A la bureaucratie vient se greffer la flambée des prix des matériaux de construction. En Kabylie, peut-être un peu plus que dans d'autres régions, les gens construisent relativement beaucoup. Dans les villes, ce sont les programmes des cités et autres infrastructures. Dans les campagnes, les citoyens ne comptent que sur leurs propres efforts et n'attendent ni l'Opgi ni un quelconque organisme pour leur offrir un gîte. Certes, l'Etat vient d'accorder des aides aux constructeurs dans le cadre de l'habitat rural. Des imperfections sont, bien entendu, notées comme le soulignent certains bénéficiaires de l'autoconstruction, étouffés par la bureaucratie. L'opération, enclenchée ces dernières années, a vu de nombreuses maisons individuelles émerger dans les villages et hameaux. Cette relative relance des constructions appelle des observations importantes. D'abord, il y a ce prix des matériaux de construction qui a grimpé en l'espace de quelques mois. Le prix du rond à béton a presque triplé malgré les promesses des pouvoirs publics. Le sac de ciment est toujours revendu aux alentours de 1000DA. Quand il faut ajouter le prix de la journée du maçon et de l'ouvrier, alors «bonjour les dégâts»! Construire est une entreprise des plus ardues. Aujourd'hui, seuls les émigrés qui paient en devises fortes, les commerçants et les hauts fonctionnaires peuvent décemment dire que «la construction est abordable». D'ailleurs, dans les villages notamment, les villes étant un monde particulier, seuls les émigrés et les bénéficiaires des aides à l'autoconstruction arrivent à construire quelque chose. Il est à souligner que nos villages sont devenus de plus en plus hideux avec ces bunkers en béton voulus comme ces villas rencontrées au cours de leurs pérégrinations par nos émigrés. Construits généralement sans plan et encore sans étude quant à l'impact sur l'environnement, ces blocs de béton dépareillés et ne ressemblant à rien enlaidissent le paysage. Les autoconstructeurs, quant à eux, ont souvent de la peine à terminer leurs bâtisses. Idir, un bénéficiaire des 70 millions de centimes alloués dans le cadre de l'habitat rural, est déçu. Il pensait avoir réalisé son rêve pour abriter décemment sa famille. «La réglementation en vigueur m'a obligé d'abord à préparer l'assiette de terrain, ensuite on doit débuter les travaux à nos frais, et enfin attendre souvent des mois pour percevoir cette aide.» Il soutient que l'aide de 70 millions n'est conséquente que pour l'administration. «Je peux vous dire que la construction n'est pas entièrement achevée, et j'ai arrêté les travaux car je ne suis plus en mesure de continuer», dit-il désabusé. Les autres citoyens rêvent, certes, de pouvoir construire leur maison, mais réalistes, ils savent ne pas pouvoir le faire et rongent leur frein. Les pouvoirs publics ont promis une baisse des prix des matériaux de construction, principalement le ciment, mais sur le terrain, les choses ne suivent pas. Bien des constructeurs attendent cette accalmie dans les prix et prient que cela arrive vite, très vite.