gagnants des deux épreuves courues sur l'hippodrome d'El Eulma. L'arrivée devenait donc officielle. Que s'est-il donc exactement passé, ce mercredi 7 mai 2008? Deux belles courses figuraient au programme de l'hippodrome Bazer Sakhra d'El Eulma. La première concernait le tiercé-quinte, dont le départ était fixé à 15h30. La seconde épreuve, celle du Quarté devait démarrer à 16h00. A Alger, c'était le train-train quotidien, les parieurs s'échangeaient leurs «tuyaux» ainsi que leurs pronostics. Les paris continuaient donc à être enregistrés dans les différents points de jeu. Le scandale a eu lieu à El Harrach. Un de nos informateurs a confié à L'Expression: «C'est un coup de fil parvenu d'El Eulma à un parieur visiblement dans le coup, qui est à l'origine du scandale.» L'indélicat parieur tout émoustillé et en possession de la combinaison gagnante du tiercé-quinté s'est précipité dans un des bureaux d'El Harrach selon les informations que nous avons pu recueillir. Il a rempli deux carnets, un carnet est composé de vingt tickets. Sur chacun d'entre eux, il a coché les numéros gagnants vingt fois. «Il a aussi joué une H.S. dix fois», nous a révélé un responsable du bureau à Alger. Une H.S. vaut 600DA, jouée dix fois elle coûte 6000DA. Elle aurait rapporté, selon les explications que l'on nous a fournies 10 fois la bonne combinaison dans l'ordre et 1190 dans le désordre. Cela serait entré dans les annales des paris engagés dans des courses de chevaux en Algérie. Mais la désillusion aura été à la hauteur de cette escroquerie. Le lendemain, aucun rapport ne fut affiché. Au bonheur des uns et à la déception de quelques autres, la Scpmh, la société des courses a tranché. Tous les parieurs seront remboursés...sauf ceux qui ont déchiré leur ticket, faute d'avoir été avertis. L'arnaque était trop «grosse» pour pouvoir passer, la grenouille voulait se faire sans doute plus grosse que le boeuf. Les escrocs avaient les yeux plus gros que le ventre. En attendant qu'une enquête, espérons-le, soit ouverte pour identifier «cette association mafieuse», les parieurs sont encore sous le choc et le discrédit est jeté sur la société responsable de gérer les courses.