C'est aujourd'hui que le championnat d'Italie connaîtra son nouveau champion. L'Inter, dominatrice tout le long de la saison mais qui faiblit considérablement à l'approche du but, et la Roma, dauphine revenue in extremis dans le coup, se disputent le titre de championne d'Italie aujourd'hui lors de la 38e et dernière journée. Les 90 dernières minutes de la Série A vont être haletantes, et les coeurs des tifosi milanais et romains -interdits de déplacement pour des motifs d'ordre public- vont battre fort lorsque leurs équipes vont commencer à jouer, à Parme pour l'Inter, à Catane pour la Roma. Il y a quelques mois, à la mi-février, nul n'aurait pourtant imaginé pareille finale: l'Inter, empilant les succès avec une efficacité déconcertante, possédait 11 points d'avance sur sa poursuivante. Mais depuis, le double champion en titre a calé, et relancé du même coup la Roma qui, sans pression tant elle n'y croyait déjà plus, réalisait de son côté un sans-faute ou presque. Il y a deux semaines encore, l'Inter était en excellente position: il lui fallait un succès pour être sacrée. Mais, les Nerazzurri, dévorés par l'enjeu, n'ont pas tenu le coup lors du derby face à l'AC Milan (défaite 2-1), avant - et plus inexplicablement - de concéder un nul devant 80.000 de leurs supporters face à la modeste équipe de Sienne (2-2), et ce, non sans avoir mené deux fois au score et obtenu un penalty, ensuite raté par Materazzi, à une dizaine de minutes de la fin! Aujourd'hui, et si on ne se fie qu'à la seule logique, l'Inter demeure en ballottage favorable. Avec un point d'avance sur la Roma, une victoire en Emilie-Romagne vaudra titre. Seulement, les choses ne sont pas aussi simples. La grande fébrilité montrée devant Sienne, alors même que tout était déjà prévu pour fêter le 16e titre de l'histoire des Nerazzurri, a prouvé que la logique ne valait plus grand-chose, et qu'il s'agissait davantage d'une «histoire de tripes». Face à Parme (18e), qui va jouer son va-tout pour ne pas descendre en Série B, les Milanais vont devoir être très solides mentalement et ne pas se laisser déborder si, dans le même temps, la Roma venait à prendre l'ascendant contre Catane (17e), une autre formation qui joue sa survie parmi l'élite. En 2002, l'Inter s'était retrouvée dans une situation quasiment similaire. Mais, trop sûre d'elle, elle s'était écroulée face à la Lazio (4-2), abandonnant ainsi le scudetto à la Juventus. Décidée à ne pas revivre le même cauchemar qui, à coup sûr, bouleverserait les mois à venir - et auquel cas les bruits qui font état de l'arrivée de José Mourinho comme entraîneur pourraient rapidement prendre un tour plus concret -, l'Inter s'est réfugiée dans le travail et le silence au cours de la semaine. Jeudi, la journée a toutefois été troublée par une affaire parue dans les médias. Un commerçant milanais proche du club depuis près de 30 ans, soupçonné de trafic de drogue, a été mis sur écoute, et de nombreuses interceptions téléphoniques ont montré qu'il entretenait des rapports étroits avec des personnes de l'Inter, techniciens ou joueurs, du présent ou du passé. Personne au club n'est accusé de quoi que ce soit, mais cela n'a certainement pas facilité la préparation d'une rencontre décisive. La Roma, de son côté, s'est aussi préparée dans le calme. Par superstition sans doute, le capitaine Totti, actuellement blessé, et le défenseur Panucci ont assuré en choeur que l'Inter allait de toute façon être championne. Mais, à n'en pas douter, les Romains, qui n'ont vraiment rien à perdre contrairement à leurs rivaux, vont jouer leur chance à fond.